Chapitre LXXVII - Coupée du monde et face à un mur

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Mon corps lâche une première fois, je m'écroule sur le lit. Il s'arrête, il me laisse le temps de réflexion, me laissant dans le silence. Je suis totalement seule avec moi-même, avec mes douleurs cuisantes et surtout avec mes pensées. Je n'ai pas son regard auquel je m'accroche quand cela devient trop dur, trop lourd, mais là rien. Mon cerveau tourne à fond, encore ? Je craque, mais je sens que je ne suis pas encore à point, il me faut toujours plus pour pouvoir m'ouvrir, pour pouvoir lâcher totalement prise, pour lui dire mes peurs, mes doutes, pour qu'il puisse me foutre son coup de pied au cul qui fait mal, qui me met souvent plus bas que terre, qui me terrasse, qui me fait du mal sur le coup... Mais jamais il ne me laisse au plus bas, ce n'est pas le but de la manœuvre. Il va me sortir ce qui ne va pas, puis prendra sur le relais de ce qui va bien. Je me redresse, poussant sur mes bras et mes jambes, reprenant ma position, ne sachant pas ce qu'il m'attend. Je souffle un bon coup, tremblante, je patiente pour le prochain instrument qui va me pousser à bout. Le martinet s'abat sur mes fesses, la douleur me déchire, je pousse un cri. Là je suis sûre de moi, la douleur et les lanières sont reconnaissables facilement. Il multiplie les coups, en les laissant groupés sur le dos. Ils s'abattent ne me laissant guère de répits, mon corps me cuit de partout. Je pleure, je gémis mais il n'a aucune pitié. Je sais que je n'ai qu'un seul mot à dire et il arrête, mais pour le moment je résiste, je tiens le coup, le choc, mon mental s'enfonce mais mon corps résiste. Je serre les dents. Il n'y va pas de main morte et la tension est au maximum, je ne sais jamais où le prochain coup va tomber. Je ne peux pas tenter de l'éviter, je ne peux que subir, et c'est très intense. Je pleure, des sanglots de plus en plus gros m'envahisse, et lui, il reste toujours silencieux. Il prend un malin plaisir à me surprendre, à faire des mini-pauses et reprendre, sans que je m'y attende. Il s'attaque à mon clito qui s'emballe. Je gémis de plaisir, il me fait partir dans tous les sens. Le martinet claque, et plus mon plaisir monte, je vibre à son rythme. Je continue à pleurer et à trembler, je cède de plus en plus. Je sens que mes forces me quittent, je tremble de tout mon corps, mes nerfs se relâchent entièrement. Je m'écroule en lâchant un "Soumission" qui se veut déchirant. Mon corps est parcouru de sanglots, je n'ai même pas la force d'enlever les masques. Il me donne encore quelques claques, pour avoir le dernier mot. Je suis terrassée sur le lit, il vient me libérer de mes masques. Il me regarde pleurer, comme toujours sans aucune pitié, mais aussi je sais qu'il ne me juge pas et que je peux lui dire ce que je veux, sans aucun jugement possible de sa part. Je laisse mes pleurs continuer. Cela fait du bien, ça libère, ça soulage. J'ai du mal à stopper mes pleurs, je me libère déjà un petit peu de mes nerfs. Il me demande « Alors qu'est ce qu'il se passe ? » Je lui réponds toujours cette réponse terrible pour moi « Je n'avance pas, je n'arrive pas à me lancer. Je bloque. Je n'arrive pas à admettre que je ne peux pas avancer aussi vite dans ma vie qu'en soumission ! ». La soumission va si vite ! Je réalise tout ce que je veux, tout ce qu'il m'impose mais au niveau pro et personnel je suis frustrée. Il me trouve dure avec moi-même et me dit avec un petit sourire complice « La grosse merde n'est pas loin hein ? » Je ne peux que confirmer, je suis bien loin de ce que j'aimerais être. Je trouve le chemin bien long et me demande beaucoup de patience. Je suis dévastée. Je ne pensais quand même pas être dans cet état là avant cette épreuve. Il me dit « Tu ne vois vraiment pas tout ce que tu a parcouru ? ». À mon grand désespoir je ne vois pas, je reste dans cette position à ne pas vouloir voir que je bouge, que mes progrès sont énormes. Je me demande si un jour je vais arriver à passer cette étape. Il me dit « Tu vas voir avec ce que je vais te demander de faire, tu te rendras vite compte que tu as des capacités... ». Je me demande ce qu'il me prépare.Après une grande pause pour que je reprenne mes esprits et me calme complètement, nous passons en version pro, nous allons développer mon projet professionnel. J'ai une grande passion dans la vie, à part la soumission, ce sont les chevaux. Je suis dedans depuis toute petite et je me sens bien à parler d'eux, des races, des soins, de l'environnement. J'ai décidé d'évoluer dans ce domaine et, à ma grande surprise, il a tout de suite adhéré à l'idée, pensant que c'est un marché porteur. Nous avons réfléchi à ce que nous pourrions en faire et un projet a germé. C'est surtout lui qui a travaillé dessus pour l'instant car ça demande des connaissances informatiques pour jeter les bases. Maintenant c'est à moi de jouer. Il m'a prévenu « Moi je crée le programme mais ça n'a aucune valeur s'il n'y a pas une experte derrière, je peux écrire les process mais tu dois donner toutes les infos de manière codifiée pour le programme tourne ». J'avoue que jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas trop compris ce qu'il voulait dire, mais là je crois qu'il va me mettre au pied du mur. J'ai une peur bleue de le décevoir, de ne pas être à la hauteur de ce projet énorme. Au fond de moi, je l'espère, je le souhaite, il va me permettre de devenir enfin sûre de moi, et enfin devenir maître de ma vie. Il me dit « Allez ! Faisons la pause travail, comme ça tu auras tout le temps que tu souhaites pour me poser toutes les questions que tu vas avoir ! ». Il me dit ça comme ça, moi je pense « Mais c'est si dur que ça ce qu'il va me demander ? ». Je sais que c'est un travail sur ordinateur, et là je doute de mes capacités, de ma concentration que de la réussite. Je ne suis pas faite pour ça, lui ne le sait pas encore mais moi je le sais. Le pauvre il va tomber de haut quand il va s'en rendre compte. Il est confiant cela me laisse souvent perplexe, il croit tout le temps en moi, je pense que c'est bien le seul. Nous nous installons sur le canapé, chacun sur notre ordinateur. Il me dit « Allez ! Je commence à t'envoyer le premier tableau ! ». Je le reçois, l'ouvre. Ma première réaction en moi, oh mon Dieu il est fou ! Je vois plein de colonnes, des dizaines ! Et aussi des lignes ! Je le regarde avec une moue désespérée, là c'est plus du sado masochisme, nous passons à la torture mentale. Il faut que je remplisse tout ça ? » Il confirme, passe du temps à m'expliquer le contenu de chaque colonne, de chaque ligne, le pourquoi, en ce qu'il veut que je fasse. Je dois remplir ces colonnes avec des chiffres et que je vais devoir arriver à des résultats ! Je prends le temps de regarder ce fameux tableau, là tout passe par ma tête, il est dingue ! Il m 'en demande trop ! il me dit « N'oublie pas de me poser toutes les questions que tu veux... ! Je me concentre, et il rajoute « ne t'inquiètes pas ! Tout ne sera pas parfait dès le départ, et au plus de corrections nous devrons faire, plus je te corrigerai bien sûr ! » Je le regarde... Il rigole ? Il est sérieux ? Il a son petit sourire coquin... Bon au moins ça aura permis que je me détende un peu. Mon ventre qui a une grosse boule, se détend aussi. J'arrive à comprendre finalement assez vite où il veut à peu près en venir. Ça reste, encore, un peu compliqué dans ma tête, mais je progresse. Je sens que je peux y arriver, tout est logique, il suffit de transposer ce que je connais en chiffre de 1 à 4 et de le porter dans le tableau. Lui se met sur ses mails, et moi ben je commence mon travail. Je suis vite déconcentrée par de petites choses, un jeu qui me donne une notification, je me cache pour aller voir, je ne pense pas qu'il soit dupe mais ne dit rien. Il me laisse le temps d'apprivoiser la bestiole. Je lui pose quelques questions, je comprends vite le système. A ma grande surprise, ce n'est pas très compliqué en fait, surtout au départ. Nous sommes complices, nous poussant un peu du genou ou de l'épaule. Je me surprends réellement, pendant qu'il bosse de son coté, j'analyse, mon cerveau se met en route. Je ne suis pas encore totalement confiante en mes capacités à mener à bout ce travail et, surtout, je me demande combien de temps cela va me prendre, mais nous sommes à l'aube du COVID et le temps ne va finalement pas me manquer.

Eva soumise et heureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant