Texte n°426

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Elana noua ses longs cheveux roses en une tresse qui descendait dans son dos et se prépara à sortir de sa chambre. Elle soupira longuement en se demandant ce que voulait bien lui dire Sheriia. La Maîtresse lui avait en effet fait parvenir un oiseau-écho, un oiseaux dressé pour répéter les phrases qu'on lui dictait. L'oiseau, qui imitait la voix de Sheriia à la perfection, s'exprimait d'un ton grave et la convoquait au plus vite dans sa demeure. Elana s'était levée en toute hâte et se préparait maintenant à pousser le rideau de roseau qui lui servait de porte. Elle était si nerveuse que des étincelles jaillissaient sous ses doigts. Elle se força à écarter le rideau et à sortir, ne serrai-ce que pour s'empêcher d'enflammer la maison, mais elle redoutait les paroles que Sheriia allait lui prononcer. Sur le chemin qui menait à la maison de la Sage, Elana observait les enfants qui ,insouciants, jouaient dans les allées, et s'amusaient à comparer leurs pouvoirs. Même les enfants sans-pouvoirs s'amusaient, sans que personne ne les rejette, car à cet âge, on est tous à égalité. Devant tant de bonne humeur, Elana aurait presque put oublier la menace du Mal qui planait sur toutes les têtes. Mais seulement ''presque''. Car, même si Arlann, la ville des tisserands-teinturiers, n'avait pas encore été touchée par le Mal qui sévissait dans le Grand Royaume, il y avait toujours un risque. On racontait que le Mal pouvait avoir plusieurs formes, mais qu'il venait toujours de la même personne : Celle-dont-on-ne-sait-le-nom. Elana frissonna rien qu'en y pensant : comment quelqu'un pouvait-il être aussi ignoble ? Décimer ainsi des villages entiers sans le moindre scrupule... Elana arrivait devant l'antre de Sheriia, aussi refoula-t-elle ces mauvaises pensées. Elle inspira une grande bouffée d'un air pur et doux. Mais pour combien de temps, pensa-t-elle en poussant la porte de bois de la maison de sa maîtresse. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, la maison de Sheriia avait toujours été la même. Elle ne comportait qu'une seule pièce vaste et circulaire. Dans un recoin de la pièce, il y avait un rideau tendu derrière lequel se trouvait le lit et les ustensiles de toilette de Sheriia. Tout le reste de la salle servait essentiellement aux soins qu'elle apportait à ses patients. En cette période du Renouveau, il y avait beaucoup moins de patients que durant le Sommeil. D'ailleurs, la pièce était aujourd'hui vide, et Elana entendait la Sage bouger derrière le rideau. Elle ne s'annonça pas, sachant que c'était inutile étant donné que Sheriia avait le don de percevoir la magie. Or, de magie, Elana en était pleine. Elle était une des quatre Marqués, elle maîtrisait donc plus ou moins une forme de magie très ancienne et très puissante, et Sheriia le sentait aussi bien que si Elana s'était trempée dans une cuve d'herbes odorantes. Pour faire passer le temps, Elana fit apparaître deux petites flammes dans chacune de ses mains et entreprit de jongler avec. C'était cela son don : maîtriser le feu. Elle pouvait en faire apparaître, le toucher sans se brûler, et tellement d'autres choses encore qu' Elana ne les connaissait pas toutes. Sheriia poussa le rideau de cuir qui séparait sa maison en deux et s'avança vers Elana. Sans un mot, elle la scruta de la tête aux pieds et hocha la tête. Puis elle invita la jeune fille à s'asseoir sur un des deux coussins posés à même le sol, séparés par le reste d'un feu devenu froid. Toujours dans le silence, Elana s'assit en tailleur sur le coussin et attendit que son mentor se mette à parler. Celle-ci s'assit lentement sur le coussin opposé et tourna ses yeux couleur de mousse vers l'âtre noir et glacé. Sans le quitter des yeux, elle demanda :

- Allume un feu, s'il-te-plaît.

Elana s'exécuta et attendit que la Sage lui donne la permission de parler. C'était une vieille règle qu'elles avaient instauré au début de l'apprentissage d'Elana. Depuis, la jeune fille n'avait jamais déroger à cette règle. Sheriia releva les yeux et dit :

- Tu peux parler.

- Merci. Pourquoi m'avez-vous fait venir ? Le Mal est-il proche ? Y a t-il un problème quelconque ?

- Tu parles vite et sans réfléchir, répondit Sheriia. Mais je n'ai pas le temps de jouer aux devinettes. Elana... Tu vas devoir partir.

- Partir ?, répéta la jeune fille, interloquée. Mais... pourquoi ?

La cave - niveau -3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant