50 ans en arrière : Chapitre XIV

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Deux années s'écoulent, marquées par la lente agonie du roi Erwin, rongé par une pathologie rénale impitoyable. Chaque jour, ses forces s'amenuisent, le confinant de plus en plus à son lit royal. Pendant ce temps, le prince Victor se prépare avec solennité à prendre les rênes du royaume, conscient du poids des responsabilités qui pèseront sur ses épaules.

Après la grandiose cérémonie de couronnement, le roi Erwin convoque son fils pour une conversation d'une sincérité poignante.

Dans l'intimité feutrée de la chambre royale, le patriarche aborde avec Victor les remords et les enseignements tirés de son propre règne :

— Tu sais, mon fils, je n'ignore rien... J'ai commis des erreurs au cours de mon règne, croyant agir pour le mieux. Je suis conscient que certaines de mes décisions ont eu des répercussions sur toi, mais maintenant que tu portes la couronne, il est de ton ressort de prendre les décisions qui s'imposent. Tu découvriras que le chemin du pouvoir est semé d'embûches, et le jour où tu deviendras parent, tu comprendras mes inquiétudes...

Victor demeure silencieux, absorbant chaque mot prononcé par son père, alors que celui-ci poursuit d'une voix émue :

— J'ai été jeune comme toi... Quand j'avais ton âge, ta mère...

—Père...

—Non, ne me coupe pas. Ta mère ne supportant plus le poids de nos responsabilités nous a quittés alors que tu n'avais que cinq ans.

—Je le sais, interrompt Victor, nerveux face au sujet.

— Je t'ai élevé seul, du mieux que j'ai pu, te préservant autant que possible des dangers que j'ai moi-même affrontés, mais je n'ai pas su être à la hauteur. Je sais combien l'absence d'une mère a été pesante pour toi, mais je n'ai pas réussi à combler ce vide, et pour cela, je te demande pardon. Bien que cela reste un sujet sensible pour toi, j'ai cru comprendre qu'une âme est parvenue à t'apaiser au point que tes relations tumultueuses et fugaces appartiennent désormais au passé depuis quelque temps, me trompe-je ?

Victor, bouleversé par les paroles de son père, reste silencieux.

—Avant que je m'en aille, il me reste une chose à faire, pour toi... Alors, présente-moi cette femme qui fait battre ton cœur...

Victor, surpris par cette ouverture de la part de son père, se redresse avec un mélange d'étonnement et de gratitude. Une lueur d'espoir se dessine sur son visage, tandis qu'il acquiesce avec un léger sourire avant de se lever pour partir à la recherche de la jeune femme.

Othoïmé, bien qu'un brin anxieuse, fait preuve de bravoure, déterminée à faire bonne impression et à démontrer au roi Erwin qu'elle est digne d'accompagner le nouveau monarque.

Victor toque doucement à la porte de la chambre royale, avant d'ouvrir la voie à sa bien-aimée.

À la vue de son sourire, le roi Erwin s'épanouit, et Othoïmé s'incline poliment pour le saluer.

— Eh bien, voici donc la jeune femme qui a capturé le cœur de mon fils... Laisse-moi deviner, tu es la fille d'Ulysse, n'est-ce pas ?

— C'est exact... Mais comment le savez-vous ?

— Dès que tu as franchi le seuil je l'ai ressenti. Ta démarche, ton aura, tu lui ressembles tellement, et ton nom est aussi rare que le sien. De plus, si ma mémoire ne me fait pas défaut, tu possèdes des pouvoirs psychiques, une rareté que seul Ulysse maîtrise. Je connais aussi ta mère, Meredith, une guerrière intrépide.

— Je vous remercie pour ces paroles, mon Roi... J'espère que mes origines ne posent aucun problème, je vous assure que mes sentiments envers votre fils sont sincères...

— Je dois reconnaître que j'ai eu tort... Et que Victor avait raison de persévérer...

Son regard se pose à présent sur son fils :

—Victor...Fais-moi le plaisir de rendre cette demoiselle heureuse, et de tout faire pour que le bonheur soit votre compagne. Je sais à quel point c'est important pour toi d'avoir ma bénédiction, alors sois tranquille, je te l'accorde. Je regrette de ne pas t'avoir écouté, cette jeune fille te correspond à merveille, vous êtes magnifiques tous les deux.

Victor a les yeux qui pétillent pleins d'émotions à ce moment-là, son cœur bat à vive allure.

—Merci, Père, murmure-t-il, émotif.

— Il me reste peu de temps à vivre, c'est pourquoi je souhaite célébrer votre union aujourd'hui même.

—Ce jour ? Mais nous n'avons fait aucun préparatif...

— La population sera informée rapidement, et les préparatifs peuvent être accomplis dans l'urgence.

— Pour ma part, je n'y vois aucune objection. Et toi, Othoïmé ? Es-tu prête à devenir ma femme ? interroge Victor.

— Après des années d'attente, c'est avec un bonheur sans pareil que j'accepte de devenir ta femme aujourd'hui, répond Othoïmé avec un sourire radieux.

—Bien la question est réglée alors, célébrons cela comme il se doit ! annonce le roi Erwin avec le peu de force qu'il lui reste.

Les préparatifs s'organisent sur demande du roi, et la nouvelle de cette union précipitée se répand comme une traînée de poudre à travers le royaume. Les citoyens affluent pour assister à cette célébration impromptue. Le jeune couple, ébahi, réalise à peine la portée de cet événement. Les Cérèsiens acclament le roi et la reine, emplis d'espoir pour l'avenir.

Après lacérémonie, le roi Erwin s'éteint paisiblement dans son sommeil, apaisé par lesderniers actes qu'il aura posés pour le bonheur de son fils, reconnaissant quecelui-ci est désormais prêt à affronter l'avenir, accompagné de l'amour de savie.

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