Chapitre 56

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— Bien essayé, soupira Eva, le teint rose. Mais on va éviter de tourner autour du pot, non ?

Je ne m'attendais pas à cette réponse aussi, je perdis mon sourire et m'approchai d'elle, posant ma main sur sa joue. Elle avait l'air affectée et, quoi qu'elle ait pu me cacher, ça la rendait malade.

— Vous aviez l'air de vous disputer. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien.

Elle poussa un lourd soupir et je me mordis la langue, réfrénant mon désir de la secouer, lui faire cracher la vérité. Que se passait-il avec Andy ?

— C'est... une longue histoire et...

Sa voix dérapa et elle s'interrompit avant de me jeter un regard implorant.

— Promets-moi de ne pas te fâcher, demanda-t-elle faiblement.

Oh putain, ça pue. Je serrai les dents et fronçai les sourcils, prêt à entendre le pire. Je m'y étais préparé, de toute façon, j'étais déjà persuadé de savoir ce qu'elle allait m'annoncer. Je ne promis rien et elle baissa les yeux, reprenant difficilement.

— Lors de notre sortie en motoneige, j'ai... je t'ai... pris en photo, discrètement.

Mon souffle se bloqua inconsciemment. Était-ce encore pire que ce que je pensais ?

— Au nouvel an, Andy m'a proposé de nous prendre en photo, les filles et moi, avec mon téléphone.

— Et il est tombé dessus, interrompis-je sèchement.

Je n'avais pas voulu l'être, mais l'agacement gagnait du terrain sur ma patience, et j'étais de plus en plus tendu. Eva hocha lentement la tête et continua :

— J'ai réussi à lui faire croire qu'elle venait des réseaux sociaux.

Je fermai les yeux, retenant un gémissement, comprenant enfin son attitude de mardi soir.

— Mensonge qui ne tient plus depuis mardi, remarquai-je, cassant.

Je ne devais pas m'énerver, je devais garder la tête froide. Réfléchir, trouver une solution.

— Bon. Et ce soir, alors ? ajoutai-je.

— Ce... ce soir ? répéta-t-elle en reniflant.

— Oui, ce soir !m'agaçai-je. Qu'est-ce qu'il te voulait ?

— Il... Il me demandait si j'avais eu ma place en masterclass par mon propre mérite, ou si tu m'avais avantagée.

— Donc, il sait ?

— Non !

Ce n'était pas une question, je le savais, je le sentais, Andy était au courant. Qu'Eva tente de me persuader du contraire était inutile. Je frémis légèrement. De colère, de peur, je n'aurais pas su dire.

— Il croit juste que je suis une espèce de folle de groupie qui te poursuit et te harcèle en quête de reconnaissance, d'amour partagé, je n'en sais rien ! continua Eva, la voix un peu plus aiguë. Là-dessus, il m'a bien fait comprendre qu'il m'estimait n'avoir aucune chance avec toi, t'en fais pas pour ça !

Quoi ? Quel genre de conversation ils avaient, ces deux là ? Je baissai mes yeux vers elle et des larmes s'échappèrent de ses paupières. Elle retint un sanglot et poursuivit :

— En revanche, il a vu que tu me regardais souvent et là encore, j'ai dû lui mentir, lui dire que c'était juste de l'inquiétude, parce que tu savais que j'avais été agressée ! Il m'a dit... Il m'a parlé de William.

La colère me quitta soudain et une vive inquiétude m'ébranla.

— Quoi, William ? grondai-je.

— Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu savais ce qu'il était !

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant