Chapitre 66

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✉ Luc - [Dans ta chambre, maintenant.]

Je n'avais pas voulu être aussi cassant, mais c'était fait. Je n'eus pas de réponse, en revanche, j'entendis des pas s'approcher. Appuyé contre le mur, je quittai mon téléphone des yeux et les levai en direction d'Eva, qui trottait dans ma direction, regard baissé, l'air fébrile. Elle passa devant moi, faisant voler son parfum jusqu'à mes narines, et fonça sur sa porte, la déverrouillant maladroitement. Elle me précéda et j'eus un regard dans le couloir, vérifiant que personne ne me voyait entrer et je fermai derrière moi.

Eva était installée sur son lit, assise en tailleur, le regard incertain, sa veste serrée contre son ventre. J'eus du mal à rester insensible à sa soudaine faiblesse et je déglutis, la fixant d'un air sombre.

— Donc tu me balances des horreurs et tu files te réfugier chez les garçons ? accusai-je, amer.

Elle baissa la tête, visiblement ébranlée par ma remarque et je m'approchai lentement. Je m'agenouillai devant elle, me mettant à sa hauteur, et cherchai son regard. Après un échange douloureux, elle se détourna, les prunelles humides. La voir ainsi me serrait le cœur, je n'étais pas capable de rester fâché longtemps.

— Je suis désolée, bafouilla-t-elle, la voix hésitante. Je...J'avais besoin de réfléchir.

Elle tritura ses mains et je posai la mienne dessus, désirant calmer ses nerfs. Elle inspira et lâcha difficilement, toujours sans me regarder :

— J'ai... je ne peux pas m'empêcher de penser que tu mésestimes mon engagement.

— Mésestimer ? remarquai-je avec un sourire. Encore un terme ampoulé ?

Elle me cogna l'épaule, ses joues prenant une jolie couleur carmin.

— Eva, regarde-moi.

Elle lâcha un soupir avant de se résigner et quand nos prunelles se rencontrèrent, mon estomac se noua. Elle était si belle, si fragile. Sa main se posa sur ma joue d'un geste tendre et nous joignîmes nos fronts d'un même mouvement.

— Je ne suis pas fière de ce que je t'ai dit.

— Je me doute. Et je regrette ce que tu as entendu.

— Tu ne regrettes pas ce que tu as dit ? remarqua-t-elle aussitôt.

J'eus un vague rire, légèrement crispé. Je pouvais lui confier une partie de mes angoisses, non ?

— Parfois, je me convaincs que tu es une gamine abîmée, que tu ne sais pas où tu vas, avouai-je dans un souffle. Mais tu le sais très bien et j'ai le sentiment qu'une fois que tu auras repris confiance en toi, tu n'auras plus besoin de moi.

Et tu me quitteras. Comme l'a fait Nora. Je retins un soupir las, de peur de trahir la tristesse qui m'envahit soudain, et Eva s'approcha, scellant ses lèvres aux miennes avec fougue. Surpris, je mis quelques secondes avant de réaliser ce qu'il se passait, qu'elle nouait déjà des bras autour de ma nuque, m'attirant un peu plus à elle. Je passai mes mains sur ses hanches, m'approchant d'elle, collant mon corps au sien et quand elle commença à quitter son pull, je l'interrompis, retenant ses poignets.

— On n'a vraiment pas le temps, soupirai-je malgré moi.

— Je sais me montrer persuasive, grogna-t-elle, reprenant ses baisers.

Sa langue glissa sur mes lèvres et je grondai de frustration quand ses mains passèrent sous mon t-shirt, effleurant ma peau. Son contact me brûla presque et mon désir grimpa furieusement. Incapable de quitter ses lèvres, je tentai de nous raisonner :

— Eva, ce n'est... pas...

Comment était-elle parvenue à retirer son haut ? Je n'en savais rien. Tout ce que je compris, c'était qu'elle avait encore gagné, et quand je retirai son soutien-gorge, mes lèvres dans le creux de son cou, je me maudis. Cette femme aura ma peau.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant