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Audrey avait le sourire aux lèvres, j'avais l'impression qu'elle ne s'attendait à une telle fin pour le mois d'octobre. Elle posa son carnet sur lequel elle n'avait cessée de gratter depuis ces dernières minutes puis elle croisa les bras sur sa poitrine.

- On sent que la fin approche... souffla t-elle

- Pourquoi ? demandai-je

- T'es mois sont de plus en plus courts.

Elle perdit légèrement son sourire et il laissa place à un petit rictus contracté. Je soupira en m'enfonçant dans le divan, elle n'avait pas tort, pas du tout même.

- Ce n'est pas parce que tu vas plus vite dans ton récit que je vais te révéler l'histoire de Laurène plus rapidement. dit-elle

- Mais je...

- Rosalie si tu veux m'aider à t'aider alors fait les choses comme il le faut. Je ne veux que tu survoles ton passé, j'ai besoin que tu me le raconte vraiment.

- Je te promets que je fais de mon mieux Audrey mais tu peux comprendre que c'est un peu difficile pour moi... dis-je

- Oui je comprends mais ce n'est pas en faisant ce que tu fais que je vais réussir à t'aider.

- À quoi ça sert de m'aider ? lançai-je

Elle fronça les sourcils puis elle entrouvrit la bouche mais je ne comptais pas la laisser me répondre car une réponse était toute prête dans ma tête.

- Je sais à quoi ça sert, c'est pour que ma sortie se passe bien demain et pour que je puisse rentrer chez moi. dis-je
Mais après je vais faire quoi Audrey ? Je suis plus habituée à la société.

- Tu dis n'importe quoi Rosalie ! intervînt-elle

- Mais je dois te rappeler où est-ce qu'on est ? Je me suis fais interner un mois parce que j'ai avalée plus de la moitié d'une armoire à pharmacie après ils m'ont laissés sortir et j'ai recommencée seulement quelques mois après ma sortie. C'est bien qu'il y a un problème non ?

Elle soupira puis elle passa une main dans ses cheveux, je voyais bien qu'elle ne savait pas quoi me répondre mais c'est simplement parce que j'avais raison, je n'étais plus habituée à vivre à l'extérieur de ce foutue hôpital psychiatrique.

- Est-ce que tu trouves sa normal que ma sortie soit demain matin et que c'est ce que je redoute le plus ?

- Rosalie...

- J'ai peur Audrey, j'ai trop peur... dis-je en étouffant un sanglot
Le pire c'est que je sais pas de quoi j'ai peur, je devrais être contente de sortir d'ici demain mais je ne le suis pas.

Je fonda en larmes sur le divan, j'appuya mes coudes sur mes genoux puis je plongea la tête dans mes mains. Je ne m'y attendais vraiment étant donné qu'elle ne devait être que ma psychiatre mais Audrey se leva de son fauteuil puis elle me rejoignit sur le divan et elle me prit dans ses bras. Je plongea ma tête dans le creux de son cou et elle caressa mes cheveux ainsi que mon visage avec ses mains tout en me berçant doucement.

- Je sais de quoi tu as peur Rosalie... souffla t-elle
Tu as peur d'admettre que tu vas mieux qu'avant parce que si tu vas mieux ça veut dire que tu ne referas pas de rechutes donc tu ne reviendras pas ici.

Je soupira intensément tout en me repassant ses mots dans la tête, elle avait raison et même si je ne voulais pas me l'avouer, elle avait dit la vérité.

- Je sais que tu essayes de te persuader du contraire mais c'est la vérité Rosalie, tu vas mieux. reprit-elle
Et c'est formidable que tu ailles mieux, tu vas pouvoir reprendre ta vie où est-ce qu'elle c'était arrêtée.

- C'est de sa dont j'ai peur. dis-je
Le monde a tourné depuis mon internement, j'ai peur d'avoir loupé trop de choses.

Elle me serra dans une nouvelle fois dans ses bras puis elle me relâcha mais elle me tint à bout de bras.

- Écoute moi bien... dit-elle
Avec tout ce que tu as vécu tu ne peux pas baisser les bras maintenant, tu as réussi à te sortir d'une immense dépression qui a faillit te coûter la vie. Maintenant que tu vas mieux il faut que tu fasses ton possible pour reprendre une vie normale !

J'essuya mes larmes puis je la repris dans les bras, elle avait toujours les mots c'est dingue.

- Pense à Jasmine, je suis sûre qu'elle donnerait tout ce qu'elle a pour mettre un pied hors de cet hôpital et si elle était en pleine possession de ses moyens elle te dirait de sortir d'ici et de ne plus jamais revenir.

Je hocha la tête en calmant ma respiration puis je la lâcha, elle me sourit puis elle regagna son fauteuil. Elle se tourna et attrapa une boîte de mouchoirs qu'elle me tendit quelques instants plus tard, je la remercia et j'essuya mon visage puis je me moucha.

- Merci d'être là Audrey, vraiment.

- Je suis là pour sa, c'est tout à fait normal pour moi de t'aider. dit-elle
Mais si tu tiens vraiment à me remercier, fais le en me racontant le mois de novembre.

Je gloussa légèrement puis je me lança dans mon récit, je redouta de le faire car c'est en réalité le début de la fin.

One More Kiss // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant