La force des liens

Le grand voyage

Les mois passent, Lucie s'occupe de Sanji et continue d'apprendre un maximum de choses. Le professeur Hank, lui, est émerveillé par le spectacle de l'évolution d'un Cérèsien, depuis sa toute première respiration.

Cet enfant est une énigme vivante, une éponge qui absorbe chaque expérience, chaque mot prononcé autour de lui. Lucie, avec son amour et sa patience infinis, s'efforce de lui inculquer les langages de deux mondes : celui de son héritage Cérèsien et celui de la Terre où il a vu le jour.

Outre l'aspect linguistique, Sanji se familiarise avec la danse de la gravité terrestre, découvrant ses limites tout en repoussant ses propres frontières. Son corps, autrefois un mystère, devient peu à peu son allié. Son chemin vers l'autonomie, tel un voyage tumultueux, est forgé à travers des moments de joie et des moments de larmes de frustration.

Ce qui fascine le plus le professeur Hank, c'est l'incroyable vitesse à laquelle Sanji grandit.

Alors que Lucie, le professeur, et Lisa s'immergent dans les célébrations pour marquer la première année de vie du prince, une entrée discrète de Léon chez le professeur Hank interrompt l'ambiance festive, exactement comme il l'avait laissé entendre à la clinique. Les échos joyeux de la fête résonnent à l'extérieur, mais à l'intérieur, une atmosphère plus sérieuse se profile.

Lucie, prenant conscience que le temps de l'observation passive arrive à sa fin, comprend qu'il est grand temps de perfectionner ses compétences physiques et de se préparer aux défis imminents.

— Léon, ne soyez pas si pressé mon ami, restez donc pour profiter de cette journée avec nous... suggère le professeur.

Léon accepte de se joindre à eux afin de respecter ce moment de convivialité. En soirée, lorsqu'il se retrouve seul dans la cour avec le professeur, il prend la parole avec sincérité :

— Professeur Hank, je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude pour avoir pris soin de notre princesse. Elle semble être dans une bien meilleure forme qu'à notre première rencontre à l'hôpital. Psychologiquement, elle en avait grand besoin, vous avez fait bien plus pour elle que vous ne pouvez l'imaginer.

Le professeur répond avec une émotion palpable, se tournant vers Sanji avant d'ajouter :

— Mon cher confrère, c'est plutôt moi qui devrais vous remercier. J'étais persuadé que nous n'étions pas seuls dans ce vaste univers, et grâce à vous, je suis convaincu de la richesse de la diversité que renferme notre cosmos. J'ai également eu la chance d'apprendre tant de choses sur votre espèce, les Cérèsiens sont passionnants.

Léon sourit puis jette un œil sur Sanji.

— Sa Majesté est informée du motif de ma venue. Je souhaiterais l'emmener avec moi quelque temps, afin de la former. En son absence, seriez-vous disposé à prendre soin du prince ?

Le professeur répond chaleureusement :

— Bien sûr, avec plaisir. Je considère ce garçon comme mon petit-fils.

— Nous serons de retour avant qu'il ne soit en âge de réaliser tout son potentiel.

— D'accord, mais puis-je connaître votre destination ?

— Je n'ai aucune destination précise. J'ai loué une embarcation. Comme la princesse vous l'a sans doute expliqué, nous, Cérèsiens, avons nos faiblesses, et l'océan sera un lieu idéal pour renforcer ses aptitudes.

— Je vois... Dans ce cas, prenez bien soin d'elle, et revenez-nous au plus vite, conclut le professeur.

À la nuit tombée, Lucie se prépare à quitter Sanji, avec un mélange déchirant de fierté et de tristesse, elle embrasse tendrement le front de son fils endormi avant de partir. Lisa se précipite dans ses bras pour lui dire au revoir, démontrant ainsi la proximité qui règne entre elles. Léon, quelque peu déconcerté par cette intimité entre la dirigeante et les Terriens, se voit rassuré par Lucie :