[Préambule]
Je me souviens de la mort.
Tout était sombre autour de moi, je flottais dans une noirceur profonde, insondable. Pourtant, il me semblait que des lumières brillaient au loin, ça et là, me rassurant par leur présence réconfortante. L'ensemble ressemblait beaucoup à un ciel noir d'encre parsemé d'étoiles étincelantes. Je ne me sentais pas en danger, ni menacée ; pourtant je savais que cela signifiait ma fin.
Je me sentais en paix, en harmonie avec cette éternité à la fois noire et lumineuse ; j'étais en béatitude et pourtant, la petite parcelle d'humanité qui restait en moi ne cessait de supplier « pas maintenant, s'il vous plaît, laissez-moi vivre ! ».
En y repensant aujourd'hui, je ne comprends pas cette frénésie de vivre. Après tout, la vie est parfois belle, mais elle est souvent douloureuse et cruelle, alors que cette éternité qui m'englobait semblait tellement accueillante, chaleureuse ; divine même. Je ne ressentais aucune émotion, à part un bonheur hors-norme, une véritable extase ; j'étais enfin entière, j'étais là et cela me semblait logique d'être ici et non ailleurs. J'étais une petite particule, libérée de son alourdissante enveloppe charnelle, qui flottait dans un immense océan noir comme l'univers, exempt de gravité, nageant dans l'ivresse du bonheur à l'état pur. C'était grisant ; je vivais un moment de félicité.
J'aurais dû me taire et rester là à tout jamais, à flotter dans cet univers merveilleux, mais non, il a fallu que mon esprit hurle à en perdre la raison : « laissez-moi vivre ! »
Malheureusement, ces pitoyables prières ont été entendues.
Des tréfonds de l'abîme qui m'entourait et venue de partout à la fois, une voix, ou plutôt une pensée vibrante de pureté et de puissance, me répondit : « Tu vivras. Mais pas ici, et pas maintenant. »
Alors, l'univers se métamorphosa.
[Chapitre 1 : Le Sauveur]
Cette immensité noire qui m'entourait, qui était jusque-là sans consistance, se mit à devenir solide tout autour de moi. Je recommençai alors à avoir des sensations, et je sentis tout le poids de cet abîme peser soudainement sur moi. Sans y avoir été préparée, je ressentais tout à coup la gravité, le manque d'oxygène, les courants m'entraînant dans tous les sens, et la terreur.
En l'espace d'une seconde, qui sembla une éternité, je passais d'un état de profonde extase à celui de profonde terreur. Cette fois, j'allais mourir pour de bon.
Je suffoquai, je manquai d'air. Je pris alors conscience que j'avais de nouveau un corps, qui réclamait de l'oxygène. Or, l'abîme qui m'entourait en était dépourvu. Là où quelques instants auparavant je flottai dans un océan de félicité, je me retrouvai désormais à me noyer dans un océan au sens propre.
Je ne voyais plus rien, la douleur de mes poumons en feu obscurcissait ma vision et je ne savais plus où étaient le haut et le bas ; quelques instants auparavant, cela n'avait pas d'importance puisque ni l'un ni l'autre n'existaient.
Je me débattais parmi ces eaux noires et tumultueuses qui s'efforçaient de m'entraîner dans leurs profondeurs. Parée d'une énergie nouvelle, je me débattais comme un diable et tentais une dernière fois de regagner la surface. Mais où était-elle, à ma droite, à ma gauche, en haut, en bas ? Prise d'une panique sans nom, piégée par les remous incessants des courants qui m'entraînaient dans les profondeurs, je commençais à perdre espoir et fermai les yeux, priant de toute mon âme de retrouver cet état d'extase dans lequel je me trouvais quelques secondes auparavant. Mais il m'était désormais inaccessible, et mes poumons sur le point d'imploser me rappelèrent que cette fois-ci, je n'allais pas échapper à une mort lente et douloureuse.
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La cave - niveau -3
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