Épisode 6.4.4 : Exploration d'un Navire Pirate

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L'intérieur du navire était tout aussi étrange que son extérieur. Le pont du navire était occupé en son centre par un silo de trois mètres de diamètre dont les épaisses portes métalliques étaient fermées. Une manivelle était située juste à côté, suffisamment grande pour être manipulée par deux personnes. Lorsque Leo le vit, il n'eut aucun mal à savoir ce que ce silo dissimulait, mais avait beaucoup de mal à le croire. Il demanda à Ophelia. « Dis-moi, ça ne serait pas là que se trouverait le mât par le plus grand des hasards ? »

La fille lui adressa un grand sourire. « En effet, il est bien là. Tu utilises la manivelle ici et il se déplie. Mon père dit qu'il fait à peu près douze mètres de haut. »

Imaginer un mât dépliable n'était pas particulièrement difficile si on le visualisait comme un télescope. Ceci dit, une question turlupinait le garçon. « Et la voile ? Elle n'est pas dans le mât, si ?

— Erm... Si. Si elle l'est. Ceci dit, on ne l'utilise plus trop depuis la rénovation. Un moteur a été installé à l'arrière. En fait, on ne sort la voile que si on n'a plus de bois ou de pierres ou qu'on veut faire des économies sur les longs trajets... Même si pour la replier ça prend une bonne heure.

— Je ne peux qu'imaginer... » déclara Leo, perplexe.

***

Le petit groupe continua la visite sous les regards intrigués des membres de l'équipage. Leo n'y faisait plus attention et se contentait juste de parler à ceux qui n'étaient pas suffisamment timides et intimidés pour l'approcher. Il put constater des quelques membres s'occupant de l'entretien du bateau que l'équipage était plus que varié. L'un des premiers qu'il rencontra venait même de Cabbianna. Lara, à l'évocation de ce nom, ne put s'empêcher de repenser à la conversation qu'ils avaient eu avec Desmond. Elle lui demanda s'il ne connaissait pas ce charmant félin, ce à quoi le jeune mousse ne pouvait répondre, déclarant prosaïquement qu'il ne connaissait que très peu de gens de là-bas, le pays étant bien trop grand.

Ophelia invita ensuite les trois adolescents à descendre dans la cale pour y découvrir comment s'organisait la vie sur le bateau. À sa grande surprise, là où il s'imaginait voir un joyeux bazar de hamacs et de poudre à canon, Leo constata que tout était plutôt propre et bien organisé. Le garçon avait même plus l'impression de visiter un ferry touristique qu'un bateau pirate, car il y avait de nombreuses cabines individuelles, toutes dotées de trois à cinq lits superposés bien solides et de matelas posés à même le sol. Il y avait même de la place pour des meubles de rangement. C'était une bande de joyeux pirates certes, mais une bande de joyeux pirates propres et bien organisés.

« Et donc vous êtes combien à vivre sur le bateau ? » demanda Leo, plus que curieux.

Ophelia prit quelques secondes pour réfléchir. « Hum... On est à peu près une trentaine, sachant qu'il faut au minimum deux membres d'équipage par poste pour faire les relèves. Mais oui, on a pas mal de place, puisqu'il nous arrive de transporter des invités.

— D'ailleurs, vous faites quoi très exactement ? » Leo était plus inquisiteur qu'à l'accoutumée. Ce lieu faisait travailler son esprit à une vitesse folle.

« Oh euh, eh bien... On fait principalement du convoi de marchandises entre les différentes villes de l'île. Et quand on a du temps libre ou que l'on a besoin de nous, on s'éloigne pour aller à l'aventure, découvrir éventuellement de nouvelles terres et rapporter des matériaux ainsi que beaucoup d'histoires. » Cette dernière phrase, fut adressée à l'encontre de Basil, qui ne pouvait rêver mieux. Son regard s'illumina.

***

La salle des machines située vers le fond du bateau était à la fois impressionnante et assez peu surprenante. Leo se souvenait du jour où il avait visité un vieux train à vapeur lors d'un voyage en Angleterre et visiblement le Septentrion fonctionnait de la même manière.

Située dans la partie métallique du navire, la salle était remplie de charbon et de « pierres magiques » d'un côté et de bois sec de l'autre. La chaudière au fond était éteinte, signifiant que le bateau avait été à l'arrêt au moins quelques jours ou bien qu'ils avaient utilisé le mât pour naviguer.

Leo, très intéressé par ces vielles machines, passa une dizaine de minutes à parler à un des machinistes, qui effectuait des travaux de maintenance pour vérifier que tout fonctionnait bien. Il apprit notamment que le navire utilisait l'eau de mer qu'il récupérait et la chauffait pour faire fonctionner les turbines. Cependant, le contrecoup de l'utilisation de l'eau de mer était qu'il fallait régulièrement nettoyer le réservoir, pour cause de dépôts de sel. Le prix de la simplicité, en somme...

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant