Chapitre 26

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✉ Pierrick — [Ils vont annoncer le thème dans la semaine !!]

Les yeux encore collés, je relus le message de Pierrick avec circonspection. Mais de quoi parlait-il ?

— Oh putain, le Sirha ! m'exclamai-je.

Je me redressai sur mon lit, déjà alerte, et tapai une réponse.

✉ Luc — [Tiens-moi au courant dès que tu as du nouveau]

✉ Pierrick — [Qu'est-ce que tu crois que je fais !]

Je secouai la tête, esquissant un sourire, une étrange nervosité naissant au creux de mon estomac. La pression commençait à monter et je soufflai lentement. Je ne m'étais pas attendu à être aussi nerveux, comme lors de mes débuts dans des concours. En y réfléchissant, j'avais l'impression que toutes mes expériences, même déjà passées, semblaient ramener des émotions encore plus fortes qu'avant. Comme avec Eva. Ce n'était pas qu'une question d'avoir une deuxième chance, mais c'était une nouvelle chance, plus forte, plus vibrante.

Je savais que je devais me montrer pondéré. Pour tout. Si les émotions positives étaient aussi exacerbées, il y avait à parier que les négatives pouvaient l'être tout autant. Ma toute récente jalousie, par exemple, devait être muselée. Ou j'allais faire une connerie, je le sentais. Mais les Dieux étaient contre moi, aujourd'hui. Je ne pensais qu'à mon apprentie, à celles et ceux avec qui elle parlait, riait, partageait des moments tandis que je me languissais de la voir, de la toucher, de l'embrasser. Comme si réaliser la profondeur de mes sentiments pour elle m'avait rendu encore plus fou d'elle.

Comme s'il avait senti que je m'égarais, Pierrick m'envoya un nouveau message à la pause de midi.

✉ Pierrick — [Tâche de t'entrainer, cette semaine !]

La culpabilité m'étreignit quand je rangeai mon téléphone, sans lui répondre. Je n'avais pas prévu de faire des heures supplémentaires, cette semaine, préférant passer mes soirées avec ma jolie apprentie. En enfilant ma tenue, je dus admettre que je n'étais pas sérieux. Même si le concours était dans plusieurs mois, je devais me remettre réellement dans la préparation de celui-ci. Je me fis la promesse de le faire dès le lundi. Quand Eva serait retournée au boulot.

Ma vie tournait autour d'elle. Je savais que c'était dangereux.

En poussant un soupir, j'ouvris le labo et allumai les lumières, prêt à démarrer ce cours de pratique. Je me fendis quand même d'un message à Pierrick, l'informant que j'essayerais, sans garanties. Quelques instants plus tard, j'entendis les petits pas rapides, reconnaissable d'Eva, visiblement impatiente de me retrouver, j'osai le penser sans rougir. Elle toqua contre la porte ouverte et, alors que mon portable vibrait dans mes mains, je le rangeai promptement, Eva apparaissant dans mon champ de vision.

Je lui souris largement avant d'aller inspecter le couloir, vérifiant que nous étions seuls, avant de lui voler un baiser des plus intenses. Je la relâchai, contemplai ses joues rouges et passai mon pouce sur sa lèvre, plus affamé que jamais.

— Salut, ma belle.

Ses dents mordirent la pulpe de sa bouche, près de mon pouce, déclenchant un courant électrique dans tout mon corps et je déglutis. Eva, écarlate, sembla frémir et je fis un pas un arrière, lui laissant de l'espace.

— Salut, fit-elle, la voix rauque.

Son timbre avait-il changé à cause de l'excitation ? Ses pupilles s'étaient-elles dilatées pour les mêmes raisons ? Je rangeai cette idée dans un coin de mon crâne, bien loin, verrouillant les pensées qui risquaient de me faire vriller et souris à la jeune femme.

Evangeline [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant