La force des liens

L'épreuve

Les mois s'écoulent, et avec eux, une renaissance silencieuse se déroule à travers Pallas, réveillant les rues reconstruites de Cérès. Parmi les événements heureux, une vague d'émotion submerge Cérès lorsque ceux qui avaient été évacués par le roi Victor reviennent, portant leur soutien à la reine et aspirant à retrouver la vie qu'ils avaient avant. Le royaume se redresse progressivement, imprégné de nouvelles avancées médicales et technologiques. Mathis et le professeur Hank s'efforcent d'assimiler la langue Cérèsienne avec l'aide précieuse de Sanji et de Léon. Pendant ce temps, Lucie, épaulée par son frère, rassemble les premiers soldats pour former une élite nouvelle, renforcée par des vétérans.

Sohan, malgré sa résilience, voit parfois sa patience s'effriter, surtout lorsque des enfants osent le ridiculiser devant ceux qui furent autrefois ses compagnons d'armes. Dans ces moments, sa voix retentit, empreinte d'une autorité sévère, rappelant aux Cérèsiens que des âmes aussi jeunes ne devraient pas oser le défier.

— Soyons clairs, ma patience a des limites, et aucune de ces chaînes ne pourra me retenir le jour où cette limite sera franchie, affirme-t-il avec conviction, chaque mot portant l'écho d'une menace implicite.

Les regards des jeunes insolents reflètent à la fois la crainte et le respect face à cet homme qui, malgré ses entraves, reste une force indomptable. Les murmures des soldats résonnent dans le silence qui suit, soulignant l'impact des paroles de Sohan. La mise à l'écart rapide des plus jeunes révèle l'efficacité de son avertissement et renforce l'idée que même emprisonné, il demeure le maître de son destin, suscitant une inquiétude palpable parmi le peuple qui remet en cause l'attitude plus souple de Keiji à l'égard du prisonnier.

Lucie prend le temps de discuter avec l'un de ses hommes chargés de transmettre cette inquiétude qui plane à ce sujet. À l'issue de cette conversation privée, une tension électrique semble flotter dans l'air, annonçant des changements imminents. La reine, consciente de la nécessité d'apaiser les esprits, se lance alors en quête de Keiji, anticipant le besoin imminent de son aide.

Pendant ce temps, des soldats reçoivent l'ordre de déplacer Sohan et de l'exposer dans une cellule au centre de la cour. Lucie trouve Keiji et lui demande de l'accompagner sans donner plus de détails. Ensemble, ils se dirigent vers la cellule où Sohan est retenu.

Arrivé sur les lieux, Sohan est nerveux, se demandant ce qu'il fait ici, exposé à la vue de tous, prisonniers comme Cérèsiens. Keiji interroge sa sœur sur le motif de sa présence en ces lieux.

— Je veux que tu maintiennes Sohan contre la table devant le mur, pendant qu'un soldat lui inflige une correction.

— Une correction ? Pourquoi ? demande Keiji.

Sans réponse, ce dernier, déconcerté, mais fidèle, obéit sans vraiment comprendre à quoi il s'expose. L'appréhension grandit à mesure qu'ils observent deux Cérèsiens préparer une longue tige de fer chauffée à blanc.

Soudain, l'évidence frappe Sohan :

— Non, mais tu as perdu la raison ? Si tu crois que je vais me laisser faire sagement, tu te trompes ! Lâchez-moi ! crie-t-il, secoué par la panique.

Un soldat réprimande Sohan en lui assénant un coup au visage :

— Ce n'est pas une façon de parler à notre reine !

Keiji, déboussolé dans cette agitation, n'est pas sûr de comprendre tout ce qui est sur le point de se produire.

— Attends, Lucie, c'est censé servir à quoi, ça ? questionne-t-il.

Avant qu'elle ne puisse répondre, Sohan redouble d'efforts pour se libérer, imposant à Lucie de le réprimer fermement, sous une pression grandissante.