Chapitre 120

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Il me guida hors de la piste de danse puis dans un coin calme où il me vola un baiser.

Je retins mon souffle. Ce baiser n'avait rien à voir avec les précédents. Il était plein de fougue, d'envie et m'empli d'une sensation de chaleur, comme si mon corps irradiait. Mes mains glissèrent le long du dos de Nate jusque dans ses cheveux. Il sourit contre mes lèvres et me rapprocha de lui plus encore. Je fis durer ce contact aussi longtemps que possible et c'est finalement lui qui me libéra, à bout de souffle. 

- Wow.. souffla-t-il, le regard plein de surprise. Si je m'attendais à ça ..

Son sourire s'élargit davantage en me voyant rougir. Il caressa ma bouche avec son pouce et un frisson me parcouru.

- Je pourrais t'embrasser des heures durant, sourit-il.

Sans prendre le temps de répondre, je me mis sur la pointe des pieds et l'embrassais de nouveau. Il prit mon visage entre ses mains et me rendis ce baiser avec délicatesse. 

Un bruit non loin de nous nous interrompis. J'entrepris aussitôt d'arranger mes cheveux et Nate m'imita. Je m'apprêtais à m'éloigner mais il m'attrapa par le bras. 

- Ne me quitte pas si tôt, me supplia-t-il avant de me donner un baiser chaste, je te dois encore un verre. 

Je lui souris et lui pris le bras pour rejoindre la salle de bal. 

Les flûtes de champagnes s'enchaînaient, la soirée passait à une vitesse folle et Nate ne m'avait pas quitté un instant. Il plaçait parfois sa main dans le bas de mon dos lorsqu'il me présentait à des personnes qui venaient le saluer et je me surpris à apprécier cela. Pour moi il n'était que Nate, et j'oubliais vite qu'il était en fait le Prince héritier de sa Seigneurie. Tout comme Logan, il était constamment en représentation et devait maintenir de bonnes relations avec les personnes qui nous entouraient. 

Une femme élancée à la démarche assurée s'approcha de nous. Ses cheveux bruns étaient remontés en un élégant chignon qui laissait paraître ses longues boucles d'oreille en forme d'étoile filante. Ses yeux se verrouillèrent sur Nate. Ils étaient du même vert que lui et je sus immédiatement de qui il s'agissait.

- Maman, fit celui-ci avec un signe de tête. Annie, je te présente ma mère, Mary Isabel Wellington.

- Votre Grâce, fis-je avec une révérence. C'est un plaisir de faire votre connaissance. 

- Plaisir partagé, répondit-elle simplement en me jaugeant du regard. Je ne senti aucune animosité mais elle m'inspecta tout de même de la tête aux pieds. Pourrais-je vous emprunter mon fils, très chère ? Mon mari est en pleine discussion avec quelques députés et semble avoir besoin des lumières de mon Nathanaël.

- Je ne suis pas certain qu'il l'entende ainsi, mère. 

- Vous savez aussi bien que moi que votre père est trop fier pour son propre bien. 

Il s'apprêtait à la contredire de nouveau mais s'interrompit quand je posais ma main sur son avant-bras. Sa mère entrouvrit la bouche mais ne dit rien.

- Ce n'est rien Nathanaël, fis-je doucement quand j'eus attiré son attention. Je suis certaine que ton père saura apprécier ta présence à ses côtés.

- Nous étions en pleine conversation, protesta-t-il en posant sa main sur la mienne.

- Tu m'as tenu compagnie pendant bien longtemps. Je devrais aller saluer encore quelques personnes avant que la soirée ne touche à sa fin, insistais-je. Tu peux y aller.

- Je... Il jeta un regard à sa mère puis se pencha pour ne s'adresser qu'à moi. Peut-être vais-je sembler sot, mais j'espère avoir la chance d'apprendre à mieux te connaître, Annie.

Je levais prestement la tête vers lui. Mieux me connaître ? C'est également ce que je désirais, une chance d'apprendre à mieux le connaître. Je lui souris sans trop savoir quoi lui répondre.

- Resteras-tu au Palais jusqu'au nouvel an comme prévu ? 

- Je l'ai promis à Logan oui, confirmais-je.

- Voilà qui m'enchante. Nous nous reverrons bientôt ! Bonne soirée Annie, dit-il avec un baisemain. 

- Bonne soirée mademoiselle, me salua sa mère avec un drôle de sourire. 

- Votre Grâce, fis-je avec une nouvelle révérence. 

Ils s'éloignèrent et je les observais un instant interagir. Cette femme avait beaucoup de tendresse pour son fils, c'était évident, mais les choses semblaient quelque peu tendues entre eux. Et j'avais la drôle d'impression que cela avait quelque chose à voir avec le père de Nate. 

Je discutais avec quelques personnes çà et là, la Directrice avait insisté sur l'importance de se mêler à la foule lors d'un tel évènement et de commencer à se créer un réseau. A mesure que j'avançais dans la pièce je croisais des visages souriants et des personnes venaient me saluer sans même me connaître. Enfin je ne les connaissais pas mais elles savaient parfaitement qui j'étais. Je fus surprise mais compris rapidement que tout ceci était dû à Logan. Depuis mon apparition dans sa suite je remarquais que les personnes étaient plus attentives, gentilles et attentionnées avec moi. Je n'étais pour ainsi dire pas à l'aise avec tout ceci mais je savais que je devais faire avec, et je saurais m'y habituer peu à peu. 

Je parcourais régulièrement la salle du regard à la recherche de Lucas. J'espérais qu'il était encore ici et qu'il ne pensait pas que je cherchais à l'éviter. J'avais senti l'urgence qu'il avait de me parler et je comptais bien le trouver pour avoir cette conversation. Je pensais cela quand j'aperçu Johann Dinler au milieu de la foule. Je m'arrêtais net. Il avait dit l'avoir quitté, n'est-ce pas ? Pour autant, quelle était la probabilité qu'ils se retrouvent à la même soirée par hasard ?  Lucas apparu alors dans mon champ de vision, deux verres à la main, et lui en tendit un. 

Je les observais, immobile et confuse. Elle lui caressa le bras et chuchota quelque chose qui le fit rire. Je fronçais les sourcils. M'avait-il menti ?  Ses yeux s'écarquillèrent un peu en me voyant et je fis volte-face sans même y réfléchir. Je n'étais tout à coup plus certaine d'avoir envie de lui parler. Lucas avait toujours eu le don de me troubler, d'occuper mes pensées et de me laisser me poser mille questions dans mon coin. Mais pas cette fois, je ne me laisserai pas entraîner de nouveau dans cette spirale infernale. Je me faufilais entre les invités jusqu'à la porte menant aux jardins et sortis sans penser au froid.

- Annie ? Attend s'il te plait.

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant