Texte n°488

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Prologue

"Il était une fois. Cette formule que l'on emploie généralement pour faire comprendre au lecteur que c'est une histoire unique qui s'est passée il y a bien longtemps. Seulement cette histoire, puisque je suis encore là pour l'écrire, ne s'est pas passée il y a si longtemps que cela et même pire, continue encore aujourd'hui. Aussi ne vais-je pas utiliser cette formule qui convient plus au conte qui se finissent bien qu'aux histoires dont l'issue reste incertaine."

Amalia Yenshy, Mémoire d'une Ombre, extrait

Voie Lactée. Système Solaire n° 300 122. Terre. Asie. Japon. Tokyo. Je ne pensais pas revoir un jour cette ville ou même cette planète... Quelle drôle de situation, cela me donnerait presque envie de rire. J'étais pitoyable, appuyée contre le mur d'une ruelle sombre, incapable de bouger et en sueur ; les mains poisseuses de son sang. Il m'avait bien eue ! Je ne pouvais même pas le poursuivre ou je risquais de rechuter. Il fallait que je me calme et surtout que je ne perde pas son Aura. C'était tout ce que je pouvais faire pour espérer la retrouver un jour. Espérer... Ce n'était pas mon genre pourtant; seulement en cet instant c'était tout ce que je pouvais me permettre. Espérer qu'il reste sur cette planète, à portée d'Aura. La Lune me narguait, comme pratiquement tous les soirs, en se parant de ses rayons d'argents. Pourtant son secret ne m'était pas inconnu et je savais ce que cachait ce brillant d'apparât.

Chapitre 1 - Premier Jour :

« Je n'ai jamais compris en quoi un premier jour est spécial. Après tout, ce n'est qu'un jour qui commence une série de journées qui se ressemblent toutes. Alors pourquoi devrait-il être différent ? »

Amalia Yenshy, Mémoires d'une ombre, extrait

Ding ding dong

Aujourd'hui était son premier jour dans le collège-lycée Jacques Prévert, près de Paris. C'était là que tous les enfants aisés des environs passaient leur scolarité. Il se composait de plusieurs bâtiments anciens, faits de briques blanches qui formaient un « U » avec, sur le devant, une grande porte en bois sombre au-dessus de laquelle était affichée une pancarte disant « Collège et Lycée Jacques Prévert, vos enfants sont à bonne école. ». Il était rare de voir des bâtiments de ce genre dans les environs ou, en tout cas, ils tombaient en ruine. Elle trouvait cela dommage car d'après elle ce style était bien plus beau que les immeubles en béton que l'on faisait de nos jours...

La jeune fille avait été placée dans la classe des 4e2, vers le fond de la cour. En voyant le rang, de loin, elle se demanda quel effet elle allait produire sur ses camarades de classe. Sûrement que les chaînes en argent qui pendaient à la jupe de son uniforme attireraient l'attention ou encore que ses cheveux lâchés et ses yeux couleur de l'océan sans traces de maquillage lui vaudraient quelques coups d'œil désapprobateurs de la part des écolières qui la regardaient se frayer un passage entre les élèves. Elle ignora leurs œillades appuyées et continua son chemin l'air de rien. Après tout c'était ici que commençait son insertion dans cette école et elle n'avait sûrement pas besoin de filles collantes et curieuses autour d'elle. Sans toute fois s'aliéner toute la classe il ne lui était pas nécessaire d'être amie avec tous les élèves.

Elle jugea, en arrivant dans le rang, que les adolescentes de cette classe étaient pour le moins excitées par la venue d'une nouvelle camarade. Ce fut une jeune fille rousse au chignon haut et à l'allure fière qui l'aborda en première:

- Tiens, un vilain petit canard ! Se moqua-t-elle, provocant ainsi l'hilarité d'une bande de vipères qui se massaient autour de la nouvelle venue.

Elle ne répondit pas, insensible à ces brimades qu'elle jugeait enfantines. La nouvelle n'avait pas de temps à consacrer pour des querelles de ce genre. Cela plaisait à la rouquine d'amuser la galerie en se moquant des nouveaux élèves ? Libre à elle. La demoiselle ne lui accorda même pas un regard, trop occupée qu'elle était à observer ses camarades de classe. Dix-huit au total dont onze filles et sept garçons. Trois bandes de cinq, elle et deux adolescents à part. Elle alla d'abord vers une blonde qui se présenta comme Mélanie. Cela se voyait au premier coup d'œil que c'était une personne intéressée et vicieuse. Ne jugeant pas sa personnalité adaptée à ses critères elle expédia la conversation avant de changer de cible. Toutes les filles étaient soit trop curieuses, soit trop cupides, soit tout simplement trop insupportables. Elle se dirigea donc vers les deux jeunes de son âge, les autres garçons étant trop stupides à son goût.

La cave - niveau -3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant