Chapitre 44

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Le chalet était devant nous et le regard d'Eva passa de celui-ci, aux plaines enneigées nous entourant. Je devais admettre que, même si je connaissais déjà l'endroit, j'étais toujours aussi impressionné par sa localisation et le panorama était splendide. L'énorme chalet « Le Céleste » était perché là, sur sa butte, derrière laquelle les hauts pics des Aravis nous surplombaient. Lors de ma dernière visite, il n'y avait pas autant de neige, et j'étais impatient de voir ce que donnaient le reste de l'hôtel sous cet épais manteau blanc. Eva semblait autant intriguée qu'émerveillée et elle retrouva la voix au moment où je quittai l'habitacle.

— Où sommes-nous ?

Je sortis nos bagages du coffre et m'emparai de la poignée de ma valise, puis d'un de ses sacs d'un geste, avant de refermer le coffre.

— Clusex, l'informai-je en me dirigeant vers l'entrée du chalet. Petit village de la chaine des Aravis, pas très connu puisqu'il n'y a pas de station proche et donc très peu touristique. Un ami a monté cet hôtel il y a quelques années.

— Comment fait-il pour en vivre, s'il n'y a pas de touristes ? s'étonna-t-elle.

J'eus un sourire amusé. Elle était si terre-à-terre !

— Oh ! Son hôtel est plutôt atypique, glissai-je, mystérieux.

Elle roula des yeux et je pouffai. Elle détestait être prise au dépourvu, je l'avais cerné, mais ça n'entamait pas sa bonne humeur, car elle retrouva un léger sourire lorsque nous pénétrâmes dans l'enceinte de l'établissement. Tandis que les yeux d'Eva scannaient les lieux, émerveillée, je me présentai à l'hôtesse, derrière l'immense bureau taillé directement dans un tronc entier. L'odeur du bois était intense et j'inspirai avec délectation.

— Bonjour, j'ai une réservation au nom de Baillet, annonçai-je avec un sourire.

— Monsieur Baillet, oui ! répondit la jeune femme en souriant. Monsieur Gaspar m'avait prévenue de votre arrivée matinale.

Elle me tendit une clé et sortit le plan de l'hôtel, mais je l'interrompis :

— Je connais les lieux, pas de soucis.

Eva haussa un sourcil tandis que l'hôtesse me souriait poliment :

— Parfait en ce cas ! Pour votre excursion, vos encas seront prêts pour votre départ. Il vous suffira de repasser par moi. Même chose si vous souhaitez profiter de notre piscine et sauna, les serviettes de bains sont ici.

Je hochai la tête, soulagé qu'elle ne dévoile pas toutes les informations de notre séjour, j'avais encore envie de réserver quelques surprises à mon Eva ! Je récupérai la clé en la remerciant et me tournai vers elle en lui souriant d'un air encourageant. Ses sourcils froncés, elle accepta de me suivre sans rien ajouter. Je nous fis traverser un large couloir qui longeait l'espace bar restaurant, où quelques touristes déjeunaient devant les immenses baies vitrées. Ils étaient peu nombreux, en cette heure matinale, et le calme qui régnait était particulièrement reposant.

J'ouvris une nouvelle porte, donnant sur l'extérieur et Eva me suivit, toujours plus perplexe. Je plaçai ma valise sur un petit traineau mis à disposition, puis récupérai ses bagages avant de me pencher vers elle. Ne pouvant m'en empêcher, je passai ma main fraiche sur sa nuque, attirant son visage vers le mien, l'embrassant doucement. En me reculant, je vis ses joues rosir et je me mordis la langue tandis qu'un long frisson me parcourait. Je m'emparai du guidon du traineau et le poussai avec lenteur.

— Intriguée ? interrogeai-je avec un sourire.

— C'est un doux euphémisme, souffla-t-elle.

— Nous y sommes presque. Tu vas adorer.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant