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- Alors... Par où commencer ? fit Audrey

J'éclata de rire tout en me redressant légèrement, c'est vrai que le mois de septembre a été plutôt mouvementé je devais le reconnaître.

- Bon alors, je dois t'avouer que je n'ai du tout compris ta réaction lorsque tu as appris que Ken été parti en tournée sans toi.

- Comment sa ? dis-je

- Je pensais que tu allais le prendre un peu plus mal que sa, tu t'es "mise à nue" devant lui quand même...

Je me mis à rire une nouvelle fois, elle aussi puis elle reprit son explication.

- Enfin Rosalie, tu m'as comprise. Je voulais dire que tu t'es dévoilée et il est quand même partie.

- Je sais... dis-je
Mais à quoi bon le prendre mal après tout ? Il est partit et je savais que tout le monde m'empêcherait de le rejoindre, c'était peine perdue.

- Tu en es sûre ?

- Non... soufflai-je
Enfin peut-être pas, j'aurais pu le rejoindre et faire la tournée avec lui mais j'avais trop à perdre en quittant Paris.

- Comme quoi ? demanda t-elle

- Je m'étais engagée auprès de Aurélien donc aussi auprès de Lisa indirectement et j'aurais perdue leurs confiances.

- C'est vrai... dit-elle
Si on voit les choses comme sa.

Je hocha la tête en m'enfonçant dans le divan. Il allait vraiment me manquer ce divan, on a beaucoup partagés pendant ces trois dernières semaines, il a subit chacune de mes émotions et chacun de mes sentiments. Ce bureau allait me manquer, les peintures accrochés sur les murs gris clairs, cette grande étagère sur laquelle se trouve des vingtaines de dossiers qui doivent concerner les vingtaines de patients de Audrey, comme moi.

- Est-ce que tu as aimée faire cette thérapie avec moi ? demandai-je

Elle arrêta de gratter sur son carnet puis elle releva la tête vers moi, elle sourit avant de hocher la tête.

- Oui, beaucoup même. dit-elle
Et toi ?

- Ouais... avouai-je
C'était plutôt cool mais bon ça reste une thérapie que je suis obligée de suivre parce que je suis en internement.

- Et j'espère que ça sera ton dernier, j'en suis sûre même.

- Si j'étais toi je ne parierai pas là dessus... gloussai-je ironiquement

Elle me réprimanda en me lançant un regard noir, elle ne pouvait pas m'empêcher d'être ironique vis à vis de moi-même, c'était mon seul moyen de défense et de protection. Ce n'est pas mon premier internement et je sais pertinemment que ce ne sera pas mon dernier, je connais très bien le protocole. Demain je sortirai de l'hôpital, je rentrerais chez moi et tout ira bien. Jusqu'au jour où je serais seule et que mes vieux démons referont surface, je veillerai un peu trop tard, ma tête se mettra à tournée et cette petite voix qui ne cesse de me hanter, aussi connue sous le nom de conscience, se permettra une nouvelle fois de m'adresser la parole. Elle me soufflera ses habituels « Rappelle-toi comme vous étiez heureux», ou alors ses fameux « C'est bête que t'ai tout gâchée, ils sont tous épanouies maintenant mais toi, regarde-toi un peu». Et tout ira mal, comme d'habitude je referais cette magnifique chose que les médecins adorent appeler une "rechute". C'est tellement plus sympa que "tentative de suicide", ça donne tout de suite plus envie de tester. C'est dingue comme en quelques secondes tout peut devenir sombre, il y a quelques instants je rigolais à gorge déployée avec Audrey et maintenant je repense à mes idées suicidaires, comme on dit, chasse le naturel il revient au galop.

- À quoi tu penses ? demanda t-elle

Je fus rapidement sorti de mes pensées lugubres, Audrey avait remarquée mon changement d'attitude. Lorsque mes idées tournaient au négatif j'avais l'habitude d'avoir le regard dans le vide, c'était quasiment automatique.

- Rien... dis-je pour la rassurer

Elle hocha la tête en souriant puis elle referma son carnet.

- Bien, alors reprenons... Lors de ton altercation avec Ken, tu lui as dit des choses horribles mais cinq jours plus tard tu lui as dévoilée tes sentiments les plus profonds. Comment tu l'explique ?

J'éclata de rire en secouant la tête, elle ne comprenait pas mais mon rire semblait communicatif alors elle rit à son tour.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda t-elle

- J'adore ta manière de poser les questions, vraiment.

Elle rit de nouveau toujours avec ma participation, ensuite elle me demanda de lui répondre.

- Je ne pensais pas les choses que je lui ai dit quand on s'est disputés. dis-je

- Vraiment ?

- Évidemment, sinon je ne me serais jamais mise avec lui. J'essaye d'être franche généralement alors si vraiment j'avais pensée le quart des choses que je lui ai dit, je n'aurais même pas pu tomber amoureuse de lui.

- Ah oui... dit-elle
J'ai été ravie d'apprendre que tu lui avais enfin dit que tu l'aimais.

- Je lui avais déjà dit...

- Sobre je veux dire. me coupa t-elle

Je rigola pour la énième fois, décidément aujourd'hui Audrey été en forme. C'est sa qui va me manquer, en fait ce n'est pas trop le décor, l'ambiance, les meubles... C'est elle qui va le plus manquer, c'est Audrey. Son sourire chaleureux, ses magnifiques cheveux blonds, son style parfaitement soigné, son attitude, ses blagues, son rire, Audrey quoi. J'étais partagée entre la joie de savoir que j'allais enfin m'en aller et de revoir mes proches mais j'allais laisser ici des personnes qui comptent beaucoup pour moi, Jasmine, Audrey, et contre toute attente Laurène. Je ne connais pas cette fille mais pourtant j'ai l'impression d'avoir un lien très important avec elle, c'est un sentiment plus qu'étrange, c'est comme si je devais la protéger ou veiller sur elle, de toute évidence la semaine dernière j'ai en quelques sortes "échouée ma mission".

- Décidément tu es dans les vapes aujourd'hui ! s'exclama t-elle

- Désolée... C'est la fatigue.

- Je compatis... dit-elle tout en bâillant exagérément

Je gloussa en l'imitant, elle allait vraiment beaucoup me manquer.

- Tu te sens prêtes pour le mois d'octobre ? demanda t-elle

Je hocha la tête en inspirant profondément.

- Ce n'est pas compliqué pour toi d'évoquer ce mois ? Celui de 2014 a été plutôt difficile...

- C'est le passé Audrey, j'ai enterrée ce passage sombre de ma vie. Un parmi tant d'autres...

Elle me sourit faiblement pour m'encourager à continuer, je m'exécuta alors en reprenant mon récit là où je m'étais arrêtée.

One More Kiss // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant