Chapitre 32

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L'émotion me sera la gorge et je serrai mes bras plus fort autour du corps d'Eva. Sa chaleur, sa présence me faisait du bien, je me repaissais d'elle et progressivement, la douleur s'effaça. La partie la plus logique de mon cerveau me soufflait que je n'avais pas à subir ça, qu'enterrer mes problèmes n'était pas la solution, mais la partie la plus lâche refusait de l'écouter. Pour le moment, elle l'emportait, et je tus mes angoisses, caressant les cheveux de la jeune femme tandis que nous nous séparions.

Son regard inquisiteur se riva à mes prunelles et j'enfilai un masque de cordialité, un peu tard, au vu de ses sourcils froncés. Je me penchai, l'embrassant doucement et j'esquissai un faible sourire.

— Je file à la douche.

Elle hocha simplement la tête et je rejoignis la salle de bain sans rien ajouter. Sous l'eau, je ne pus m'empêcher de me maudire intérieurement. Mon ex-femme revenait trop régulièrement pourrir mes journées ces derniers temps, m'empêchant de profiter pleinement de ma relation avec Eva. Je devais sceller ce passé, il ne m'apportait rien de bon. J'avais des projets, j'avais de nouveau un but, une lueur d'espoir, ce n'était pas suffisant pour l'écarter de mes pensées ?

Lavé et habillé, j'allai récupérer ma mallette, ne me préoccupant que de remettre de l'ordre dans ma tête, de la normalité dans mes journées. Mallette, voiture, CFA. Et Eva, au milieu, pour enrichir le tout et m'englober dans une petite bulle de douceur et de chaleur. En la retrouvant dans l'entrée, je passai ma main sur sa hanche, la rapprochant de moi. J'avais tant besoin de la toucher, de la sentir contre moi. Mes lèvres écrasèrent les siennes et mon désir pour elle s'enflamma à nouveau. Lâchant ma mallette, mes doigts se mêlèrent à sa chevelure tandis que mon cœur explosait.

— Tu rentres avec moi ce soir ? m'enquis-je entre deux baisers.

Elle frissonnait, le souffle court et hésita faussement :

— Pourquoi pas ?

Je grognai, insatisfait et dévorai sa bouche, affamé. Ma langue chercha la sienne et son soupir contre mes lèvres déclencha une vague brûlante dans mon corps. Le souvenir du goût de sa peau, de la façon dont elle avait gémi entre mes doigts, me revint violemment en mémoire et je perdis pied quelques instants.

— Tu me rends fou, grondai-je en plongeant mon visage dans ses cheveux, humant son odeur.

Elle ne répondit pas et, sans y penser, mes mains se frayèrent un passage sous ses vêtements, retrouvant sa peau si douce, mais elle s'écarta soudain.

— On ferait bien d'y aller, dit-elle, le visage en feu. Arriver en retard tous les deux, ce n'est pas le plus discret.

— Au diable la discrétion ! soupirai-je.

Je voulais tant profiter encore d'elle ! De son corps, de ses caresses ! Elle haussa un sourcil interrogateur.

— Tu n'es pas sérieux, hasarda-t-elle.

— Non.

Et pourtant, j'aurais aimé l'être un peu plus. Je n'avais plus vingt ans, je n'avais plus le loisir de me faire porter pâle pour une raison aussi triviale que rester au lit avec ma petite amie. Et nous deux, absents en même temps ? Je n'étais pas si téméraire. Nous partîmes en badinant joyeusement dans la voiture, l'épisode orageux de la matinée oublié dès que j'avais démarré. En la déposant au croisement, elle esquissa un sourire empli d'espoir et je l'embrassai doucement.

— À ce soir, soufflai-je.

Elle eut un hochement de tête intimidé et descendit précipitamment tandis que je pris le chemin du parking. Il ne fallut pas longtemps à Eva pour m'envoyer un message, tandis que je prenais le chemin des laboratoires. Mon sourire béat se fana légèrement à la lecture de ses mots.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant