La force des liens

Chapitre XVI

Après un moment de silence Tarek, bras droit du roi Victor, reçoit des ordres avec une fermeté sans équivoque.

—Je n'ai aucun intérêt à discuter avec ce prince. Il n'y aura guère de préjudice à rendre. Mobilise la première division de l'armée du Nord, et renvoyez ces gens sur le champ !

—Ou devons nous les renvoyer ?

—Ou vous voulez, ce n'est pas mon problème, je n'ai pas l'intention de leur accorder le droit de rester, répond-il, sa voix résonnant avec une autorité incontestable.

—Entendu mon roi, j'y vais de ce pat.

Pendant ce temps, Othoïmé, l'épouse du roi, observe son époux avec acuité et discerne une tension évidente dans ses gestes et son silence.

— Que se passe-t-il, Victor ? Qui est ce Djak dont vous venez de parler ? demande-t-elle, une lueur d'inquiétude dans son regard perçant.

Victor détourne le regard, une ombre d'angoisse planant sur son visage.

—C'est une longue histoire, murmure-t-il, ses émotions à fleur de peau.

—Et j'ai tout mon temps, insiste-t-elle.

—Je n'ai pas envie d'en parler avec toi, réplique-t-il brusquement. Si tu veux des réponses, tu n'as cas essayé de venir les prendre toi-même...

—Non Victor, intervient Auron d'un ton calme mais ferme. Je t'ai dis qu'elle devait se reposer. Si la reine utilise ...

Othoïmé, troublée par la réaction défensive de son mari, lève la main dans un geste impérieux pour interrompre Auron, son regard fixé sur Victor.

—Je n'ai pas l'intention d'utiliser mes capacités sur toi, rétorque-t-elle d'une voix mesurée.. Mais c'est bien la première fois que tu m'invite à de telles extrémités, Cela montre à quel point cette chose que tu me caches te tourmente. Alors, libère ta parole. Si tu cherches à me protéger par ton silence, sache que de te voir dans cet état m'affecte tout autant. Réponds à mes questions et ne me laisse pas dans l'ignorance.

Face au silence persistant de Victor, le visage d'Othoïmé se durcit alors qu'elle s'adresse au soignant :

—Auron, pourriez-vous nous laisser seuls un moment ?

—Non, il peut rester, assure Victor, son regard empreint de culpabilité. Je n'aurais jamais du te provoquer, pardonne-moi, je vais tout te raconter. Auron est déjà au courant de tout, et je préfère l'avoir à nos côtés si tu devais te sentir mal après les révélations que je m'apprête à te faire... Ce que tu vas entendre risque de te choquer... Disons, que je n'ai pas toujours été très « correct » dans ma jeunesse, ni très tendre avec ce Djak... Mais je t'assure que la cruauté de mes actes pèse suffisamment sur ma conscience pour devoir en plus affronter ton éventuel jugement...

Othoïmé acquiesce, bien qu'inquiète son regard traduit sa détermination à découvrir la vérité.

Victor entame alors son récit aussi bouleversant qu'effroyable, en commençant par l'annonce inattendue de la grossesse d'Adélia, et dévoilant chaque détail avec une franchise brute de tous les évènements qui ont eu lieu de sa rencontre avec Djak jusqu'à sa séparation.

La surprise se peint sur le visage d'Othoïmé, choquée par la noirceur que recèle l'âme de son époux. Elle cherche désespérément à justifier cette facette barbare qu'elle n'avait jamais soupçonnée chez lui.

— Il est vrai que je t'ai connu bien plus modeste et raisonnable, regrette-t-elle. Alors dis-moi que tu n'avais pas beaucoup d'autre choix face à cet homme qui défiait ton autorité...