Une fois le petit déjeuner englouti, tout le monde descendit pour vaquer à ses occupations. Stan, Basil et Edgar partirent en direction du port pour aider Gregory à ramener la nourriture pour les clients de l'hôtel. Stan rassura Leo en lui disant qu'il serait présent pour le repas à la taverne, assurant que tout se passerait bien. Lara suggéra qu'avant de partir pour le marché, Leo visite le bâtiment, car ils n'avaient pas eu le temps de le faire la veille. Le principal intéressé n'était pas particulièrement contre, curieux de voir comment dormaient les différents types d'habitants de ce monde. Ils se dirigèrent donc vers l'accueil, où ils apprirent que suffisamment de chambres étaient vacantes et, heureusement, il y avait au moins une chambre par étage de libre. « Oh, et essayez d'être discret aux alentours de la 113, on a un client qui dort beaucoup et qui a le sommeil léger en plus de ne pas apprécier le bruit. À l'heure qu'il est, il doit encore être en train de dormir. » Le réceptionniste semblait gêné.
« Vous voulez parler de ce client arrivé il y a quelques jours ? Desmond Almundi, c'est ça ?
— Lui-même. De même pour la 320 avec Madame Clara Fairpoint et la 410 avec Mademoiselle Sarah Crawford »
Lara avait l'air inquiète. « D'accord... On va éviter de trop faire de bruit. Merci du conseil en tout cas ! »
Lorsqu'ils montèrent les marches la fille vit le regard curieux du garçon, puis se pencha à son oreille, chuchotant « En fait, c'est juste que l'on a accueilli un client particulier il y a quelques jours. C'est un touriste. Personne dans la famille ne l'a encore vu. »
Leo leva un sourcil. « Le Desmond ? Bizarre...
— Yep. Après, je pense que c'est parce qu'il n'est pas du coin et qu'il n'a pas encore pris ses marques. Ou bien qu'il ne sait pas que le personnel ici n'est pas inaccessible. C'est dommage parce qu'il a l'air jeune et quelqu'un de charmant de ce que l'on m'a dit... Mais bon, vu qu'il dort, on va éviter de faire trop de bruit et le déranger, d'accord ? Avec un peu de chance, il viendra nous voir dans la semaine et il pourra nous raconter des histoires de son pays. »
Le garçon acquiesça, puis, au sommet du grand escalier, ils arrivèrent dans un petit couloir débouchant sur un embranchement. Sur la gauche se situaient les chambres 100 à 111 et sur la droite les chambres 112 à 121. Ils prirent le couloir de droite dans le plus grand silence. Malheureusement pour eux, la seule chambre de libre à cet étage était la 112, juste en face de celle occupée par le client endormi. Discrètement, ils ouvrirent la porte avec la clé spéciale que Lara avait récupéré à la réception, puis ils entrèrent, tout en veillant à ne pas claquer la porte.
La chambre destinée aux kutz était des plus sommaires malgré son immensité. Trois lits ovales de deux mètres de diamètre, un meuble contenant quelques livres ainsi qu'une assez large armoire avaient été mis à disposition des éventuels clients. Lara traversa la pièce près de la porte qui devait abriter les toilettes et fit signe à Leo de s'approcher discrètement, ce qu'il ne tarda pas à faire après avoir tâté un des matelas et découvert qu'il était plus rigide que celui dans lequel il venait de dormir. « Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de baignoire ? » lui demanda-t-il en chuchotant.
« Tout est en bas. Déjà qu'acheminer l'eau de la rivière vers chaque toilettes a été un défi monstrueux pour les architectes, de ce que mon père m'a dit... Alors imagine ce que ça aurait été de construire des bassins de plus de trois mètres de profondeur à chaque étage...
— Ouais, pas faux... Donc ce sont des bains communs ? » La loutre hocha de la tête. « Oh... Ok. Disons que chez nous, on a un rapport au corps bien plus... Personnel. Remarque, on peut en dire pareil des relations sociales. Beaucoup de gens préfèrent rester seuls, alors qu'ici... Bon après je n'ai pas vraiment vu le reste du monde, mais vous avez tous l'air plus... Ouverts les uns envers les autres. Je trouve ça fascinant. »
Lara écoutait les paroles du garçon, à la fois intriguée, mais aussi un peu triste « Ça n'a pas l'air génial ton monde vu la façon dont tu en parles.
— Ouais... Parfois ce n'est pas bien facile... » Le garçon fut pris d'un bâillement silencieux. Il s'étira « Mais bon, après ça ne veut pas dire que je ne connais pas des gens sympas. Les gens chez nous, c'est comme des tortues : il suffit de les approcher de la bonne manière pour qu'ils ne se replient pas sur eux-mêmes et s'ouvrent à toi. »
Lara regarda le garçon, curieuse « Pourquoi une tortue ? »
Le garçon soupira, un peu vexé de s'être fait interrompre dans son délire philosophique « ... C'est... Pas grave. Bon, on va voir les autres chambres ? »
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Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de Fois
FantasyDéconseillé aux moins de 10 ans. Un jour d'hiver à Bordeaux. Un jeune homme se réveille couvert de sang au beau milieu de la rue Sainte-Catherine et constate qu'il a été victime d'un accident de la circulation. Pourtant, il n'est pas blessé. ...