La force des liens

Nouveau départ

Une semaine plus tard, le professeur Hank accueille Lucie chez lui à Wallis. Il lui présente les lieux avec une passion palpable.

Lisa, la fille de Hank, âgée de douze ans, se présente à Lucie avec un sourire curieux, un contraste vivant avec la sérénité de son père. La maison est un mélange éclectique de passé et de futur, un véritable musée vivant d'explorations intellectuelles.

Autour d'une table surchargée de livres, le professeur Hank fixe Lucie de ses yeux brillants d'excitation, avide de connaître les secrets qu'elle porte en elle. Chaque question qu'il pose est empreinte d'une passion dévorante, comme s'il cherchait à percer les mystères les plus profonds de l'univers. Et puis, dans un moment de vulnérabilité, il confie à Lucie le décès tragique de sa femme, victime d'un accident de la route. C'est un premier pas vers une relation de confiance, une ouverture vers l'intimité émotionnelle. Lucie, touchée par cette révélation, décide de se dévoiler peu à peu, révélant son statut en tant qu'héritière du trône de Cérès. C'est une rencontre qui transcende les frontières planétaires, une révélation qui élargit les horizons de l'imagination.

Mais lorsque le professeur Hank s'apprête à sonder plus profondément les raisons de son départ de Cérès, Lucie se referme brusquement, hésitant à partager les sombres secrets qui pèsent sur son âme. Le professeur Hank, empreint de compassion, tend une main amicale et lui assure qu'elle peut tout lui confier.

Finalement, après une lutte intérieure, Lucie décide de partager les horreurs qu'elle a endurées. Hank écoute attentivement, choqué par les détails poignants des cicatrices, à la fois physiques et émotionnelles, qui marquent son corps et son esprit.

Avec douceur, il réconforte Lucie, en lui expliquant d'une voix apaisante :

— Sur Terre, les émotions sont libres d'être exprimées, pleurer n'est pas un signe de faiblesse, mais un acte de courage.

Par ses paroles, il lui offre un refuge pour libérer ses émotions, un endroit où elle n'est pas définie par son titre, mais considérée comme une personne en quête de guérison.

Lucie décide de s'éloigner de la maison, marchant silencieusement sur les quelques mètres qui la séparent de l'océan. Elle contemple la vaste étendue d'eau avec une mélancolie profonde, avant de se laisser tomber genoux à terre, les mains posées sur le sable chaud de cette île. Pour la première fois depuis longtemps, la princesse éclate en sanglot.

Le professeur Hank s'approche doucement, posant une main réconfortante sur son épaule. Lucie, brisée et vulnérable, ouvre son cœur, et accepte de partager les tourments qui ont ébranlé son existence.

— Personne ne peut comprendre ce que j'ai pu ressentir... commence-t-elle, les mots empreints d'une douleur profonde.

Les vagues caressent la plage, tandis que Lucie dévoile les blessures cachées de son âme.

Elle évoque la tragédie de voir ses proches périr devant ses yeux, le fardeau de devenir la reine d'un royaume contre son gré, la brutalité qui lui a été infligée sans pitié, en face de son propre peuple. Chaque cri réprimé a été un écho de sa souffrance, chaque masque de force dissimulant la vulnérabilité de son être. Elle révèle la perte de son identité, détruite au plus profond d'elle-même, et l'imposition d'une responsabilité immense, une couronne lourde à porter.

— Mon corps et mon âme ont été meurtris, professeur ! dit-elle en frappant le sol du poing.

Le professeur Hank, profondément touché, répond avec respect :

— Je ne te connais pas encore très bien, mais je pense qu'il faut beaucoup de force pour supporter tout ce que tu as subi, encore plus pour accepter de prendre autant de coups pour les autres. Je sais à présent que, derrière ce caractère un peu trempé, se trouve une femme admirable, forte et courageuse. Je pense que si tout un peuple a su t'accorder sa confiance au péril de sa vie, c'est que tu en as certainement les capacités, alors maintenant, que vas-tu faire ?