Chapitre 58

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Devant la porte, Eva semblait avoir beaucoup de mal à faire tourner les clés dans la serrure. Je pouffai d'amusement, dissimulant mon excitation. Pénétrer chez elle, voir où elle vivait, découvrir sa chambre, son univers, avait été de l'ordre du fantasme, jusqu'à présent, et j'avais du mal à réaliser. L'appréhension de croiser son père était tapie dans un coin de mon crâne et pourtant, je me laissais entrainer facilement, trop curieux et émerveillé pour écouter toute prudence.

Eva ferma la porte d'entrée et nous nous débarrassâmes de nos manteaux et chaussures tandis que je haussai les sourcils à la découverte de la première pièce. On devinait aisément leur niveau de vie, même dans le vestibule. Large, lumineux et sobrement décoré, tout était chic et de bon goût, et j'eus une moue impressionnée tandis qu'Eva m'emmenait faire le tour du reste de la maison.

Elle me fit découvrir le rez-de-chaussée assez rapidement, je n'eus pas le temps de vraiment tout analyser, mais j'étais impressionné par la taille des pièces, le choix des matériaux pour les sols, les murs, l'imposante télévision accrochée au mur. De larges baies vitrées couvraient quasiment la totalité des murs extérieurs, me donnant une vue imprenable sur la terrasse et le patio, tout aussi chic et luxueux. J'étais presque surpris de ne pas voir de piscine. Je notai qu'Eva m'emmenait jusqu'à un autre salon qui faisait plus penser à une élégante bibliothèque, et le bureau de son père, avant de m'emmener visiter l'étage.

Nous grimpâmes un large escalier fait de bois, métal et verre, et je pinçai les lèvres, imaginant le stress de la jeune femme de m'emmener voir sa chambre, son cocon. J'eus soudain une appréhension. Et si sa chambre était trop adolescente, pour moi ? Est-ce que j'allais flipper ? Au moment d'ouvrir la porte, m'invitant à entrer, nos regards se croisèrent et je la vis blêmir. Avait-elle les mêmes appréhensions que moi ? Je ne dis rien et avançai d'un pas mesuré, les émotions chamboulées.

Je fus aussitôt rassuré et je me permis un soupir de soulagement en réalisant que la chambre était telle que je me représentais Eva : lumineuse et naturelle. Tout était clair, sobre, mais en même temps très chaleureux. Tout était un mélange de blanc nacré et bois, avec des touches de verdure, comme une plante tombante au sommet d'une étagère, un bureau élégant et un tapis taupe qui se mariait superbement à l'ambiance de la pièce.

La sensation d'être dans une pub pour agence immobilière était atténuée par des vêtements qui traînaient dans un coin, le bureau était un peu en bazar, et un verre d'eau encore plein était négligemment posé sur sa table de nuit. C'était un lieu de vie, malgré l'impeccabilité de la pièce. C'était beau, c'était clair, c'était pur et je me tournai vers Eva. Celle-ci s'était approchée de son lit à baldaquin original et alluma une guirlande qui brilla sur la toile, rendant l'espace un peu plus féérique et doux. J'eus un sourire enchanté.

— Et la porte, là-bas, c'est ma salle de bain, désigna-t-elle du doigt.

Je tiquai sur le pronom possessif et haussai les sourcils.

— Tu as une salle de bain personnelle ? m'étonnai-je, impressionné.

Elle haussa les épaules, le teint un peu rose.

— Très jolie chambre, admis-je en lorgnant une nouvelle fois partout avant de revenir à elle.

Elle semblait hésitante et je lui tendis la main pour qu'elle se rapproche. J'imaginai son besoin d'être rassurée et je l'enlaçai doucement, plongeant mon regard dans le sien.

— Vraiment très jolie, chuchotai-je.

Mon double sens fit mouche, car ses joues se colorèrent joliment. Elle leva les yeux au ciel, faussement nonchalante et je plaçai mes mains sur ses reins. Son corps contre le mien provoqua quelques torsions dans mon estomac.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant