En retournant à notre chambre, nous remarquâmes les plateaux repas, disposés sur un charriot à l'entrée de l'igloo. Nous les récupérâmes et les posèrent sur la table basse, avant de nous installer dans le canapé. L'hôtel avait rivalisé d'imagination pour nous fournir des amuse-bouches salés et sucrés, colorés et très soignés, alignés sur les plateaux sombres. Je récupérai la bouteille de champagne qui accompagnait le tout et commençai à l'ouvrir avec dextérité.
— Tu comptes me saouler ? ricana Eva tandis que le bouchon décollait, sans que je parvienne à voir où il avait atterri.
— Pourquoi pas ? répliquai-je, pince-sans-rire. Tu dormiras plus vite et je serais enfin débarrassé !
Elle fit une moue et croisa les bras sur sa poitrine, guère amusée.
— C'est petit et mesquin.
Je pouffai et l'embrassai gentiment, désamorçant sa bouderie. Je nous remplis deux coupes et nous trinquâmes d'un mouvement.
— Ce sont mes questions qui te dérangent ? continua Eva d'un air suspicieux.
Je la regardai en haussant un sourcil. Elle n'était pas du genre à lâcher l'affaire, je le savais déjà, et c'était une des qualités que j'appréciai chez elle. Mais elle allait trop loin, dans ses questions, même si...
— Elles sont insidieuses, admis-je en attrapant un feuilleté salé. Mais légitimes.
— Mais tu ne comptes pas y répondre.
Je ne le peux pas.
J'eus un sourire contrit, les poumons figés. Il y avait trop à dire, trop à porter, je savais que ça finirait par trop me peser, mais je n'étais pas prêt. Pas ce soir, pas maintenant. Eva secoua légèrement la tête, visiblement déçue, avant de fermer les yeux.
— J'ai de la patience à revendre. Vraiment. Mais tu arrives à puiser dans des réserves que je ne pensais pas avoir.
— J'entends, soupirai-je.
Je la blessais et je m'en voulais. Pourtant, j'étais incapable de lui donner satisfaction. Je ne parvenais même pas à lui expliquer pourquoi, même si j'étais sûr qu'elle le comprendrait. Je ne voulais pas que son regard change, je ne voulais pas qu'elle me perçoive comme faible. Pas elle, alors qu'elle avait vécu tant de fois pire !
— Est-ce qu'on peut en parler plus tard ? implorai-je. J'espérais garder cette soirée un peu festive.
Elle haussa les épaules, comme si ça ne la touchait pas, et enfourna un canapé sans rien ajouter. L'ambiance s'était alourdie et ça me peinait. Je ne pouvais pas lui donner ce qu'elle voulait, alors il ne restait qu'une chose pour lui rendre le sourire.
— Un instant, j'arrive.
Je me levai, l'abandonnant sur le canapé et me dirigeai vers mes vêtements, soigneusement pliés dans l'armoire de la chambre, et je récupérai le petit paquet emballé. Je le tins entre mes doigts, esquissant un sourire. Elle ne m'en voudra plus, une fois qu'elle l'aura ouvert !
En retournant dans le petit salon, Eva se tourna vaguement vers moi avant de ranger son smartphone d'un geste maladroit. Je n'y pris pas garde et dissimulai le cadeau dans ma main droite, derrière mon dos. La jeune femme leva les yeux au ciel et eut un petit sourire.
— Je dois vraiment choisir la main ? gémit-elle, blasée.
Je pouffai et, n'y tenant plus, lui tendis le présent avec un geste impatient. Elle rougit furieusement tandis que je m'installai à nouveau près d'elle. Elle tripota le petit nœud doré d'un mouvement nerveux et se pencha vers moi pour un rapide baiser.
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Evangeline [En cours]
Romance[Ne pleure pas mon ange, version Luc Baillet] L'univers de Luc Baillet s'est effondré. Juste en un instant, sa vie a volé en éclat. Il doit reconsidérer sa situation, ses projets, son avenir. Il tente de tout reconstruire, sans conviction, incertain...