La cave - niveau -3

Texte n°567

I : Les Anges ennemis

Le jour du Ragnarok, Dieux Anciens et Titans s'affrontèrent pour la dernière fois, dans une bataille qui ne connut que des vaincus.

Ce fut la fin du Deuxième Monde.

Deux frères s'élevèrent alors, et remplacèrent les divinités déchues.

Ahura Mazda et Ahriman.

Lumière et Ténèbres.

Alors commença la guerre.

Une guerre interposée, disciples du Clair contre l'Obscur, Anges Noirs contre Blancs.

Une guerre étouffée, sournoise, parfois masquée, parfois ouverte, mais toujours présente.

La Guerre, qui perdure depuis plus de trois mille cycles.

La Grande Prophétesse, Histoire Passée des Trois Mondes

Le grondement mécanique couvrit jusqu'au tonnerre.

Le Général Chef redressa la tête. Ses vaisseaux prenaient d'assaut le ciel noir, des milliers d'appareils organisés dans un mouvement commun, mus par une unique volonté, sa volonté.

Cette nuit tombait Sif, l'orgueilleuse capitale, cette nuit prenait fin l'impensable rébellion de Fermal Eclarian. Le Neelhan ne pouvait s'opposer à la toute-puissance des armées noires de Kalendor, nul ne pouvait s'opposer à son pouvoir, le pouvoir du Général Chef d'Oriale, Sméarn Pteï.

Ses pas le menèrent aux abords de la piste improvisée. Une pluie insistance s'abattait sur la base militaire, l'eau froide perlait sur son costume noir rehaussé d'or.

Un tel déséquilibre de forces, en apparence, ne s'expliquait qu'avec l'hypothèse de renforts. Jamais ses ennemis ne l'auraient défié s'ils n'avaient espéré pouvoir le vaincre. Et, de toutes les possibilités, un ennemi tout particulier s'imposait avec une insoutenable acuité.

Sméarn plissa les yeux. Un voile translucide, presque invisible, s'étendait sous les nuages. Une magie, une présence, plus que familière.

« Ainsi, tu es venu... »

Un vaisseau retardataire percuta la barrière, avant de perdre le contrôle et de s'écraser dans une gerbe de flammes. Le dôme immatériel ceignait désormais l'ensemble de la base, de même que les terres environnantes.

Le Général Chef activa son communicateur.

« Commandant, poursuivez l'assaut, comme prévu. Je vous rejoindrai plus tard.

— Il est là ?

— Oui, il est temps d'en finir. »

« Ainsi, nous y sommes. »

L'homme aux vêtements blancs avança de quelques pas, son regard balaya le campement en contrebas. Si proche et si lointain, son adversaire l'attendait, protégé par les Ténèbres. Un adversaire qu'il devrait affronter lui-même, seul.

Zawhyk réprima un vertige et tira une longue épée de son fourreau. Le premier sortilège lui coûtait beaucoup, mais il ne pouvait laisser la possibilité au Général Chef de lui échapper.

Une précaution sans doute superflue. Il ressentait non seulement la présence, mais aussi une certaine impatience de Sméarn. Le Kalendorien brûlait de l'affronter.

Autant en finir, une fois pour toutes. L'un d'eux mourrait ici même, cette nuit. De ce combat, le vainqueur deviendrait Grand Maître, de ce combat dépendrait le sort de tout le Système.