Chapitre 88

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Je me précipitai, m'agenouillant près d'elle, tandis que je constatai l'ampleur de sa crise. Ses genoux serrés contre elle, les yeux fermés, elle tremblait si fort qu'elle claquait des dents. Je posai une main sur sa joue, tandis que Justin s'accroupissait près de nous.

— Qu'est-ce qu'elle a ? s'inquiéta-t-il.

— Une crise d'angoisse, répondis-je sèchement. Tu l'as stressée.

Je passai une main sous sa tête, caressant sa joue au passage. Sa peau était si froide !

— Eva ? Eva, respire, s'il te plait.

Elle ne réagit pas et tout son corps se relâcha soudain, m'indiquant qu'elle venait de perdre connaissance.

— Bordel, grommelai-je en la redressant légèrement.

— Est-ce que je dois appeler quelqu'un ? insista Justin, le ton anxieux.

L'empathie n'était clairement pas son fort, mais il restait tout de même attentif au bien-être des autres, de temps en temps. Je secouai la tête en installant la jeune femme contre moi, la bloquant contre mon torse.

— Elle va revenir à elle. C'est juste... comme si son cerveau redémarrait.

— Ça... ça lui arrive souvent ?

Je lorgnai vers lui, essayant de déterminer si mes révélations pouvaient l'attendrir ou non. Je soupirai, las.

— Depuis qu'elle s'est fait agresser, oui, confiai-je du bout des lèvres.

— Par William ? s'alarma-t-il.

— Non. Avant lui.

— Putain, tu m'avais dit qu'el-

Il s'interrompit et j'en compris la raison quand Eva remua légèrement.

— Elle revient à elle, me confirma-t-il.

— De l'eau, ordonnai-je à Justin.

Il s'exécuta, remplissant un gobelet à la fontaine à eau avant de me le tendre. Eva ouvrit les yeux et je lui proposai aussitôt à boire, mais elle le repoussa de la main et semblait encore avoir du mal à faire le point. Son teint était toujours blafard et une fine pellicule de sueur recouvrait son front. Je m'agenouillais à nouveau près d'elle quand Justin reprit avec une douceur relative :

— Est-ce que ça va ?

Elle hocha la tête et, sans pouvoir m'en empêcher, je passai ma main dans ses cheveux, dégageant son front collant.

— Je suis désolée, dit-elle d'une voix chevrotante. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.

Je regrettai de ne pas pouvoir la prendre dans mes bras, l'embrasser pour la rassurer. Je me contentai de caresses sur sa nuque, sa joue, faisait mine de remettre une mèche derrière son oreille. Elle n'avait pas d'excuses à faire. Entre sa future visite chez l'expert-psy, la perspective de partir pour Paris, ma prochaine rencontre avec son père, elle était sur des charbons ardents depuis plusieurs jours.

— Tu es tendue en ce moment, c'était la goutte d'eau, lui glissai-je doucement, ignorant superbement Justin.

Ce dernier se redressa et s'adossa à son bureau, l'air plus consterné que furieux, désormais.

— Qu'est-ce que je vais faire de vous ? se lamenta-t-il d'un ton las.

Je lâchai un soupir excédé.

— Justin, est-ce que c'est vraiment le moment de parler de ça ?

— Oui, je le crois, répondit-il avec sérieux. Avec cette publication de Morvan, il va y avoir des répercussions.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant