Prologue :
Morgane a 17 ans et vit avec sa mère dans une petite maison paysanne à Sumfort. Elle n'a aucuns souvenirs de son père et de son enfance. Dans une semaine, elle aura enfin 18 ans. La jeune-femme attend cet âge depuis toute petite ou en tout cas d'aussi loin quelle se souvienne. A cet âge, elle pourra enfin enquêter sur son passé. Sa mère vieillit de jour en jour usée par le travail et la pauvreté; ses traits se creusent et ses beaux yeux bruns se plissent. Ici vivent également de riches bourgeois.
Le "milliardaire" lui profite de la vie sans se préoccuper de la nôtre. Sa femme et son fils ne connaissent que le luxe et la richesse; pour eux, les pauvres qui les entourent ne représentent que des problèmes.
Nous sommes en 2043; et Morgane se demande comment sa grande ville économique, riche a pu sombrer dans une telle pauvreté ? A cause de ce milliardaire et de sa famille de bourgeois ! Pourquoi la France est-elle devenue si horrible?Chapitre 1
Je marchais dans les rues de la ville comme tous les matins afin de rejoindre Solène, mon amie, pour notre dernier jour de cours avec Christopher. Elle m'attendait devant la fontaine comme d'habitude. Elle avait relevé ses longs cheveux bruns en un en chignon agrémenté d'un carré de tissu blanc qui faisait ressortir son teint coloré. Sa robe gris pâle protégée par un tablier blanc se balançait au rythme de ses mouvements. Elle tendit sa douce main vers moi et appela mon nom. Je lui souris et relevant la robe bleu pâle cousue par ma mère qui était couturière, je courus vers elle.
- Prête pour le dernier jour?, demanda t-elle quand j'eus lâché le tissu un peu trop long.
- J'ai hâte de finir les cours pour aider ma mère à coudre!
- A coudre ?! Tu n'as pas d'autres rêves pour tes 18 ans ?
- Non et toi ?
Elle leva les yeux au ciel et soupira :
- Toujours aussi imaginative, hein. Mais moi, j'ai d'autres projets comme celui de me marier !
Je la regardai étonnée.
- Toi? Te marier!! Et avec qui ?
- Un baron très riche!
- Ce sont tous des crétins !, mm'exclamai-je ne soupirant.
- Tu devrais faire de même ! Il est si beau et, devine son nom!
- J'en sais rien.
- Allez, devine !
- Patrick?
- Non.
- Frédéric?
- Non.
- Paul?
- Non.
- Pierre, Paul, Jacques?
- Non ! Il se prénomme Romain.
- Un prénom de bouffon!
- Morgane !
- Ça va, nous ne sommes plus au Moyen-âge mais au 21ème siècle très chère.
- Et alors?
- Et alors? Tu trouves normal qu'il y ait encore des barons et des seigneurs !?
- Le milliardaire ne peut pas être le seul à gouverner.
Je soupirai agacée, (qu'il aille au diable ce milliardaire, il n'aurait jamais dû prendre le pouvoir, avec sa femme et son fils !).
Je me dirigeai vers la petite école en haut de laquelle une vieille horloge, qui ne marchait plus depuis des siècles, donnait un air écolier à la maigre cour. On y accueillait en même temps es maternelles, les primaires, les collégiens et les lycéens; quatre en un pour que Monsieur le Milliardaire ne dépense pas trop d'argent. (Non mais j'hallucine!)
Et ... c'était ainsi que notre ville avait encore tout d'un pauvre village des siècles anciens oubliant que nous vivons au XXIe siècle.
De grandes bâtisses ainsi que de petites maisons de campagne surplombaient les rues pavées bordées de nombreux commerçants. L'argent manquait partout énormément. Et bien sûr, on payait beaucoup d'impôts, sans compter l'eau et l'électricité, ce qui était "normal". Mais on ne gagnait plus assez pour tout payer. Solène et moi, étions les deux seules lycéennes de cette petite école.
Christopher nous attendait à son bureau, comme à son habitude.
- Bien le bonjour les filles.
- Bonjour Christopher.
- Asseyez-vous, je vais vous distribuer des feuilles et un stylo.
La petite salle était meublée de deux rangées de cinq tables. Un tableau blanc à feutre se tenait derrière le bureau du professeur. Un mur autrefois peint en vert se cachait en partie derrière une grande carte de géographie dessinée par toute l'école. Une petite fenêtre aux carreaux délavés donnait sur la cour de récréation.
- Bien maintenant que vous avez vos feuilles écrivez ce que j'ai marqué au tableau.
(Voir média)
Je lisais et relisais le poème en boucle imprimant les mots dans mon esprit autant que l'encre sur ma feuille. Solène éclata de rire, je me tournai vers elle surprise. Sa chaise se balançait au rythme de ses rires. Christopher la regardait fixement. Elle l'ignora et se pencha vers moi redoublant de rire pour regarder sous sa table. Le professeur se leva et se planta devant elle bras croisés. Solène continuait de rire, absorbée par ce qu'elle dissimulait sous son bureau. Agacé, il lui arracha des mains ce qu'elle cachait. Elle lâcha un cri de surprise en hurlant:
- Rends moi mon téléphone !
Je regardai l'objet, surprise. Une petite pomme noire déjà croquée décorait le dos de l'appareil: Apple.
Solène n'aurait jamais eu assez d'argent pour se payer cela. Ce devait être son baron. Je regardai Christopher qui se frottait les sourcils les traits tirés.
- Où as-tu eu ça Solène ?, demanda-t-il.
- On me l'a offert.
- Et qui donc?
- Le baron Romain.
- Tiens donc?
- Parfaitement.
Il lui rendit son téléphone, le regard sévère mais soumis; il n'est qu'un enseignant et Solène une future baronne. Elle prend ça trop à cœur.
Quand la cloche retentit, je me levai pressée de rentrer pour me reposer. Alors que j'arrivais près de la fontaine, non loin de chez moi, un cri me fit faire demi-tour. Je courus dans les rues vers cet appel au secours venant d'une voix enfantine. Des exclamations d'horreur se faisaient entendre, elles venaient de la grande place du village. Une des maisons en bois avait pris feu. Je tournai la tête pour chercher les propriétaires que je distinguai rapidement entourés d'autres villageois. Leurs vêtements étaient noircis par la fumée. La femme pleurait. Je m'approchai pour interroger les personnes aux alentours :
- Que s'est-il passé ?
- Il y a eu un incendie et un enfant est resté coincé dans la maison.
Un nouveau hurlement retentit. Je frissonnai de terreur. J'étais décontenancée et ne savais pas comment réagir, les pompiers arrivèrent leurs sirènes hurlantes me vrillait les tympans, ils s'élancèrent dans les flammes et revinrent au bout de longues minutes avec une petites filles rousse dans les bras. Celle-ci s'élança jusqu'à ses parents qui sanglotaient de joie. Je rentrai chez moi une fois sûre que tout allait bien.
Ma mère m'attendait devant la porte, elle m'enlaça puis, me sourit. Je pénétrai à sa suite dans notre petite maison en pierre que mon père avait réparée. Mon père? Je ne l'ai jamais connu, mais je sais qu'il est encore en vie. Maman ne me parle pas souvent de lui et j'évite les questions car je sais qu'elle l'a beaucoup aimé.
Notre maison était petite et banale. Un salon, salle à manger et cuisine occupaient le bas avec séparément la chambre de ma mère. Ma chambre à moi était à l'étage. Même si elle était toute petite, je l'aimai bien. On y stockait quelques robes quand la boutique n'avait plus de place. Sinon il y avait mon lit, un matelas délavé, une couverture et un coussin fabriqués par ma couturière privée. Sur le mur d'en face, une petite table en bois me servait de bureau.
Je me changeai, enfilant une robe courte grise et blanche et descendis aider à faire à manger. Notre cuisine était équipée d'un four et de plaques au gaz ainsi que d'un lavabo avec de l'eau courante. On n'avait pas de quoi se plaindre.
- Morgane?, appela ma mère.
- Oui ?
- Tu pourrais aller me chercher des tomates, de la salade et de la viande chez Abigaëlle s'il te plaît ?
- Bien sûr.
- Prends le panier et les dix euros posés sur la table.
- D'accord, autre chose ?
- Ne dépense pas tout.
Elle déposa un baiser sur mon front. Ses lèvres tremblaient, je levai la tête vers elle. Des petites larmes perlaient aux coins des ses yeux.
- Tu as tellement grandi!
- Maman...
- Je t'aime ma puce, allez va.
Je partis donc chez Abi, une marchande qui n'habitait pas loin. Les rues grouillaient de passants comme d'habitude. Les gens déambulaient, achetaient, vendaient, criaient, pleuraient et se disputaient: un vrai désordre.
Mes chaussures en cuir butèrent sur un corps. Surprise, je me penchai vers cette personne qui ne respirait presque plus. Je reconnus le chignon de mon autre amie Lola, une collégienne de 15 ans. Les villageois faisaient comme si elle n'était pas là. (Aujourd'hui plus personne ne fait plus attention aux autres, c'est chacun pour sa peau. C'est immonde ce que l'on est devenu).
Je lui tendis ma main qu'elle s'empressa de saisir. Les muscles tendus, je l'aidai à se remettre debout. De nombreuses entailles blessaient son corps: Lola n'avait pas une très belle histoire. Orpheline, elle a dû arrêter d'aller à l'école pour travailler dans les champs reprenant ainsi la ferme de ses parents morts dans un accident de la route. Elle a été dans l'obligation de se marier avec un horrible fermier nommé Quentin; depuis il la frappe sans relâche. J'évitai de lui montrer mon regard de pitié sachant que sinon elle allait mal le prendre.
- Merci Morgane.
- Je t'en prie, tu ne veux pas aller soigner tes plaies?
- A quoi bon dépenser de l'argent pour me soigner, pour qu'il m'en refasse d'autres?
Sur ces mots, elle partit, le menton relevé et les épaules droites. J'admirai son courage et son ardeur. Mais est-ce vraiment bien de se laisser battre par un mari fou ?
- Bonjour Mo, me salua Abi.
- Bonjour. Je pourrais avoir de la salade, quatre tomates et un morceau de viande s'il te plaît?
- Bien sûr.
Elle partit dans l'arrière boutique que j'avais visitée étant petite. Son magasin était assez exigu. Une caisse enregistreuse toute neuve reposait sur le petit bureau en faux verre. Des armoires occupaient tous les murs de la salle. Dedans il y avait toutes sortes d'ustensiles et d'épices. Elle revint avec ce que j'avais commandé. Je mis le tout dans mon panier et attendis le prix. Il s'afficha sur le petit panneau de la caisse : 6,90€. Je tendis mon billet à Abigaëlle qui le refusa :
- Non Morgane, ne me paye pas, mais, demande à ta mère de me recoudre cette robe s'il te plaît, j'en aurais besoin pour dans trois jours, l'entaille est là.
Elle me donna une longue robe en soie rouge.
- Bien sûr Abi.
- Merci.
Je rentrai chez moi et déposai le tout sur la table.
- Maman !
Ma mère sortis de sa chambre.
- Morgane c'est toi ?
- Oui maman.
- Super! Alors combien as-tu payé?
- Rien.
Je lui tendis fière le billet de 10 euros.
- Mais par contre, elle m'a demandé de te dire de recoudre l'entaille de sa robe pour dans trois jours.
- Bien, elle sera prête. Va dormir un peu je t'appellerai quand ce sera prêt.
- Mais...
- Au lit !
Je montai à contre-cœur les escaliers et enlevai ma tenue pour me glisser sous les couvertures.
VOUS LISEZ
La cave - niveau -3
CasualeIci, vous pourrez retrouver tous les anciens textes de la #Wacademy à partir du n°381. Les commentaires y seront aussi. Et du coup, vous pourrez trouver l'auteur et aller lire la suite de son œuvre, ou en découvrir d'autres...