Épisode 6.0.3 : La Valise

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« ... Mais d'abord, il me faut te donner quelque chose de très important ! » Stan était sur le point d'ouvrir la porte menant au couloir divin, lorsqu'il se rappela qu'il avait oublié quelque chose.

Le dieu se retourna vers le garçon qui l'avait suivi et dit, les mains derrière le dos. « Vois-tu, je ne suis pas en droit d'aider directement les personnes dont je m'occupe, et encore moins lorsqu'elles sont punies... Cependant, vu que la punition n'a pas officiellement commencé et que je ne t'ai pas laissé le temps de faire tes affaires – qui de toutes façons, ne t'iraient pas vu l'état dans lequel tu es maintenant – j'ai décidé de te faire un petit cadeau. Ferme les yeux. »

Leo s'exécuta. Le dieu claqua des doigts, fit apparaître quelque chose dans son dos, puis tendit le bras en avant avec l'objet en main. « C'est bon, tu peux les ouvrir ! »

Le jeune renard ouvrit les yeux et aperçut une valise en cuir. Rectangulaire et d'apparence rigide, elle avait une solide poignée et n'était pas bien grande – une cinquantaine de centimètres de longueur, une trentaine en hauteur et une quinzaine en profondeur. C'était une valise tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, à l'exception de vieux autocollants de formes diverses délavées. Probablement une lubie qu'avait eue le dieu en invoquant l'objet. « Oh ! Merci, c'est plutôt cool ! »

Leo la prit de la main du dieu, qui se mit à sourire. « Et encore, tu n'en as pas vu l'intérieur ! C'est là que c'est encore plus... Cool. »

Leo s'agenouilla et posa l'objet à plat sur le sol. Il l'ouvrit. Elle ne contenait rien : pas d'objet et encore moins de fond. Leo n'y vit rien d'autre que le noir complet. « Huh ? Ce ne serait pas comme celle que...

— Oui oui, elle est comme la mienne. Elle n'a pas de fond. Mais, et c'est là que c'est cool : tu peux invoquer n'importe quoi, et ça apparaîtra ! »

Leo regarda le chat noir avec des yeux ronds. « Tout ce que je veux ? »

Stan fut pris d'un doute « Euh... Oui ? Tout ce que tu veux ? » Un très mauvais pressentiment le traversa.

« Oh, génial ! » Leo regarda ses vêtements. Il manque quelque chose. Il plongea sa main dans la valise et en sortit un chapeau trilby noir au ruban gris foncé. Il le mit sur sa tête sous le regard curieux de Stan, puis se leva pour se regarder dans le miroir. Malgré ses oreilles désormais placées au dessus du crâne, il n'eut pas trop de mal à le mettre. Le chapeau resta solidement ancré entre les deux oreilles grâce aux trous spécifiquement placés et le résultat était plutôt classe. Maaaais il manque encore un truc...

Le garçon se baissa à nouveau en direction de la valise, puis en sortit sous le regard horrifié du dieu un pistolet mitrailleur Thompson type années 30. Il se releva, se regarda de nouveau dans la glace et prit la pose avec son nouveau jouet. Aaaah, là ça le fait ! Il se retourna vers le chat, toujours prenant la pose, puis dit « On dirait un vrai gangster, là, non ? »

Stan regarda le garçon avec confusion, fascination, exaspération et le sentiment que sa rédemption allait mettre du temps à arriver... Beaucoup de temps. « On... Oui, c'est vrai. Une jolie pose pour la bande-annonce ou le poster d'un film ! »

Leo se mit à sourire bêtement « Mais si tu pouvais ranger ça tout de suite, ça me rassurerait pas mal. » lui suggéra gentiment le dieu.

Le garçon s'exécuta en rigolant, non mécontent d'avoir fait son petit numéro. Il déposa aussi son chapeau, n'en voyant pas d'utilité. Lorsqu'il referma la valise, Stan, toujours confus, dit « Je... Crois que je vais éviter de te donner trop de pouvoir pour cette aventure. On va se limiter à l'apparition de vêtements, de vivres et des objets que tu auras récolté en cours de route, d'accord ? » Leo grimaça et fit rouler ses yeux, mais accepta. Il est vrai qu'être en possession d'un tel objet aurait ruiné tout élément de tension si jamais son potentiel avait été entièrement conservé. Stan claqua des doigts, mais rien de visible ne se passa. « C'est fait. D'ailleurs, il faut que tu saches que tu seras en mesure de la faire apparaître et disparaître d'un simple claquement de doigts. Vu où tu vas, ce serait bête que tu aies à te balader avec une valise à la main tout le temps, non ? »

Leo reconnut que ça aurait été quelque peu embêtant. « C'est sûr. » Puis il claqua des doigts pour voir si cela fonctionnait. Et en effet, la valise disparut. Leo claqua ensuite deux fois des doigts pour s'assurer que cela fonctionnait correctement. La valise apparut et disparut de nouveau. « Très pratique !

— En effet ! Bon, maintenant que ton spectacle de castagnettes est terminé, je pense que l'on est prêts à sortir. Il serait temps ! »

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant