Épisode 6.4.5 : La Cabine du Cap'taine

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« Je sais que ça va être tentant, donc je préfère prévenir. Tu ne touches à rien. C'est compris ? » demanda Ophelia à Leo, qui semblait plus qu'émerveillé par le contenu de la salle.

Un bruit de roulement se fit entendre dans la cabine du capitaine. Lara était en train de faire tourner le globe en souriant bêtement. Lorsqu'elle entendit son frère s'éclaircir la gorge, elle se retourna en sursautant, laissant le globe tourner dans le vide. « Oh euh... Oui oui. Toucher à rien. Compris... »

Ophelia soupira, mais elle pouvait comprendre l'attitude de son aînée, car il fallait dire que n'importe qui entrant dans la Cabine du Cap'taine avait l'impression de retomber en enfance.

Tous ses bibelots et autres papiers étaient entreposés presque n'importe comment, un peu comme dans l'antre d'Edgar. Leo avait pour le coup une certaine impression de déjà-vu, mais voir autant de sculptures, de cartes et autres objets d'apparence ancienne n'était jamais lassant.

Des fenêtres éclairaient la cabine de tous les côtés et pouvaient être couverts grâce à d'épais rideaux violets. De là, Leo pouvait voir les gens s'affairer sur le quai et, sur sa droite, il pouvait apercevoir un navire de taille bien plus modeste entrer. Ophelia observa quelques secondes, puis déclara qu'ils pouvaient encore rester une ou deux minutes avant de devoir redescendre pour aider.

Une pièce était située du côté gauche, pas loin d'un lit superposé. Ophelia indiqua au garçon que Thomas et son père dormaient tous les deux là. Sans grande surprise, le Cap'taine dormait en haut. Lorsqu'il lui demandait pourquoi ils dormaient ensemble, elle lui expliqua que c'était tout simplement parce qu'ils s'entendaient à merveille et que le navire ne fonctionnerait pas si l'un des deux venait à manquer. De fait, et pour éviter toute mauvaise surprise, Thomas dormait avec Theodore pour le protéger. « Euh... Ce n'est pas dans l'autre sens ? » demanda Leo, incertain.

La lutris hocha la tête « Non non. Tu as bien vu mon père. Même s'il est très bon pour se défendre, il n'a jamais été aussi fort que Thomas. Et depuis qu'il a perdu son œil...

— Je comprends. » Il n'était pas nécessaire d'en dire plus. Puis il ajouta. « Ça reste quand même surprenant. »

Ophelia leva un sourcil. « Hein ? Quoi donc ?

— Non, mais c'est juste que quand je vois le Cap'taine et ton père... Je sais pas, j'ai vraiment l'impression que ton père l'emporterait dans un duel, et de loin. »

La fille ne put s'empêcher de sourire. « C'est gentil de dire ça. Mais crois-moi, Thomas est un des plus grands épéistes de l'île et même s'ils s'entraînent ensemble, il est extrêmement rare que mon père gagne contre lui... Enfin, allons les aider ! »

***

Durant la demi-heure qui suivit, les trois adolescents, aidés par Ophelia, Theodore et le Cap'taine, déchargèrent la cargaison du petit navire qui venait d'arriver. Leo apprit que ce chargement provenait de Kutzest, la ville située à l'Est de Lutricia. Le chargement contenait également des marchandises des autres villes, et, à la grande surprise du garçon, il apprit que ce petit bateau nommé le Little Silver passait ses journées à faire le tour de l'île, déposant les stocks d'une ville vers l'autre et reprenant les objets qui faisaient la spécificité de l'étape. Ainsi, le Little Silver livrait à Lutricia des fruits et légumes de Konijion, du poisson de Kutzest et du papier de Hundorf, tandis que Lutricia distribuait éventuellement des livres et des instruments de musique aux autres villes qui en auraient besoin, transformant le navire en bibliothèque mobile pour les habitants ne pouvant trop se déplacer sur l'île.

Lorsque Leo demanda comment les échanges s'organisaient avec Beayerd, le capitaine du navire lui répondit que tout était entreposé à Kutzest, puis envoyé par dirigeable là-bas. Beayerd, lui, fournissait l'île en outils, meubles et inventions, les plus gros étant acheminés par un dirigeable spécifiquement conçu pour transporter les chargements plus encombrants.

Cette organisation à la fois simple et efficace ne pouvait que ravir le garçon, qui ne s'était jamais penché sur l'organisation de son monde, mais qui ne pouvait s'empêcher de penser que ça devait être bien plus inutilement compliqué.

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant