Prologue
Accoudé à la rambarde d'or de son vaste balcon, LE dieu semblait regarder le paysage qui s'étendait à ses pieds. Il se trouvait dans ses appartements privés, au sommet de l'imposant palais qui coiffait l'unique colline de la ville céleste.C'était le seul endroit où il pouvait encore réfléchir, ou personne n'osait venir l'importuner.
Parfois, comme en cet instant, sa charge lui pesait. Il allait se montrer dur, il le savait, mais il ne pouvait accorder aucune dérogation.
Il se devait de demeurer impartial, même envers elle. Les sanctions nécessitaient une rigoureuse conformité, peu importait l'identité des coupables.
LUI, le Dieu des Dieux, connu pour son impassibilité et sa droiture aurait, pour la première fois de son interminable vie, donné cher pour déléguer sa tâche. Elle lui pesait d'autant plus qu'elle concernait sa propre fille.
Un raclement dans son dos lui fit tourner la tête. Il aurait pu faire mine d'être surpris, mais cela n'aurait pas leurré la jeune femme qu'il avait mandée et qui se tenait à présent dans l'ouverture de la baie vitrée.
Comme toujours, elle resplendissait, enroulée dans une robe carmin fluide et légère, ses longs cheveux noirs tressés d'or et de perles. À ses bras tintaient une multitude de bracelets et elle dardait sur lui un regard émeraude interrogateur qui reflétait à merveille les rayons du soleil.
– Elbisan, tu devrais t'asseoir.
Son ton était sans appel et d'un mouvement magistral, il lui indiqua le petit salon de jardin de jonc tressé qui reposait à quelques pas de là, le balcon permettant l'accès à un jardinet intérieur de toute beauté. Elle suivit son geste du regard avant de croiser les bras et de secouer la tête, attendant simplement de savoir ce qu'IL désirait. La jeune femme était bien la seule sur Celiesta, la planète céleste, à pouvoir lui résister.
– Père, que me veux-tu donc ? Tu n'as pas pour habitude de me mander officiellement, et je devais venir dîner demain... Cela concernerait-il une des tâches que tu m'as confiées ? Je suis pourtant certaine de les avoir accomplies à la perfection.
– Cela ne concerne aucunement tes tâches mon enfant, mais ton idylle avec le dieu de la chance. Il est marié.
Elle soupira, et replaça une mèche invisible derrière son oreille dans un geste souple et délicat.
– J'aurais dû me douter que tu le saurais tôt ou tard. Écoute, ce n'était qu'une passade, et c'est déjà fini. Sa femme n'est pas au courant, ne le sera jamais. Il n'y aura aucune conséquence.
Il leva les yeux au ciel. Elle essayait de minimiser la gravité de la situation, mais l'infidélité, chez les dieux mariés, n'était pas une mince affaire. Fièrement, elle releva le menton avant de lui sourire.
– Je t'en prie, punis-moi ! C'est pour cela que tu m'as fait venir, non ?
– Oui. Et non. Tu me parlais de conséquences et... tu es enceinte, Elbisan. Et c'est ton enfant qui devra payer pour ton erreur... Pour votre erreur.
Elle pâlit, recula à la hâte. Les bracelets ceints autour de ses chevilles tintinnabulèrent lorsqu'elle trébucha et se rattrapa à une colonne. Les lèvres pincées, la déesse releva le menton avec fierté et croisa les mains sur son ventre. Inconsciemment, elle tentait de protéger l'enfant qu'elle portait. Elbisan faisait moins la fière à présent, elle détestait l'idée que ce pauvre nourrisson innocent subirait la punition à sa place.
– Non. Punis-moi, le bébé n'y est pour rien !
– Les lois sont ce qu'elles sont Elbisan. Je ne peux les modifier pour toi...
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La cave - niveau -3
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