Eva me répondit d'une voix anxieuse, comme prévu, et nous commençâmes à parler de son examen du permis, où elle me raconta tout ce qu'il s'était passé, des questions aux rues où ils avaient roulé, elle ne m'épargna rien. Elle m'interrogea sur mon interview du lendemain, et quand je sentis qu'elle voulait aborder le sujet de Pierrick, je lui coupai l'herbe sous le pied.
— Quoi qu'il se passe, quel que soit son avis après ces deux jours, éclate-toi, prend du plaisir.
Mon cœur se serra et je me sentis nauséeux tout à coup.
— Tu ne me dis pas de ne pas m'inquiéter pour rien ? demanda-t-elle en riant.
— À quoi bon ? répondis-je d'un ton faussement enjoué. Tu vas de toute façon t'angoisser.
— Ça m'aiderait à mieux dormir, insista-t-elle d'un ton boudeur.
Je ricanai nerveusement avant de céder.
— Tu n'as pas à t'en faire. Tu mérites cette place.
Elle éclata de rire et mon estomac se noua, la culpabilité me clouant sur place.
— Là, tu en fait trop !
Je repris, plus sérieux, les nerfs à vif.
— Je ne crois pas. Tu verras, Pierrick peut être très dur avec ses gars, il n'en reste pas moins un bon chef, sachant autant dire ce qui ne va pas comme ce qui va. S'il y a des compliments à te faire, il les fera. On sait toujours de ce qu'il pense et c'est inestimable.
— D'accord, il est franc, fit-elle d'un air gêné. Mais sois honnête, c'est parce que je couche avec toi que j'ai eu la place ?
Je fermai les yeux, las.
— C'est une manière bien peu délicate de demander les choses, grommelai-je.
Et je n'étais pas assez en forme pour rester neutre face à cette question. Ce n'était pas la première fois qu'elle me faisait cette réflexion, mais aujourd'hui, c'était de trop.
— Je ne sais pas comment la poser autrement, couina-t-elle.
— C'est Andy qui t'a mis cette idée en tête ? l'interrogeai-je avec dureté.
— Avoue qu'il y a de quoi se poser la question.
Je me réfugiai dans l'humour maladroit, mon seul repli pour ne pas craquer :
— J'avoue que la question mérite d'être posée. M'enfin, un peu de tact te tuerait pas.
Je n'avais pas envie d'avoir cette conversation, ni maintenant, ni jamais. Je n'avais même plus envie de lui parler ce soir, pas en sachant ce qu'il allait probablement se passer dans quelques jours. Je lâchai un profond soupir, le crâne douloureux.
— Pierrick n'a jamais voulu prendre d'apprentis jusqu'à présent, tu le sais déjà, commençai-je malgré moi. L'équipe était complète et il n'avait pas prévu de gérer en plus la formation d'un gamin, surtout avec ses déplacements réguliers. Il ne peut tout simplement pas s'occuper de ça. Avec l'ouverture de sa boutique, il avait revu son jugement et m'en avait parlé bien avant que je ne propose ta candidature.
— J'ai juste eu de la chance d'être tombée au bon moment ?
Son scepticisme m'arracha un frisson. Je n'aurais jamais dû la proposer, si j'avais su comment ça allait se passer. Pierrick m'avait pourtant prévenu.
— En gros, oui, admis-je avec prudence. Tu es une très bonne apprentie. Tu n'aurais pas été à la hauteur, je ne t'aurais même pas suggérée à Pierrick. Clairement, oui, tu es pistonnée, mais ça aurait été pareil si j'avais suggéré Andy ou même Victor. Et ils n'en feraient pas autant cas que toi.
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Evangeline [En cours]
Romance[Ne pleure pas mon ange, version Luc Baillet] L'univers de Luc Baillet s'est effondré. Juste en un instant, sa vie a volé en éclat. Il doit reconsidérer sa situation, ses projets, son avenir. Il tente de tout reconstruire, sans conviction, incertain...