Chapitre XVII

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Au fil des semaines, l'étreinte de la maladie se resserre autour d'Othoïmé, sapant chaque once de sa force. Auron, soupçonnant une infection rampante, lutte avec des remèdes naturels pour freiner sa progression. Mais les poches contenant les précieux fœtus menacent de céder avant le terme.

—L'infection continue de prendre de l'ampleur, en l'absence de soigneur, il ne nous reste que la capacité d'administrer des plantes plus puissantes mais pas en l'état actuel, expose Auron avec gravité à Victor. Il va falloir songer à la marche à suivre. Continuer la grossesse jusqu'au bout ou déclencher l'accouchement prématuré pour traiter l'infection.

—Mais si nous accouchons maintenant, les bébés ne survivront pas. Il ne leur reste que trois semaines pour avoir une chance... murmure Othoïmé, le cœur serré. Je suis prête à tenir encore un peu, Victor. Je peux le faire.

—Hum... Si tu en es sûre, alors nous allons attendre. Mais au premier signe de danger, nous devrons agir, je ne veux pas risquer de te perdre... répond Victor, caressant doucement la main de sa femme.

Dans l'attente tendue qui suit, une semaine passe, puis une autre. Auron secouait la tête avec gravité devant les dernières lectures des signes vitaux d'Othoïmé. Victor, rongé par l'angoisse, l'implore d'intervenir. Pourtant, Othoïmé résiste. Malgré sa faiblesse écrasante, elle refuse catégoriquement d'abandonner.

— Dix jours de plus, pas un de moins, Victor, déclare-t-elle avec une fermeté fragile, repoussant les mains tremblantes de Victor qui tentent de la convaincre.

Et puis vient enfin le jour tant attendu. Victor se tient aux côtés d'Othoïmé, serrant sa main avec tendresse alors qu'ils attendent l'arrivée imminente de leurs enfants. Un frisson d'excitation parcourt son corps alors que l'accouchement progresse, sa poitrine se gonflant d'espoir à chaque cri de nouveau-né qui perce l'air.

Les larmes embuent ses yeux, mais ce ne sont pas des larmes de douleur, mais de joie pure. Il regarde avec émerveillement chaque petit visage qui apparaît, une lueur de bonheur éclatant dans ses yeux alors qu'il accueille ses enfants dans ce monde, prêt à leur offrir tout son amour et sa protection.

Mais soudain, un frisson glacé traverse son être alors que le sourire radieux d'Othoïmé s'efface, remplacé par une pâleur mortelle. La peur serre son cœur alors qu'il voit sa bien-aimée lutter pour chaque souffle.

Des Cérèsiens s'agglutinent autour d'eux, tentant désespérément d'arrêter l'hémorragie, de ranimer le souffle qui s'échappe de ses lèvres, mais leurs efforts sont vains.

Victor les regarde, impuissant, ses propres mains tremblantes alors qu'il essaie désespérément de la maintenir en vie, ses yeux remplis de terreur alors qu'il réalise que tout ce bonheur s'effondre autour de lui.

—Othoïmé ? Non, non, non ! Reste avec moi ! murmure-t-il d'une voix brisée, ses mots empreints de supplication.

Quand les soignants lui annoncent finalement la mort de sa bien-aimée, un cri étouffé de déni s'échappe de sa gorge. Il s'agite, secoué par une rage impuissante, refusant d'accepter la cruelle réalité qui s'impose à lui.

Brusquement, il se retourne vers eux, les yeux foudroyants de colère, et les vire brutalement de la pièce.

—Foutez-moi le camp ! Laissez-moi seul avec elle ! ordonne-t-il d'une voix brisée, son cœur meurtri par la douleur insupportable de la perte.

Puis, dans un geste lent et tremblant, il se rapproche du corps sans vie de sa femme. Ses épaules s'affaissent sous le poids accablant du chagrin, et un sanglot déchirant s'échappe de sa poitrine alors qu'il se laisse enfin submerger par la douleur dévorante de la perte.

La force des liensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant