La cave - niveau -3

Texte n°422

PROLOGUE

Il se tenait face à moi en me toisant du regard. Je le fixai avec une lueur haineuse dans les yeux, prenant mon courage à deux mains. Il déclara d'un ton froid :

- Soumets-toi, mon frère.

- Pour faire parti de ton jeu ? Je ne suis pas un pion qu'on manipule à sa guise, Lucifer ! répondis-je d'un ton sec.

- Père t'as banni du Paradis et tu sais très bien que c'est irrémédiable. Tu es dans une impasse, continua-t-il en ignorant ma remarque.

- Non, je demanderai ma rédemption !

- Il ne te l'accordera jamais.

J'étais désespéré, mais je refusais de le montrer. Mon frère insistait depuis des décennies pour que je le rejoigne dans les Enfers, mais accepter, c'était abandonner celui que j'étais, hors pour moi c'était impossible.

- Laisse-moi tranquille, je ne rejoindrai jamais ton armée d'anges déchus. Mène ta petite guerre avec Père si tu le souhaites, mais laisse moi en dehors de ça et fous moi la paix ! m'exclamai-je.

- Ne me parle pas sur ce ton ! Tu as devant toi le Diable en personne, fais preuve de respect, vociféra-t-il, ses yeux flamboyants de rage.

Avant qu'il ne termine sa phrase, je lui tournai le dos en lâchant un léger ricanement.

- Faire preuve de respect ? A toi ? La bonne blague ! Tu ne mérites même pas que je t'adresses la parole.

J'entendis un bruit sourd terminer ma phrase. On aurait dit un gong. En l'entendant, Lucifer me rétorqua :

- Tu oublies notre passé commun. Tu te caches derrière une personne que tu n'es pas. La prochaine fois que nous nous reverrons, sache faire le bon choix. A bientôt, Danael.

Lucifer déploya ses ailes de flammes céruléennes et s'envola en direction du gong qui résonnait toujours. Derrière les mots de mon frère se cachait une déclaration de guerre. Je devais trouver une solution à tous prix. J'étais pris entre deux armées éminentes : celle de Père, l'Armée des Anges vertueux, et celle de Lucifer, l'Armée des Anges déchus. Je soupirai et déployai à mon tour mes ailes. Le monde des Mortels était tout ce qui me restait.

CHAPITRE 1

Théa sentit une légère pression sur son bras, puis elle entendit une voix rocailleuse la sermonner :

-Mademoiselle Rivera, réveillez vous donc ! Ce n'est ni le lieu ni le moment pour s'endormir. Si vous souhaitez vous reposez, retournez chez vous.

La jeune fille ouvrit lentement ses yeux, pour découvrir des regards fixés sur elle. Elle ne comprit sa situation qu'au bout de quelques secondes.

- Je... J'ai dormi ? demanda Théa d'une voix mal réveillée.

- Oui, et je ne vous en félicite pas ! Vous viendrez à la fin de l'heure, j'aurais du travail supplémentaire pour vous et votre insolence.

Elle entendit les élèves ricaner de sa punition. Le professeur marmonna quelque chose, puis retourna au tableau, reprenant son cours.

Théa se lamenta, ce n'était décidément pas son jour. Elle regarda sa montre. Les aiguilles affichaient dix-sept heures vingt-deux. Plus que dix minutes donc... Elle sortit une feuille et chercha un crayon dans sa trousse. Le seul qu'elle arriva à trouver n'était qu'un pauvre stylo noir qui fuyait légèrement. Elle avait probablement dû confondre sa trousse avec son ancienne ce matin, étant donné qu'elles étaient identiques. Théa soupira et commença à griffonner sans trop réfléchir à ce qu'elle dessinait.