La cave - niveau -3

Texte n°500

Note de l'archiviste : Clo_2021 a disparu de Wattpad. Ci-gît un de ses textes.

Chapitre 1 : Un début de journée ordinaire

Je me réveille en sursaut, en étouffant un cri.

Je savais bien que mes cauchemars recommenceraient, après plusieurs mois de tranquillité. Ils viennent par période, hantant mes nuits et mes jours, m'empêchant d'aller en cours sans arrière-pensée et me pourrissant l'existence encore plus qu'elle ne l'est déjà.

Les images me reviennent par flashs. Je revois la main de la maîtresse glisser alors qu'elle écrivait le R de la rentrée scolaire, je revois les murs qui se mettaient à trembler, je revois les chaînes d'information en direct et l'expression catastrophée des journalistes alors qu'ils annonçaient les lourdes pertes humaines et matérielles.

Et surtout, je revois ma mère. Ma mère qui nous a laissé sa place dans l'embarcation, ma mère qui a donné sa vie pour sauver la notre.

J'inspire longuement en essayant de mettre ce songe de côté. R comme rêve et cela devrait s'arrêter là. Je me lève alors que sa voix résonne encore à mes oreilles.

«Iris ! Ne t'éloigne pas de ta sœur ! Partez tout de suite, on se retrouve là-bas !

-Mais..., commençai-je.

-Y a pas de mais qui tienne ! me coupa-t-elle, avant de m'embrasser sur le front et continuer. Je vous aime, mes filles. Quoi qu'il arrive.»

Tout ça à cause du Cataclysme, qui porte d'ailleurs bien son nom. Cataclysme, qui a éradiqué la moitié de la population terrestre. Cataclysme, qui m'a conduite ici, sur Mars. Nous a conduites. Ma sœur et moi.

Ma sœur dont c'est l'anniversaire et pour qui je ferai presque n'importe quoi. Car depuis ces événements, je n'ai plus le droit de faire n'importe quoi. Parents décédés dans l'embarcation, ou présumés morts. Le fait est qu'ils ne sont pas avec nous sur cette nouvelle planète. Le fait est que cette nouvelle vie se construit sans eux, bien que c'était déjà le cas avant.

Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Je n'ai vraiment pas besoin d'elles. Elles, c'est séismes, raz-de-marée, épidémies, régression, mort, là-bas. Moi, c'est renaissance, espoir, jeunesse, responsabilité, ici. Deux choses incompatibles.

Malgré le mauvais pressentiment qui me retourne l'estomac, je me résous à bouger.

Comme je le disais, c'est l'anniversaire de ma sœur et pour ses onze ans, j'ai bien l'intention de lui faire une surprise !

Après m'être habillée et avoir relevé mes cheveux bruns en une habituelle queue-de-cheval, je sors de notre maison et me dirige vers la maison de nos voisins. Elle appartient à Patrick Poppen, un ancien professeur d'arts plastique d'une soixante-dizaine d'années ; bien qu'il ait cessé ses activités dans les arts en tant que professeur, il continue de peindre ou de sculpter, passions qu'il transmet à ses petites filles, Mava, Camélia et Safio, des triplées âgées du même âge que ma sœur. Eux aussi sont arrivés sur Mars à la suite du Cataclysme, et c'est d'ailleurs grâce à lui que malgré mon jeune âge, j'ai eu le droit à une maison individuelle. Je toque à la porte, et c'est Safio qui m'ouvre. Sa tignasse de cheveux bruns bouclés est encore plus en broussaille que d'habitude et ses yeux marrons globuleux lui donnent un air terrifié :

«Aaaaaaaaaah ! hurle-t-elle d'une voix suraiguë. DES ZOMBIES ! ON VA TOUS MOURIR...»

Elle cligne des yeux, visiblement étonnée et lorsqu'elle reprend la parole de sa voix habituelle, je décèle une nuance de soulagement :

«Oh, c'est juste Iris. Ça va ? Tu viens pour le cadeau ?

-Ouais, c'est...», commencé-je.

Mais, je suis interrompue par deux boules blondes qui surgissent de derrière mon interlocutrice, se jettent sur moi en hurlant et me font tomber à la renverse. Je m'étale à plein ventre sur le sol et me retiens de justesse avec mes mains.