Chapitre 30

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× Avertissement ×

Ce chapitre comporte des scènes explicites. Aussi, j'invite les plus jeunes qui pourraient être choqués à ne pas lire entre les étoiles ⭐

Merci à vous et bonne lecture ! ;)

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En attendant la jeune femme au bord de la route, comme la veille, ma mallette me semblait irradier derrière mon siège. Ne pas y penser. Ne pas s'attendre à ce qu'il se passe quelque chose ce soir. Convaincre mon cœur d'arrêter de battre la chamade et mon esprit de ne pas essayer de se rappeler la date de mon dernier rapport sexuel. Eva se jeta soudain dans ma voiture, me faisant presque sursauter. Fébrile, mais pas pour les mêmes raisons, elle s'attacha avec des gestes maladroits et je pouffai silencieusement avant de passer la première et de me mettre à rouler.

— Morvan ! s'exclama-t-elle, les joues roses. Explique-toi !

Était-ce un ordre ? J'arquai un sourcil en me tournant légèrement vers elle, surpris, mais avant que je ne lui réponde, elle reprit, soudain honteuse.

— Désolée, je voulais dire... Comment as-tu fait ?

Nous y étions. La question qui allait me faire inévitablement parler de Pierrick, sans doute de notre lien, plus profond que ce que j'avais laissé paraître, de notre passé commun. Avec cette femme en toile de fond. Mais hors de question que j'aborde son sujet. Je soupirai, les souvenirs amers venant remplacer les plus beaux.

— C'est lui, le meilleur ami avec qui j'ai repris contact récemment.

Un silence accueilli mes propos et je laissai à Eva le temps d'intégrer l'idée. Pierrick, mon meilleur ami, qui m'a présenté sa sœur, que j'ai fini par épouser. Elle sembla pensive, un instant et, du coin de l'œil, je la vis froncer les sourcils.

— Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

Elle avait tenté de rendre son ton neutre, mais je sentais très bien l'accusation. J'avais délibérément caché ce que Pierrick représentait, pour moi. Pour une raison qui lui échappait, qui allait me forcer à omettre certaines choses, encore quelque temps.

— Parce que les circonstances ayant entraîné notre prise de distance sont... compliquées.

Je m'engageais sur une pente très glissante. Elle était là, dans mes pensées, et ses mots me revinrent en mémoire.

T'es qu'une merde ! T'as gâché ma vie ! Va crever en enfer !

Je repoussai ces souvenirs et inspirai lentement par le nez. L'odeur d'Eva m'emplit les narines, les poumons, m'encra dans le moment, dissipant les mauvaises pensées. Elle avait un pouvoir incroyable sur moi et je retins un soupir crispé.

— Je suis plus maligne que j'en ai l'air, tenta-t-elle de plaisanter.

Je ricanai doucement, absolument pas dupe. Je lui pris la main, la serrant dans la mienne un instant, avant de récupérer le volant. Je me lançai, d'un ton faussement désinvolte.

— Après mon divorce, je me suis coupé de tout le monde. De lui en particulier.

— Pourquoi cela ?

— C'est lui qui me l'avait présentée.

Voilà, c'était lâché. À nouveau, j'eus le sentiment que mon cœur se décrochait, comme à chaque fois que je pensais à elle. Je déglutis discrètement, tâchant de garder les idées claires, me concentrant sur l'essentiel. Eva. Ses yeux à la couleur incroyable. Ses fossettes. Ses taches de rousseurs. Je soufflai.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant