Mon coeur qui bat à tout rompre me force à ralentir mon footing. Je m'étire inspirant à pleins poumons avant de jeter un coup d'œil à ma droite.
Mon intuition est juste. Un jeune homme m'observe depuis le banc qui se situe à une vingtaine de pas du pont sur lequel je suis.
Il regarde par dessus son épaule pensant me duper, mais je suis convaincue que c'est moi qu'il guette et c'est loin d'être la première fois.
Ce petit jeu dure depuis 2 semaines et les nombreux stratagèmes qu'il élabore pour se faire discret le rendent encore plus visible. Comme si un rayon de soleil particulier lui avait été attribué par dame nature.
Je souris une fois qu'il me fait de nouveau face, lui signifiant le pitoyable échec de sa tentative avant que le signal sonore de ma montre me rappelle à l'ordre. Je dispose de moins de 20 minutes pour rentrer.
Je suis accueillie par le générique du journal.
Mon père assis dans le salon, une tasse de thé à la main me sourit chaleureusement avant de m'expédier dans la salle de bain.
Je prends mon sac de cours et rejoins ma mère en cuisine où elle s'affaire à préparer la table pour le petit déjeuner.
Je lui fais la bise et m'installe à quelques pas d'elle.
- te voilà enfin! J'ai cru que tu ne rentrerais pas à temps Jessica.
- je suis là maman.
- Hâtes-toi de finir tu n'as plus beaucoup de temps.
Je tartine de beurre mes quelques tartines et les termine rapidement pour ne pas être en retard.
Alors que je crie un au revoir, la sonnerie de mon portable me signale l'arrivé d'un nouveau message.
Dépêche-toi! Un premier jour de fac ne se manque pas.
Un rictus prend forme au coin de ma bouche alors que je croise les bras pour l'observer replacer avec soin quelques mèches rebelles en face du rétroviseur.
Le bruit du verrouillage automatique la fait sursauter et, dans un geste maladroit dévaster le rouge à lèvres couleur pêche qu'elle avait expressément réservé pour la rentrée.
- Non! C'est pas possible.
- Désolée, lançais-je en pénétrant dans l'habitacle.
- 5 minutes de retard. Mais c'est rien comparé à l'osmose de mon maquillage gâchée par ta faute.
- Je suis désolée d'avoir entaché votre oeuvre Picasso.
Après un coup de coude, elle répara les dégâts avant de se mettre à fredonner "parfum qui chante" qui emplissait le véhicule.
Cette rentrée n'a rien à voir avec celle de l'an dernier où nous assistions aux jérémiades de Lamia et Leïla qui nous contaient leurs déboires amoureux basés sur des remix thugs de la belle et la bête.
Des filles bercées d'illusions voulant se substituer aux héros de ces histoires entraînantes mais à dormir debout. Le bad boy et la jeune fille. Ou devrais-je dire le délinquant juvénile et l'écervelée.
Premier pas sur le domaine universitaire.
Moment à immortaliser pour Déborah qui ne cesse de prendre des selfies nous mettant en avant à en croire les yeux tournés en notre direction.
Je mets un terme à ce moment, me dirigeant à l'intérieur à grandes enjambées pour ne pas être assimilée à ce personnage regardant tout avec émerveillement comme un gamin dans une boutique de confiseries.
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La cave - niveau -3
RandomIci, vous pourrez retrouver tous les anciens textes de la #Wacademy à partir du n°381. Les commentaires y seront aussi. Et du coup, vous pourrez trouver l'auteur et aller lire la suite de son œuvre, ou en découvrir d'autres...