Evangeline [En cours]

Chapitre 43

Ma famille rentra du restaurant pour me trouver un peu plus serein, et bien plus agréable à côtoyer. Je mis mon humeur sur le compte de la fatigue et ils n'insistèrent pas, connaissant mon tempérament buté. Nous passâmes le reste de la journée agréablement et je les quittai le lendemain pour terminer mes derniers préparatifs de mes deux jours avec Eva. J'avais confirmé la nuit avec Baptiste, il m'informa ne pas être présent pour m'accueillir, mais confiait la tâche à sa réceptionniste, et je bookai le reste avec cette dernière par mail, notamment les repas, et l'activité. Je souriais d'avance, Eva allait adorer ce séjour !

Nous avions convenu que j'allais la récupérer chez Chloé, afin d'éviter de croiser son père. L'idée venait d'Eva et j'étais toujours plus impressionné par sa présence d'esprit et sa capacité d'anticipation. En fin d'après-midi, après une longue période d'esquive, je retournai au dojo. Le sensei me regarda saluer en haussant un sourcil, mais ne dit rien. Il me fit travailler plus dur que les autres, fut un peu plus sec qu'avec les autres, mais j'encaissai sans rien dire, conscient d'être puni, à juste titre. À la fin du cours, j'étais rincé, mais content de moi. On me demanda si j'allai revenir bientôt, je ne répondis pas, incertain.

Après le dîner, courbaturé et épuisé, je terminai ma valise, vérifiant le contenu une dernière fois avant de me préparer pour la nuit, déjà impatient. Je me brossais les dents quand je reçus un message d'Eva, visiblement agacée.

✉ Blanche-Neige — [Comment suis-je censée m'habiller si je ne sais quelle météo nous allons avoir ?]

Je l'imaginai pester devant ses bagages, tournant en rond, indécise et je pouffai en tapant à une main.

✉ Luc — [Comme en hiver 😉]

Amusé, je repris ma tâche tandis que la réponse fusait.

✉ Blanche-Neige — [Avec un peu d'effort, je suis sûre que tu peux être ENCORE plus vague]

Cette fois-ci, j'éclatai franchement de rire. Elle qui voulait tellement tout contrôler, ça devait la rendre dingue ! Je me mordis la lèvre et, indulgent, l'orientai quand même.

✉ Luc — [Pense à prendre ta veste et pantalon de ski. Il risque de faire froid 😀]

Je n'eus pas de retour, elle devait sans doute terminer ses préparatifs également, en m'insultant copieusement, et je m'allongeai, un livre à la main. Je savais que j'allai avoir du mal à m'endormir. La perspective de revoir Eva, après avoir réalisé que j'étais finalement bien tombé amoureux d'elle, me rendait un peu fébrile. J'avais peur de me comporter comme un idiot.

J'avais éteint la lumière depuis quelques minutes, espérant vaguement que Morphée vienne me chercher quand mon téléphone vibra doucement.

✉ Blanche-Neige — [Tu dors ?]

Si je lui répondais, adieu ma tentative d'endormissement ! J'étais évidemment faible.

✉ Luc — [Difficilement]

Après une courte minute, elle m'appela directement. J'eus un sourire avant de décrocher.

— Alors, stressée ? me moquai-je gentiment.

— Tu connais l'histoire de l'hôpital et de la charité ?

— Oui, c'est moi qui te l'ai raconté, pouffai-je.

Je m'installai sur mon oreiller, fixant le plafond sans le voir.

— J'ai tellement hâte d'être à demain que j'ai l'impression de faire de la tachycardie.