chap 11

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—Centrion, je présume, commence Lucie, sa voix empreinte de curiosité.

La jeune femme pivote rapidement et découvre avec étonnement que l 'invité qui occupait précédemment la place auprès d'elle a cédé sa place. Son interlocutrice n'est autre que la reine elle-même, la laissant momentanément sans voix.

Lucie sourit légèrement devant l'expression surprise de Centrion.

—Pourquoi cet air si étonné ? demande-t-elle d'une voix douce mais perspicace.

—Veuillez m'excuser, Votre Majesté... Je... je suis prise au dépourvu. Je ne m'attendais pas à avoir le privilège de vous rencontrer ainsi en face à face. Je suis bien Centrion.

—Eh bien, c'est chez moi après tout, et j'ai pour habitude d'aller à la rencontre des amis de mon fils, déclare Lucie. Je ne t'ai jamais vu auparavant. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Centrion hésite un instant et s'égare dans ses pensées :

Que répondre à cela ? A l'entrainement ? Non, impossible les siens sont privés... Et en dehors, j'ignore quel type de vie mouvementée le prince peut bien mener...

—Tu sembles intimidée... reprend Lucie d'une voix attentive.

—Pardonnez-moi votre Majesté. En fait, il m'arrive d'avoir des troubles de la mémoire et j'essayais de me rappeler de ce jour...

Les yeux de Lucie se rétrécissent, un sourire ironique aux lèvres.

—Hmm... Au temps pour moi, réplique-t-elle, sa voix teintée de scepticisme. Je pensais que tu cherchais une excuse pour dissimuler le fait que tu avais abusé de la naïveté de mon fils, pour ne pas dire abusé de lui tout simplement.

Centrion se fige soudainement, le regard fixé sur Lucie.

—A en juger par l'expression de ton regard, peut-être que finalement je n'étais pas si loin de la vérité, ajoute Lucie, les traits de son visage exprimant un mélange de déception et de sévérité.

—Votre Majesté, j'ai pleinement conscience de mes erreurs, et je suis prête à en assumer les conséquences... commence Centrion d'une voix empreinte de regret. Sachez néanmoins que je n'avais aucunement l'intention de manquer de respect à votre famille, ni même d'envisager quoique ce soit de malsain. Vous avez raison, j'étais désespérée par la situation du peuple sur Wok, au point d'en perdre toute raison. Sans réfléchir, je me suis offerte à votre fils et cela malgré ses réticences. Je ne suis pas fière de mon comportement, mais le Prince représentait mon unique espoir... Je n'avais d'autre choix que d'utiliser mon fluide sur lui pour le convaincre de m'emmener avec lui...

Lucie écoute attentivement, son expression devenant plus sérieuse.

— Je comprends la gravité de la situation sur Wok et les extrémités auxquelles cela t'a poussée, mais je ne te conseille pas de réitérer ce genre de stratagème, réplique-t-elle. Assure-toi simplement de ne plus franchir de limites qui pourraient compromettre ton avenir ici. L'intégrité de mon fils et le respect de notre famille sont des priorités absolues.

— Je vous assure que cela ne se reproduira pas. Le Prince Sanji et moi-même sommes restés simplement amis, sans ambiguïté. Je ne veux pas que notre brève liaison lui cause du tort. Il m'a sauvé la vie, et grâce à lui, j'ai su trouver mes repères et avoir une vie sociale ici... Je lui en suis infiniment reconnaissante...

—S'en prendre à un membre de la dynastie aurait pu te coûter cher. Mais mon fils a su te pardonner, alors pour cette fois nous passerons l'éponge... Peut-être que cette expérience lui servira de leçon après tout, ça lui apprendra de baisser sa garde si facilement...

— Vous n'avez pas l'intention de me punir pour cela ? s'étonne Centrion.

—Non. J'ai moi-même fait des choses regrettables pour atteindre mes objectifs, alors je ne juge pas sur les actes, mais sur la personne, et tu es quelqu'un de bien.

—Mais comment... ?

—Comment ais-je franchi ta barrière psychique sans même te mettre en alerte ? Ma maîtrise est simplement meilleure que la tienne, explique Lucie. Tes capacités pourraient nous être utiles contre le dirigeant de Wok. Je t'enseignerai à manier ce pouvoir, si tu le souhaites.

—Contre le dirigeant de Wok ? répète-t-elle déconcertée.

Lucie confirme :

—C'est bien ce que tu voulais non ? J'ai vu dans ton esprit les souffrances que tu as endurées ces dernières années sur Wok, et celles des Cérèsiens massacrés là-bas. Je ne resterai pas sans rien faire.

— Je vous suis reconnaissante pour votre soutient mais aussi de me donner une chance de rédemption, votre Majesté. Vous êtes un exemple de combativité, c'est un honneur de pouvoir combattre à vos côtés, je suis prête à utiliser mes pouvoirs pour mettre un terme à cette tyrannie.

—Bien, acquiesce Lucie. Alors parles-moi d'eux. Qui sont-ils ? Comment sont-ils ? Leurs points forts et leurs points faibles ? Je veux tout savoir.

Centrion commence à détailler :

—Tout d'abord, sachez que beaucoup de Cérèsiens font partie de l'armée de Siméon. Ils sont contraints de le défendre, sous peine de voir leur famille tuée sous leurs yeux.

Lucie fronce les sourcils, écoutant attentivement les informations.

—Les Wokiens ne disposent d'aucunes capacités particulières, continue Centrion. Leur atout réside dans leur capacité à transformer un métal ultra résistant qui ne se trouve que sous leurs terres : l'Orithril. Les soldats de bas régime en sont équipés uniquement au torse et à la tête, ils sont donc vulnérables. Siméon en revanche, en est équipé de la tête au pied, il sera difficile de l'atteindre. De plus, lorsqu'il porte un casque, il est impossible d'utiliser les contacts psychiques.

Lucie, de plus en plus intéressée, interroge :

—Comment se battent-ils concrètement ?

—Avec des armes forgées dans l'Orithril également. Les combattants au corps à corps utilisent des lames capables de trancher n'importe quelle matière. Ceux qui excellent dans les combats à distance ont des flèches en Orithril qui peuvent transpercer facilement notre corps. Les Cérèsiens sont généralement déployés pour combattre dans les airs, grâce à leur fluide.

—C'est bon à savoir, conclut Lucie. Je te remercie pour ces informations précieuses.

—C'est le moins que je puisse faire, Votre Majesté.

Alors que les deux femmes discutent, une annonce inattendue interrompt leur conversation.

Un petit coup de cuillère résonne dans la salle, attirant tous les regards.

À l'autre bout de la table, Sanji prend la parole :

—Votre attention, s'il vous plait. Je vous remercie tous d'être venus, de voir que vous êtes ici présent aussi nombreux, me fait plaisir. J'ai maintenant quelque chose d'important à vous annoncer...

Lucie, méfiante mais curieuse, retourne à sa place pour écouter son fils attentivement.

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