Leo, surpris, se mit à hurler. En même temps, qui ne hurlerait pas s'il était propulsé sans prévenir à plusieurs dizaines de mètres dans les airs ? Il ferma les yeux et hurla lorsqu'il fut à dix mètres de hauteur. De même lorsqu'il franchit le cap des vingt mètres. Pareil à trente mètres. Et toujours à quarante mètres. À quarante-deux mètres, il ouvrit les yeux et remarqua qu'il était arrivé au niveau du sommet de la falaise.
Le soleil avait atteint son zénith il y a trois heures déjà et Leo pouvait sentir sa douce chaleur taper avec la force d'un bulldozer sur le sommet de son crâne. Il devait faire au moins une trentaine de degrés, si ce n'était plus. Heureusement, cette sensation était atténuée par un air frais. Il sentit ses poils balayés par les courants d'airs, mais, étonnamment, le contact était moins violent que prévu. En l'état, c'était comme si une légère brise l'atteignait et il pouvait très clairement voir ses alentours sans avoir à plisser les yeux. Malgré la peur qui l'envahit lorsqu'il fit l'erreur de regarder en bas, Leo arrêta de hurler. Il vit qu'il était désormais au dessus du lac, à une bonne centaine de mètres de l'îlot d'Edgar. Si jamais il se mettait à tomber, avec un peu de chance il ne ferait qu'un grand plongeon... Mais ce ne serait pas le cas, puisque, au vu de la courbe entamée par la montée, si jamais il commençait à redescendre, un cas de renard aplati contre une falaise serait à déplorer.
Soixante mètres de hauteur par rapport à son point de départ. Leo remarqua quelque chose d'étrange : la même barrière qui semblait entourer le sommet de la falaise l'entourait lui aussi formant une sorte de bulle. Ses pieds en touchaient le fond. Par curiosité, le jeune renard se risqua de tendre un de ses bras. Le poing serré et les griffes rentrées, il toucha la bulle, qui était flexible, mais suffisamment solide pour résister. Dans tous les cas, il ne se risqua pas d'appuyer plus que ça. Sait-on jamais, elle pourrait exploser...
Quatre-vingt mètres de hauteur. Leo regarda devant lui et vit l'océan. Il se risqua à nouveau à un coup d'œil vers le bas. Le lac avait disparu et il s'apprêtait à passer par delà la falaise. Il regarda de nouveau devant lui et observa ce qu'il y avait au loin. De l'eau à perte de vue. Baissant un peu la tête, il voyait une côte, ainsi que ce qui semblait être une agglomération blanchâtre de bâtisses, mais il n'en était pas encore sûr. Ce qui était sûr par contre, c'est que d'après la trajectoire de la bulle, il y allait.
Mais un détail le turlupinait : pourquoi est-ce que ce village semblait aussi bas ? Il balada son regard lentement et nerveusement en direction de ses pieds et, passé un véritable océan de végétation ainsi qu'un autre village à l'aspect bien plus sombre, il vit le très grand dénivelé qu'une rivière descendait joyeusement. Ok, donc la falaise était une montagne. Il tourna la tête pour regarder l'îlot et vit que la soi-disant falaise entourait le lac, formant une cuvette... Ou bien un ancien volcan. Huh. Leo voulait s'interroger sur les raisons pour lesquelles un dieu s'amuserait à construire une maison au sommet d'un volcan, mais n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir car il se sentait lentement mais sûrement redescendre. Uh oh.
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Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de Fois
FantasyDéconseillé aux moins de 10 ans. Un jour d'hiver à Bordeaux. Un jeune homme se réveille couvert de sang au beau milieu de la rue Sainte-Catherine et constate qu'il a été victime d'un accident de la circulation. Pourtant, il n'est pas blessé. ...