Chapitre 25

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Le reste de la semaine, je concrétisai le projet avec Justin et Pierrick. Je mis les deux en contact, afin de faciliter nos échanges, et nous finalisâmes la totalité de l'événement. Si Justin ne me posa pas de question sur le financement supplémentaire que j'avais décroché, Pierrick me demanda des comptes aussitôt. Je dus lui avouer que c'était pour faire plaisir à mon apprentie préférée, sans rentrer dans plus de détails. Il n'insista pas, ne comprit même pas qu'il s'agissait d'une jeune femme et nous décidâmes d'une date ensemble, juste avant que le week-end arrive.

Le lundi, quand il fallut me lever pour retrouver mon Eva, j'étais surexcité. J'avais convenu avec Justin et Philippe d'annoncer à nos deuxièmes années la nouvelle le mercredi, en fin de journée. Philippe avait un emploi du temps plus léger, n'avait pas les mêmes cours de pratique que moi, alors il fallait être sûrs qu'il n'y aurait pas de fuite entre eux. Il l'apprendrait à sa classe à la fin de leur pratique, tandis que j'attendrais la fin du cours de Technologie. Je devais donc tenir ma langue auprès d'Eva pendant deux jours.

Je brûlais tant d'impatience de la voir, de voir son visage en apprenant ce que j'avais préparé, que je ne tenais plus en place, chez moi. Je m'étais levé bien trop tôt et tournai déjà en rond. Mes cours étaient prêts, mes comptes-rendus aussi, les papiers d'autorisations pour la masterclass étaient imprimés et rangés. Il ne me restait plus qu'à aller en cours. Je regardais l'heure toutes les cinq minutes, m'enfilais un nouveau café et, n'y tenant plus, je me décidai, prenant le chemin du CFA.

J'avais prévu de m'y rendre plus tôt, de toute façon, Eva me l'avait demandé. Nous avions convenu ensemble de nous retrouver avant le début des cours, dans ma salle de classe, afin d'avoir un moment en tête-à-tête. Si je pouvais justifier de voir une apprentie seule à seul, je savais qu'il ne fallait pas trop pousser la chance et nous laisser aller à trop d'intimité dans cette classe, où nous pouvions être surpris par n'importe qui. Pourtant, j'avais hâte de retrouver ses lèvres, sa chaleur, ses yeux magnifiques plongés dans les miens.

Un frisson me parcourut quand j'arrivai sur le parking désert. Deux semaines, c'était trop long. Imaginer ne pas m'endormir près d'elle ce soir me mina le moral quelque peu. Pouvais-je lui proposer de me rejoindre chez moi ? Ne dormait-elle pas à l'internat, normalement ? Mes pensées et mes plans m'accompagnèrent jusque dans la classe. Je n'étais pas passé près de la machine à café des professeurs, j'en avais suffisamment ingurgité pour la journée. En enlevant ma veste, je consultai ma montre et poussai un soupir. J'avais plus d'une demi-heure d'avance. Eva ne devrait plus tarder, à présent.

Je déposais ma mallette sur la table quand j'entendis des pas dans le couloir et aussitôt, on toqua à la porte de coups légers. Je me tournai vers elle, un large sourire ravi aux lèvres et son teint se colora de cette délicieuse couleur carmin. Mon estomac fit du yoyo et elle esquissa un sourire timide, ses grands yeux bleus me sondant avec intensité.

— Bonjour, monsieur Baillet, souffla-t-elle.

— Bonjour, Eva.

Elle ferma la porte derrière elle et, comme un signal, je me déplaçai vers elle, tel aimanté dans sa direction, avant de l'enlacer et de m'emparer de ses lèvres, annihilant ma résolution de rester sage. Après un baiser brûlant où je perdis momentanément la raison, Eva soupira contre mes lèvres et je m'éloignai, perplexe.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Avais-je été trop affamé ? Lui avais-je fait peur, à nouveau ? Elle enfouit sa tête contre mon torse et je passai mes bras autour d'elle, vaguement inquiet.

— C'est juste... ça m'a trop manqué, l'entendis-je marmonner.

Je pouffai et levai son menton de ma main, trop dépendant de ses yeux pour la laisser se dissimuler aux miens.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant