Prologue
Cette douleur dans la poitrine me réveille une nouvelle fois en sueur. Des larmes ont perlé aux bords de mes yeux. Des frissons glacés me parcourent la nuque. J'erre sans but dans ma chambre avant de me poster à une fenêtre, une cigarette aux lèvres. La nicotine qui entre dans mes poumons me permet d'oublier quelques instants ce cauchemar affreux qui me hante, ou plutôt devrais-je dire ce souvenir. Je ne cherche pas à retenir mes larmes, je les laisse dévaler mes joues, habituée à leurs présences. Une fois ma cigarette terminée, je m'empare de mon téléphone. 3h12. Dans moins de quatre heures je dois me rendre à mon nouveau travail. Je vais intégrer un nouveau commissariat. Je risque d'arriver avec une tête horrible mais tant pis. Mes doigts agrippent le cadre posé sur ma table de chevet, et malgré mes yeux embués, je parviens à distinguer les personnes qui posent sur la photographie. Je la connais par cœur mais j'ai besoin de l'observer, c'est plus fort que moi. Mon psychologue pense à un déni, pourtant je reste très lucide sur les évènements qui se sont produits. Un homme blond aux yeux d'un vert pétillant fixe l'objectif, assis dans l'herbe verte, un bébé dans les bras. Je sais quand a été prise cette photo puisque c'est moi qui me trouve derrière l'objectif. Mes doigts glissent sur l'image du bébé puis sur la bouche du jeune homme alors que de gros sanglots m'échappent.
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« Eva ! Eva ! Attends je ne suis pas prêt, Rose a une coccinelle sur son gilet ! »
Je l'observe retirer la petite bête en question alors que cette mignonne fillette tend sa menotte vers son papa. La coccinelle prend son envol, apeurée, tandis que le bébé se met à rire aux éclats sous le regard amusé de son père.
« C'est bon ? Demandais-je.
_ Oui, tu peux y aller nous sommes prêts ma chérie. Tu ne veux vraiment pas venir sur la photo ?
_ Je n'y tiens pas non, une autre fois peut-être. »
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Je repose douloureusement le cadre et murmure :
"Je suis tellement désolée...."
On m'a toujours dit que la vengeance était un plat qui se mangeait froid, que c'était une mauvaise chose qui nous empêchait de réfléchir correctement, pourtant je n'ai jamais autant fait preuve de réflexion que depuis que je suis animée de ce désir de vengeance. Il va payer. Je le retrouverais et le tuerais de mes propres mains. Mes poings se serrent à cette pensée tandis que je fixe le mur face à moi. C'est uniquement pour cela que je m'efforce de vivre, vivre sans eux.
L'amour est plus fort que la haine dit-on, mais quand on nous enlève l'amour, alors, il ne reste plus que la haine.
Chapitre 1
"Bonjour à tous, je vous présente votre nouvelle collègue Eva Carlsfield, qui sera en binôme avec le lieutenant Reefs. Déclare le commissaire Honey, alors que je me tiens à ses côtés. »
Un homme d'une trentaine d'années aux cheveux bruns ébouriffés et suffisamment grand et musclé pour m'impressionner me salue chaleureusement, salut que je tente de lui rendre sans passer pour une fille désagréable malgré ma tête déplorable. Je n'ai pas réussi à me rendormir cette nuit suite à cette énième cauchemar. Je ressasse sans cesse les mêmes idées noires aussi bien de jour que de nuit. J'attends le moment où je pourrais enfin m'installer à un bureau et que l'on me laissera seule un moment, moi, la fille brisée et incapable comme me cataloguent souvent mes collègues. Après cet "accident", c'est ce qu'ont pensé de moi mes amis d'autrefois. Comment ne pas sombrer dans de telles conditions ? Je me suis retrouvée seule, sans plus aucun point d'attache, aucun ami, aucune famille, juste moi et ma tristesse. Je suis restée de longs mois sans trouver le courage de reprendre le travail, à rester enfermée chez moi, jusqu'à ce que mon ancien commissaire ne me fasse comprendre qu'il valait mieux que je parte, que ma présence n'était plus souhaitée dans son commissariat, alors j'ai fait une demande de mutation et après quelques séances de psy, j'ai fini par atterrir ici. Après tout ici ou là bas, peu importe....
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La cave - niveau -3
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