J'étais plein d'énergie, ce matin. J'avais finalisé la liste des apprentis qui participeraient à la masterclass et j'avais préparé les documents pour Justin. J'avais bien travaillé sur les sujets des examens de fin d'année, en bref, j'étais en super forme. En arrivant au CFA, j'allai directement dans le bureau de Justin, discuter de cette escapade et verrouiller les derniers inscrits sur la liste. Je le rassurai ensuite sur les précautions prises et sur Pierrick qui était ravi de faire cette fleur à son ancienne école. Il me demanda comment s'était passé ma Saint-Sylvestre avec lui et je lui racontai comme je m'étais amusé à Paris. Même si ses questions me semblaient orientées sur mon avenir au sein de son établissement, je sus esquiver les pièges assez habilement, et quittai son bureau, légèrement en retard pour mon premier cours, encore plus galvanisé par cet échange.
Ma classe était déjà installée quand j'entrai et mon regard chercha aussitôt Eva qui pouffait, assise à côté d'un Antoine souriant. Depuis quand s'installait-il avec elle, celui-là ? Je la fixai, interrogateur et elle parut lever les mains d'un air surpris et je détournai la tête, résigné à ne pas laisser transparaître ma jalousie. J'esquissai un clin d'œil discret pour donner le change, et posai ma mallette au sol pendant que le silence se faisait progressivement, mes apprentis constatant mon arrivée. Après avoir tapé doucement dans mes mains, je commençai par leur souhaiter une bonne année et nous entamâmes le cours.
Nous passâmes la première heure à échanger sur nos activités durant les fêtes. Ils avaient tous travaillé, certains plus que d'autres, et me parlèrent des longues heures à faire des bûches, à commencer les galettes, et je pus voir quelques mines écœurées quand Antoine lâcha qu'il n'en pouvait plus de la frangipane. Je retins un rire en pensant au programme de la semaine et une fois que tout le monde se fut exprimé, je passai récupérer les feuilles de suivi de stage en leur distribuant les nouveaux documents. Eythan fut le premier à poser la question que j'attendais :
— Chef ? Vous avez déjà la liste de ceux qui monteront à Paris avec vous ?
Je sentis aussitôt l'ambiance changer. Les têtes se tournèrent vers moi, les expressions avides, et j'eus un sourire en constatant l'excitation d'Eva, malgré sa certitude de partir avec moi. Je m'appuyai sur la tranche de mon bureau. Je n'avais jamais eu autant l'attention de mes apprentis, je me sentais très important, tout à coup, et je savourai quelques instants ce moment, posant mon regard sur tous les visages, du plus crispé au plus serein.
— Oui, c'est le cas, annonçai-je avec lenteur. Elle est désormais définitive, puisque j'ai reçu les réponses de tout le monde et, à part une énorme évolution des notes cette semaine pour vous, la liste des plus méritants est établie. Pour des raisons d'organisation, nous avons pris la décision de figer la liste dès à présent.
Sans y penser, mon regard trouva à nouveau celui d'Eva, puis je glissai vers Antoine, qui se figea. Il était conscient qu'il ne faisait pas partie des meilleurs de sa classe et qu'il avait ainsi peu de chance d'être retenu. Pourtant...
— Alors ? relança Eva d'une voix forte.
Le silence fut rompu par quelques chuchotements et je la fixai à nouveau, plissant les yeux. Elle savait qu'elle avait une position privilégiée auprès de moi, et c'était ce qui l'avait poussée à me relancer ainsi, interrompant mes pensées. Je me mordis la lèvre et poussai un soupir.
— Insolente, chuchotai-je pour moi-même.
Je récupérai le carnet sur mon bureau, au milieu de ma paperasse, et l'ouvris sur mes notes avant de lire :
— Sont sélectionnés dans cette classe : Andy, James, Eythan, Eva et...
Je lâchai le carnet des yeux, retrouvai ceux angoissés du binôme d'Eva qui sursauta :
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Evangeline [En cours]
Romance[Ne pleure pas mon ange, version Luc Baillet] L'univers de Luc Baillet s'est effondré. Juste en un instant, sa vie a volé en éclat. Il doit reconsidérer sa situation, ses projets, son avenir. Il tente de tout reconstruire, sans conviction, incertain...