Chapitre 70

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— Vous êtes là ! lança Antoine avec entrain. Vous nous attendiez ?

Je vis tout de suite qu'il s'était passé quelque chose. Mes yeux naviguèrent entre le visage pâle et fermé d'Eva et celui, plus austère, de Pierrick, et je me renfrognai.

— Bon, cette fois, je vous laisse pour de bon, déclara-t-il en sortant ses clés de voiture.

Il appuya dessus et cette dernière se déverrouilla à quelques mètres de nous, nous éclairant soudain de ses phares. Il me fit un signe de tête, sourcils froncés, avant de saluer les gamins. J'attendis qu'il soit parti au volant de sa voiture avant de me tourner vers Eva, tâchant de garder un ton maîtrisé.

— Tu ne rentrais pas toute seule quand même ? l'accusai-je.

Raté pour le ton maîtrisé.

— Non, j'étais avec le groupe de Victor et d'Eythan, répondit-elle avec une nonchalance qui ne me trompa pas.

— Ils ne t'ont pas emmerdée ? s'étonna James.

— Si.

Elle secoua la tête et commença à avancer, mais je l'attrapai par le poignet d'un geste vif. Elle me fit face, le visage sévère et se dégagea promptement. Andy se mit à ma hauteur et croisa les bras sur son torse, l'air furieux.

— Que s'est-il passé ? lâcha-t-il.

— Victor voulait se venger de toi.

Sa voix avait vacillé sur la dernière syllabe et je serrai les poings, comprenant sans mal la suite des évènements. La cage thoracique compressée, j'eus un regard en direction de l'hôtel, cherchant des yeux le principal intéressé, mais il devait être remonté dans sa chambre. Andy posa sa main sur l'épaule d'Eva tandis que James et Antoine s'échangeaient des messes basses dans mon dos.

— C'est un trouillard qui préfère visiblement s'en prendre aux plus petits pour t'atteindre, lâcha la jeune femme, visiblement épuisée. Mais Morvan l'a vu et ils ont foutu le camp. On peut rentrer maintenant ?

— Attends, pourquoi s'en prendre à toi pour m'atteindre ? Ça n'a pas de sens !

— Mais est-ce que je sais, moi ?! s'exclama-t-elle en se dégageant de sa main. Si t'étais pas autant un sale con avec les gens, ça ne serait pas arrivé !

— Wow, c'est rude, chuchota James.

— T'es sérieuse, là ?! s'exclama furieusement Andy.

— Ça suffit ! interrompis-je alors, avant que la situation ne dégénère entre les deux.

Les lèvres d'Eva tremblèrent et elle explosa en sanglots, sans rien ajouter. James donna une tape à l'arrière de la tête d'Andy, qui l'insulta copieusement, et je m'approchai doucement d'Eva. Je me mordis la lèvre, frustré de ne pas pouvoir la prendre dans mes bras, et me contentai de poser une main rassurante sur son épaule. Inconsciemment, je me plaçai entre elle et Andy, faisant barrière de mon corps, et elle s'essuya les yeux, reprenant faiblement son souffle.

— Eva, si Victor a voulu s'en prendre à toi, ce n'est pas à cause d'Andy, c'est juste un plus gros sale con que lui. Ne laisse pas la peur parler pour toi, ajoutai-je avec tendresse.

Andy marmonnait à l'adresse de ses amis. Je crus entendre parler de représailles et je me crispai avant de me tourner vers eux. Il échangea enfin un regard avec Eva et elle déglutit.

— Je suis désolée, murmura-t-elle.

— T'en fais pas, il va plus jamais t'approcher, cracha-t-il avec amertume.

J'avais donc bien compris, il avait prévu de gérer ses comptes avec Victor.

— C'est à moi de régler ça, grondai-je à son attention.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant