Épisode 1.4 : Le Rite de Passage

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Alors qu'il attendait dans l'autre pièce, Leo décida de se servir un quatrième verre. Le temps commençait à se faire long, mais assis sur un fauteuil confortable devant un feu ni trop chaud, ni trop froid, l'attente n'était franchement pas désagréable. « Si c'est ça être mort, alors j'aimerais bien mourir plus souvent », se dit-il, avant de se rendre compte qu'il venait de le dire tout haut chez quelqu'un qui passait son temps à le ressusciter. Heureusement que Stan ne m'a pas entendu, sinon je pense qu'il m'aurait tué une seconde fois. D'ailleurs, que se passerait-il s'il mourrait ici ? Son âme disparaîtrait-elle purement et simplement ? De toutes façons, Stan semblait être le genre d'entité incapable de le faire et rien ici ne semblait être en mesure de tuer quelqu'un.

Ceci dit, rien n'était moins sûr, car, après tout, Leo n'était arrivé là qu'il y a quelques minutes et il était bel et bien mort à cause d'un pot de fleurs. En plus, certains livres sur ces étagères avaient l'air bien dangereux et le bois semblait tellement vieux qu'une écharde mal placée lui filerait instantanément le tétanos. Il avait oublié de refaire ses vaccins en plus ! Et même s'il n'était pas totalement certain que les morts pouvaient attraper des maladies, ils pouvaient très certainement se fracasser le crâne contre un téléviseur en se prenant les pieds dans le tapis... Dans le doute, Leo se décida d'éviter de faire quoi que ce soit de risqué et resta assis, recroquevillé sur lui-même.

***

Le temps continuait de passer et l'adolescent commençait à s'ennuyer ferme*. Il voulait bouger, mais la peur de surmourir l'en empêchait. Il observait ce doux feu qui crépitait paisiblement dans l'âtre. N'y avait-il pas eu cette drôle d'histoire qui avait traîné un jour sur Internet comme quoi une personne était restée trop près du feu et avait été victime de combustion spontanée ? Non, il ne fallait pas penser à ça. À tous les coups, le feu allait doucement sortir de son lit et venir lui faire de chaudes caresses et...

* Il aurait même pu se dire qu'il s'ennuyait à mourir, mais l'Univers n'aurait probablement pas supporté cette blague et aurait décidé d'avancer le début de l'Apocalypse de quelques décennies.

L'adolescent décida de se lever de son fauteuil afin d'observer son environnement. C'était plus sain que de commencer à imaginer le pire. Après tout, il restait un garçon un minimum habile, non ? Le chances que de bêtes accidents de ce genre se produisent étaient tellement infimes qu'il ne fallait pas s'inquiéter autant*.

* Bien évidemment, cela vaut si vous ne jouez pas avec des appareils électriques, des substances chimiques, laissez le sol mouillé ou un tapis non mis à plat à côté d'objets contondants, avez un chat, un gros chien, un chihuahua, une collection de vieilles armes sur un mur, un chat/chien/chihuahua près d'une collection de vieilles armes sur un mur... Mais bon, en dehors de ces conditions et de tant et tant d'autres, les chances d'un accident domestique sont minimales.

... Les êtres humains sont tellement fragiles, quand on y pense.

Il se dirigea vers le poste de télévision, qui l'avait intrigué depuis un petit bout de temps et l'observa en détail. Il n'en avait jamais vu de pareil et se demanda de quand il datait. Au moins quelques décennies au vu du reste de la pièce.

Au mur faisant face à la porte d'entrée se trouvait une large bibliothèque. Plusieurs centaines de livres y étaient soigneusement stockés. En parcourant les tranches du regard, Leo remarqua qu'il ne s'agissait que de biographies de personnes qu'il ne connaissait pas... Jusqu'à ce qu'il tombe sur le nom de Gary Davis, puis Hugh Davis et enfin Leo Davis. Mais c'est moi ça ! Et mon père et mon grand-père ! Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi y aurait-il des livres à nos noms ?

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant