La force des liens

Chapitre XIX

Au sein du tumulte incessant du temps, Sohan, à peine âgé de dix-sept ans, se bat avec ardeur aux côtés de son père, son cœur martelant la cadence des conflits alors qu'il défend avec férocité ses proches.

Mais dans ce tourbillon frénétique, son esprit dévie inexplicablement vers sa mère, réfugiée avec sagesse dans la navette.

Cette pensée tenace le pousse inexorablement à se rendre auprès d'elle, traversant les rangs ennemis pour s'assurer de sa sécurité.

Lorsqu'il atteint enfin la navette, ses pas résonnent avec une lourdeur oppressante, comme s'il pressentait déjà le drame qui se profilait.

Sans un mot, il pousse la porte et entre, espérant y trouver le réconfort tant attendu. Mais à la place, une scène terrifiante se dévoile devant lui : l'ombre menaçante d'un ennemi tapi dans l'obscurité, ses yeux étincelants de malveillance.

Avant même qu'il n'ait pu articuler un mot, les griffes de fer de l'assaillant s'enfoncent sans merci dans la chair fragile de sa mère.

Le souffle de Sohan se fige, son corps frémissant sous le choc de l'indicible. Son regard croise celui de son adversaire terrifié, dans ses veines, une pulsion dévastatrice s'éveille, libérant un pouvoir qui se tord et s'échappe de son contrôle. Ses mains tremblantes laissent échapper des étincelles incandescentes, tandis que ses yeux s'embrasent d'une lueur vengeresse.

Alors qu'il lutte pour contenir la tempête déchaînée en lui, l'ennemi, témoin impuissant de sa propre chute, est soulevé dans les airs, manipulé comme une marionnette par la force gravitationnelle déchaînée de Sohan.

Les secondes semblent s'étirer dans une étreinte étouffante de violence contenue, Sohan observe attentivement la figure de celui qui l'a privé à jamais des bras de sa mère, avant de libérer une déferlante de puissance qui ravage tout sur son passage, ne laissant derrière elle que quelques rares survivants au milieu de ce paysage dévasté.

—Sohan ! Ça suffit ! Reviens à toi ! crie Djak, en le secouant, tentant de briser la spirale infernale qui menace de l'engloutir.

À la voix de son père, Sohan retrouve un semblant de lucidité, ses yeux embués de larmes reflétant la douleur lancinante qui le consume.

— Il l'a tuée... alors qu'elle refusait de se battre ! s'écrie-t-il, sa voix brisée par le poids insoutenable de sa perte.

Sohan est à présent convaincu que la paix est une illusion dans ce monde cruel et impitoyable.

Son père, bien que profondément touché par cette nouvelle, prend son fils dans ses bras et tente de ne rien montrer de ses émotions.

—Calme-toi maintenant... murmure-t-il, le regard porté sur la navette calcinée, une pensée pour sa femme.

Dans les jours qui suivent, le vide laissé par sa mère et la colère grandissante contre l'injustice deviennent des tourbillons insondables dans son esprit tourmenté.

Loin des affrontements, Djak tente de lui offrir un semblant de répit sur une terre éloignée et isolée. Mais même là, la cruauté du destin semble insatiable, emportant ce dernier dans un dernier acte de barbarie sous les yeux de son fils.

Alors que leur ennemi emporte le corps de son père, Sohan se tenant à distance, caché par le paysage, ne trouve plus la force de réagir.

« Ils n'arrêterons donc jamais... » pense-t-il, laissant son corps s'effondrer contre un roc solitaire, écrasé par le poids insupportable de ses pertes.

Pendant des semaines, Sohan reste immobile, son esprit en proie à une tempête intérieure, tandis qu'il se laisse lentement mourir, abandonné à son sort contre un rocher.