Épisode 6.1.2 : Atterrissage Brutal

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Remarquant que la descente était très lente, il mit sept mètres avant de décider d'en profiter pour observer au maximum ses alentours. Il en avait au moins pour quelques minutes à tomber, alors autant en profiter pour observer le très joli paysage qui allait très probablement le tuer.

À sa gauche au loin il pouvait apercevoir trois petites îles, ainsi qu'une quatrième presque invisible. Un peu plus près, il aperçut ce qui semblait être un autre village, mais là encore, il était un peu trop loin pour être bien vu.

S'en suivait encore une fois une vaste étendue de végétation, alors le garçon décida d'observer à nouveau le sombre village par dessus lequel il passait désormais. Il pouvait clairement y voir des bâtisses en pierres aux cheminées en cuivre et aux toits en ardoise noire. Elles étaient arrangées de manière droite, avec une précision digne du plus maniaque des architectes. Les rues étaient parallèles et perpendiculaires, à la seule exception de la rivière, qui séparait très clairement le village en deux et serpentait légèrement. Son œil fut attiré par un petit détail curieux : une des maisons était détruite. Quelques murs tenaient lamentablement, et le sol était légèrement enfoncé, mais Leo n'eut pas le temps de se concentrer dessus qu'il l'avait déjà perdue de vue.

Arrivant au bout du village, il remarqua de drôles d'appareils de chantier s'affairant à creuser le sol. Des fondations pour des murs étaient posés ça et là de la rivière. Probablement des travaux pour renforcer les fortifications de la ville. Il remarqua que la plupart des personnes qui y travaillaient le fixaient d'un air à la fois émerveillé et perdu.

Leo regarda à sa droite : l'océan y était à perte de vue, alors il se concentra sur ce qui était la côte. Forêt, forêt, forêt, forêt... ok, rien à voir donc... Ah tiens, un dirigeable ! Et même un autre qui va dans l'autre sens ! Le garçon regarda de nouveau devant lui, vers sa destination. Le village blanc se voyait mieux désormais : un mur d'enceinte blanc immense était visible et au delà se tenaient des maisons délicatement agencées... Du moins, à première vue, car ça restait à une assez longue distance par rapport à là où le voyageur des airs était situé.

Lentement mais sûrement il descendait. Et plus il descendait, plus mauvais était le pressentiment que Leo avait : il constata amèrement qu'il n'allait pas arriver jusqu'au village. Avec un peu de chance, il n'allait pas mourir en s'écrasant. Juste tomber suffisamment près pour ne pas avoir à marcher trop longtemps... Enfin, à condition de ne pas tomber dans la rivière, que la bulle semblait gentiment longer. Pitié faites que je ne tombe pas dans l'eau. Pitié faites que je ne tombe pas dans l'eau. Car autant Leo savait qu'il devrait un jour connaître les joies de la fourrure mouillée, autant il souhaitait les connaître le plus tard possible, de préférence sans des vêtements voués lui coller à la peau après.

La forêt se rapprochait lentement, mais sûrement. À la vitesse où il descendait, Leo comprit bien assez vite que sa chute allait se faire de façon assez douce. Il n'était plus qu'à une trentaine de mètres du sol, mais le mur d'enceinte du village était encore à plusieurs centaines de mètres de là, possiblement un ou deux kilomètres. Il regarda à ses pieds. Ouaip, la rivière est juste en dessous de moi. Ça va mal finir... Le garçon se résigna. Si jamais il devait tomber à l'eau, il ferait de son mieux pour rejoindre la côte au plus vite. Ou pas. Il observa plus minutieusement le courant. L'eau coulait à une vitesse affolante et avec force. Le garçon se résigna donc à tomber à l'eau et faire attention à ne pas se noyer. C'était certes un plan bourré de failles, mais au moins c'était un plan qui impliquait de ne pas mourir. Avoir cette option à disposition avait quelque chose de rassurant.

La bulle se rapprochait de la surface de l'eau. Vingt mètres, quinze mètres, dix mètres. Le mur d'enceinte aussi se rapprochait. Mille trois cent cinquante, mille cent cinquante, neuf cent cinquante. Bon, eh bien au moins je n'aurai pas trop loin à flotter ! C'est parti !

La bulle entra doucement en contact avec la surface de l'eau. À la grande surprise du garçon, il ne s'enfonça pas dans l'eau, mais resta debout. Il ne fut même pas éclaboussé ! Oh chouette, je vais pouvoir arriver là-bas sans pro... La bulle éclata, laissant Leo lamentablement tomber dans la rivière.

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant