La cave - niveau -3

Texte n°504

PROLOGUE

L'armée s'élança comme un seul homme. Tous avides de sang, l'arme au poing. Toutes ces races mélangées dans le seul but de s'entretuer. Ils couraient à un rythme effréné, seulement une bonne partie d'entre eux ne verront surement plus le soleil, peut-être même tous. Cette mêlée infernale entre laquelle se faufilait la Mort, raflant au passage quelques proies était vouée à un destin lugubre.

Des combattants chutaient lourdement au sol, vaincus, et une tâche vermeille s'élargissait dans le sable brûlant du désert.

Soudain, des points de lumières d'un large panel de couleurs s'élevèrent dans le ciel et s'abattirent comme la foudre sur les soldats des deux camps. Bientôt certains se contorsionnèrent de douleur : les mages étaient entrés en action.

Une jeune femme aux cheveux argentés emmêlés par le vent attendait, la boule au ventre. Elle ne savait pas si elle allait s'en sortir vivante. Au fond, elle n'avait aucune envie d'être sur le champ de bataille.

D'un geste indécis, elle sortit alors une flèche de son carquois, releva son arc et l'encocha, les doigts tremblants. Puis, elle tendit la corde et visa.

Elle perçut un soldat qui s'apprêtait à assener un coup de dague à son adversaire qui lui serait sûrement fatal.
Elle allait le tuer, rendre une femme veuve, et des enfants orphelins. Elle ferma un moment les yeux : qu'est-ce qu'elle en avait à faire ? Après tout c'était la guerre, et ce n'était pas le moment d'être sentimentale. Elle relâcha la corde.

La jeune femme n'eut pas le temps de voir la flèche atteindre sa cible qu'un homme l'attaqua de front. Alors elle saisit sa dague à la lame noire et l'enfonça profondément à travers la cotte de maille de son adversaire.

Il ouvrit la bouche, un râle s'en échappa et il cracha du sang. Ses yeux se révulsèrent et il s'effondra dans le sable. La lame de la dague redevint blanche. Le sort avait fait son effet.

Tout à coup, une gerbe de flammes embrasa le ciel et tout le monde présent en cet instant riva les yeux vers cette boule de feu qui remplaçait en cet instant l'astre du jour.

La peau des soldats brûlait à travers leurs nombreux tissus et l'air devint très rapidement irrespirable. Ce brasier gigantisme déferla sur l'armée, et les combats cessèrent. Chacun tenta de s'enfuir, sans vraiment y parvenir. On aurait dit une cage à oiseau, annihilant toute forme de vie se trouvant à l'intérieur.

La jeune femme sentit qu'on lui saisissait la main. Elle se retourna vivement et reconnut son compagnon.

Sans plus tarder, il lui fit signe de fuir, tandis qu'une giboulée de magma s'écrasait sur le sable le transformant instantanément en verre.

La jeune femme puisa sur ses jambes, usant les dernières forces qu'il lui restait. Ses mollets étaient entièrement brûlés, la chaire semblait calcinée, mais elle ne ressentait pratiquement pas la douleur. L'adrénaline, mais aussi le petit être qui grandissait à l'intérieur d'elle lui donnaient le courage d'avancer.

Un couteau lui frôla la tête, tranchant une mèche de ses cheveux, le second atteignit son épaule. Elle sentit la main de son mari glisser. Brusquement elle se retourna. Elle le vit étalé au sol dans une mare de sang. Ses cheveux blonds avec ses boucles d'ordinaires si soyeuses étaient à présent souillés de sang.

Elle tomba, les genoux dans le sable sous le choc. La jeune femme se traîna jusqu'à lui et le secoua violemment en l'appelant d'une voix de plus en plus désespérée.

- Laisse-moi... murmura celui-ci en haletant. C'est peine perdue, sauve-toi.

Pourtant, la jeune femme ne voulut rien entendre. Elle commença à sangloter, cherchant en vain à arrêter le sang qui affluait de la plaie béante de son compagnon. Elle répétait inlassablement, mais il ne se produisit rien.