Texte n°438

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Chapitre 1

Obsession : réflexion qui monopolise l'attention et la concentration d'une personne qui ressasse cette idée fixe jusqu'à ce qu'elle l'ait résolu ou obtenu.

L'alarme de la base militaire sonna ce premier dimanche de juin 2115. Le vent soufflait sur la plaine aride, soulevant de petites tornades de poussière. Les balançoires des maisons avoisinant la caserne grinçaient sous cette brise joueuse. Les rares arbres présents ne proportionnaient malheureusement que peu d'ombres. L'herbe était sèche et jaune, bougeant au grès du vent. Au loin, on pouvait voir les montagnes de terre rouge se détachant du ciel bleu. C'était une petite base des plus tranquilles, secrètement cachée au milieu de nulle part. Le crie strident de l'alarme brisa cette douce quiétude, noyant le bruit alerte des militaires au pas de course. Un intrus avait été découvert près de la Porte 3, celle menant à la prairie aux étranges agroglyphes. Pendant que les familles furent emmenées dans des souterrains renforcés, le colonel Alcander Ayeres envoi deux groupes de quatre personnes armés jusqu'aux dents s'aventurer vers la source d'alerte. Rester en contact permanent. Faire preuve de prudence. Telles sont les consignes. L'inquiétude gagne peu à peu les soldats. L'intrus est couché sur le sol. Au- dessus des étranges symboles. Il est nu, dos à eux. Battu à mort. Torturé. Voilà les mots qui reviennent sans cesse en tête. La prairie est dégagée. Ils s'approchent peu à peu du corps, l'arme à la main, attentifs. Un soldat le retourne. Son crie se répercute à travers la prairie, faisant sursauter ses collègues.

- C'est une femme les gars ! Colonel Ayeres son pouls est lent mais bien présent. Elle est en vie. En vie.

Heureusement pour elle, elle ne se réveilla pas lorsqu'ils la transportèrent aussi délicatement qu'on puisse transporter un corps à vif. Ils la tenaient entre eux, observant avec une curiosité morbide le sang qui la recouvrait comme une seconde peau. Ici et là, des craquelures apparaissaient, et ce corps inconscient devient une œuvre de Body- painting. Elle ressemblait à un nouveau né sortit par césarienne. Tellement fragile. A la caserne, le silence était d'ordre pendant que la jeune femme était menée à l'infirmerie. Puis les soldats furent convoqués dans le bureau du colonel avec eux, ceux qui donnèrent l'alarme. Personne n'avait rien vu. Rien entendu. Le colonel fut donc contraint d'attendre le réveil de la mystérieuse femme. Il espéra, il pria pour que ses paupières se soulèvent mais son souhait ne fut pas exaucé.

Une quinzaine de jour passèrent depuis cette étonnante rencontre. Une seule pensée le hantait jour et nuit au point de l'obséder. Qui était-elle ? Est-ce qu'en l'emmenant dans sa base il ne condamnait pas ces soldats ? Quelles tortures avait-elle subi ? Pourquoi elle ? Pourquoi ici ? Pourquoi ? Pourquoi ?!! Il en devenait fou au point de faire des insomnies. Son taux de stress montait de jour en jour faisant des exercices d'entrainement un véritable enfer. Alors, à la fin de ce vendredi de juin, il ne résista plus.

L'infirmerie se situait à l'arrière de la caserne, près des maisons abritant les familles de soldats. D'un blanc aseptisé, elle contrastait entre la caserne militaire kaki et les cocons colorés.

- Rosalie ?

Les clics clacs d'une jambe de bois contre la céramique de la salle de soin avant l'apparition d'une femme rousse à la bouille enfantine.

- Tu viens pour elle n'est-ce pas ? J'ai encore perdu de l'argent, ça m'apprendra de parier sur ta maîtrise de toi même, tiens. Je l'ai mise près de la fenêtre pour qu'elle sente les rayons du soleil sur son visage. Peut être qu'ils chasseront les ténèbres dans lesquels elle s'embourbe.

Sans attendre de réponse, sachant que cet homme de peu de parole ne lui donnerait pas d'indices sur ces états d'âme, elle fit glisser le rideau isolant sa protégée des visites quotidiennes.

La cave - niveau -3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant