Chapitre 35

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Le petit déjeuner ayant été pris tardivement, nous ne mangeâmes pas à midi et, le soir venu, nous commandâmes des pizzas et retournâmes au salon, discutant des dernières vidéos vues sur Viewtube et de nos vidéastes préférés. Je lui expliquais l'existence de la célèbre plate-forme de streaming Twitch et elle pinça les lèvres quand je lui demandai quel âge elle avait réellement.

— Tu devrais connaître, c'est plus ta génération que la mienne ! me moquai-je gentiment.

— Ma sœur est plus branchée geek que moi, avoua-t-elle. Je n'ai même pas téléchargé les dernières applis de réseaux sociaux.

— T'es une boomeuse avant l'âge, c'est grave quand même, commentai-je en secouant la tête.

Elle m'envoya un coussin du canapé au visage avant de rire avec moi. Puis, nous reprîmes les discussions, nous découvrant un peu plus à chaque fois. Eva était toujours plus à l'aise, à chaque fois que nous passions du temps ensemble et, j'étais ravi de le constater, plus amusante, plus brillante, plus vibrante. Elle était incroyable. Avec elle, je me sentais sourire en permanence.

Quand nous allâmes nous coucher, l'ombre de mes secrets, de ce que je lui dissimulai, fit redescendre mon moral subitement. Je voulais tant lui parler de mon lien particulier avec Pierrick, de ce que j'avais réellement vécu avant de devenir prof. De ce que j'avais été forcé d'abandonner, après mon divorce. Je n'en avais pas le cran. Ce serait rajouter un poids sur ses frêles épaules, ce serait avouer que je n'étais pas si solide.

Blottis l'un contre l'autre, elle s'endormit rapidement, encore une fois. Je regrettai de l'avoir tenue réveillée aussi longtemps, elle qui avait un rythme délirant. Mais ces heures passées avec elle m'étaient tellement précieuses ! Mon esprit divagua encore de longues minutes, sans que je puisse trouver le sommeil. Trop de choses tournaient dans mon crâne. Le concours à venir, les fêtes avec ma famille, le déplacement à Paris avec mes apprentis avec ce que ça impliquait : faire rencontrer Pierrick et Eva. Ma jolie Eva.

Je caressai doucement sa joue, tout à mes pensées. Je sentais que mes liens avec elle devenaient plus étroits, plus forts encore. Je ne devais pas, je ne pouvais pas. Je devais impérativement me protéger. Soudain, Eva se mit à rire faiblement.

— Arrête, c'est froid, pouffa-t-elle.

Je retins un ricanement. J'adorai quand elle parlait dans son sommeil ! Surtout quand il s'agissait de rêves innocents.

— J'veux tout le temps être avec toi, susurra-t-elle.

Mon cœur rata un battement et je resserrai mes bras autour d'elle, une douce chaleur irradiant ma poitrine.

— Moi aussi, mon ange, glissai-je en déposant un baiser sur son front.

Oui, je devais me protéger, blinder mon cœur, ou comme avec Nora, j'allai souffrir.

Malgré cette perspective, j'étais toujours aussi dépendant d'elle, de son corps, de son odeur, de ses lèvres.

Je me réveillai à nouveau avant elle et la câlinai tendrement, caressant son visage, déposant des baisers sur ses joues, son nez, jusqu'à ce qu'elle se réveille. Je savais que le cauchemar avec son bourreau avait été un frein, pour elle, pour des rapports plus intimes et j'avais respecté sa réserve, ses peurs. Même si mon désir pour elle s'était embrasé à présent que j'avais découvert son corps plus intimement. L'envie de lui faire l'amour à nouveau, retrouver les sensations qu'elle m'avait fait vivre, ne me désertait jamais. Il était bien plus difficile qu'avant d'être sage ! Je m'y tenais, comme aux premiers jours de notre relation. Elle méritait tant le respect, pour sa force, son courage.

Après le petit déjeuner, je l'entraînai dans mon bureau, lui présentant en avant-première ce que j'avais prévu pour leur séjour à la capitale. Tandis que j'allumai l'ordinateur, elle attrapa une chaise et s'installa à côté de moi, un sourire ravi aux lèvres. J'ouvris le document et le planning s'afficha à l'écran, avec les informations pratiques telles que les horaires du train, de la navette, des fermetures des boutiques alentours, etc.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant