« Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça !? » Stan était passablement furieux.
« Écoutez, c'était soit ça, soit vous vous humiliiez encore quelques minutes supplémentaires. » Le ton de Leo était relativement calme au vu de la situation. Cela faisait trois minutes que les Edelson et les Meyon observaient la scène, incapables de savoir comment réagir.
« Mais absolument pas ! Il y en avait qui souriaient. »
Cela fit sortir le garçon de ses gonds « Oh ok, donc s'il y en a qui se moquent de vous, ça va. Je vois. Désolé d'être intervenu.
— Woh woh woh ! Du calme mon garçon. On se calme.
— Vous vous calmez d'abord et après je me calmerai. Je vous ai sauvé à l'instant ! »
Basil leva le doigt. « Vous savez Stan, Leo a raison. Ce n'était... Pas terrible terrible. »
Leo pointa le jeune hundini du doigt. « Vous voyez ? Même Basil est d'accord avec moi ! »
Stan ouvrit et ferma la bouche, tentant désespérément de trouver une réponse, mais n'y parvint pas. Leo commença à se calmer « Je sais bien que vous voudriez monter sur les planches, mais faites du théâtre, pas de l'improv' ! Ma mère me dit toujours que faire de la bonne comédie, c'est comme faire un soufflé : tout est dans le dosage et la maîtrise de son sujet. Si vous oubliez ne serait-ce qu'un seul petit détail, tout s'effondre. Vous me suivez ? »
Stan fixait ses pieds. La plus grande des tristesses venait de l'accabler. Il marmonna « Je n'ai jamais réussi à faire de soufflé... »
Leo ouvrit la bouche, puis la referma. Il n'avait rien à répondre à ça. Lara s'avança et posa sa main sur l'épaule du dieu. « Si vous voulez, on trouvera une troupe spécialisée dans l'improvisation et on leur demandera s'ils peuvent vous aider. Ça vous irait ?
— Moui... » Jamais Leo n'aurait cru voir Stan dans cet état. On aurait dit un enfant de cinq ans venant de se faire gronder et avec qui on aurait trouvé un compromis.
« Bon, eh bien maintenant que ça, c'est réglé, si on commençait le spectacle ? Le public doit s'impatienter ! » déclara Maximilien, d'un air satisfait.
***
Après que Leo, Stan, Lara et Basil eurent retrouvé leur place, le spectacle put enfin être lancé. Comme il en avait entendu parler par le biais de quelques conversations avec Harry les jours précédents, il savait que le spectacle serait intégralement muet, mais raconterait grâce à la musique une histoire d'amour entre un riche gentleman kutz et une kutz venant de cette île, puis de l'abandon final des richesses de l'homme pour une vie plus simple, mais bien plus riche humainement et spirituellement.
Le spectacle avait cela de particulier qu'il enchaînait de nombreuses vignettes toutes plus acrobatiques les unes que les autres. Le mélange avec le piano et le saxophone rendait particulièrement bien et le violon rajoutait une petite touche émotionnelle pile là où il le fallait. Le garçon eut même le souffle coupé lorsque certains numéros de jonglage furent exécutés avec une telle perfection qu'il s'imaginait que cela était trop facile, que même lui pouvait le faire.
Leo ne vit pas l'heure passer et se joignit volontiers à l'ovation du public. Après le spectacle, Lara et Basil rejoignirent leur père et le félicitèrent de sa belle performance malgré de rares couacs. Ils passèrent ensuite une bonne vingtaine de minutes avec la famille Meyon pour les féliciter et discuter de tout et de n'importe quoi. Maximilien et sa femme étaient particulièrement ravis de voir que Leo avait apprécié le spectacle. Tout le monde sortit du théâtre extrêmement satisfait et la nuit qui suivit se passa avec un sourire aux lèvres.
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Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 1 : Le Garçon qui est Mort Trop de Fois
FantasyDéconseillé aux moins de 10 ans. Un jour d'hiver à Bordeaux. Un jeune homme se réveille couvert de sang au beau milieu de la rue Sainte-Catherine et constate qu'il a été victime d'un accident de la circulation. Pourtant, il n'est pas blessé. ...