50 ans en arrière - Chapitre I

12 0 0
                                    


--------------


Cérès, 50 ans en arrière...


--------------


— Adélia... À quelle réaction t'attendais-tu en m'annonçant cette nouvelle ? demande le prince Victor, ses yeux révélant une intensité inattendue. J'ai toujours été transparent avec toi... Tu étais donc consciente de la nature éphémère de notre liaison.

— Pour le moment vous n'avez pas de sentiments, mais peut-être qu'un jour...

— Non, l'interrompt-il promptement. Je suis navré si mon comportement a pu te laisser espérer une telle chose, mais cette relation que tu désires est illusoire... As-tu seulement envisagé un instant les barrières qui nous séparent ? Les terres de Cérès sont un refuge pour de nombreux étrangers mais ce droit d'entrée sur le sol est soumis à des règles strictes et non négociables, entre autres, l'interdiction de nous mélanger !

— Avec tout le respect que je vous dois, Prince Victor, c'est vous qui m'avez entraînée dans cette aventure... Vos origines et votre statut semblaient alors sans importance.

— Le bébé n'était pas prévu dans cette aventure ! J'ai vingt ans, je ne suis pas prêt pour ça, Adélia. Et mon père ne l'acceptera jamais. Il te tuera dès l'instant où il apprendra la nouvelle... Alors ce n'est pas discutable. Je suis désolé, mais tu ne pourras pas garder cet enfant. Je te mettrai en lien avec des spécialistes du royaume afin que cette épreuve te soit la moins douloureuse possible.

— Prince Victor... je n'ai aucune intention de renoncer à cet enfant...

— Adélia... Je crois que tu n'as pas bien saisi, je ne te demande pas ton avis.

— C'est votre héritier...

— Non ! Ça n'est pas mon héritier, et ça ne sera jamais le cas ! rétorque-t-il avec fureur.

Se sentant pris au piège, le prince s'échappe, décidant de tout révéler à son père. Le roi Erwin réagit sans attendre.

— N'as-tu rien d'autre à faire que de te distraire avec une roturière ? Qui plus est, une étrangère ! Es-tu conscient de la gravité de la situation, Victor ? Veux-tu reproduire les mêmes erreurs que moi avec ta mère ?

— Je n'ai pas l'intention de faire d'elle ma femme, ni de reconnaitre cet enfant, et peut-être auriez vous dû en faire autant si vous estimez mon existence comme étant une erreur, se braque-t-il.

—Ne me parles pas sur ce ton ! s'exclame le roi Erwin, ses traits crispés par l'agacement. Ta présence n'a jamais été remise en question, alors écarte cette idée de ton esprit. La seule chose que j'essai de te faire comprendre c'est qu'il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir supporter autant de responsabilité...

— Je m'excuse pour mon impertinence. Vous savez à quel point je suis réticent à parler de ma génitrice. Je saisis vos inquiétudes, mais je vous assure que je ne compte pas reproduire vos erreurs du passé. Cependant, je reconnais avoir fauté dans cette affaire, et je refuse d'accepter qu'Adélia soit condamnée à mort pour mes actions.

— Je condamne cette femme à l'exil, loin de Cérès, que le destin lui soit favorable ou qu'elle meure. Si elle revient, ou si j'apprends que tu tentes de la retrouver, je la tuerai moi-même, Victor...

— Ça n'arrivera pas, père, je vous en donne ma parole.

Après cette conversation, le roi et son fils, escortés par des soldats aux armures luisantes, se dirigent résolument vers le regroupement des réfugiés au cœur du désert de Cérès.

La force des liensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant