GraceBlacke

Chapitre 50 | Confessions

Le Service se termina, Alex et Sean quittèrent la scène sans un regard dans notre direction. 

Sur le chemin du retour je dus supporter les éloges que Céline se faisait à elle-même, parce que le Prince lui avait souri. Il lui avait souri. Et alors ? Je ne comprenais pas pourquoi cela avait autant d'importance pour elle...

En arrivant à l'Institut Audrey et moi nous sommes assises sur un banc de la petite place alors que les autres retournaient vaquer à leurs occupations. Je vérifiais que tout le monde était rentré avant de me lancer :

- J'ai l'impression que quelque chose m'échappe...

- Comment ça? demanda aussitôt Audrey, intriguée.

- Céline ne cesse de célébrer depuis le Service, pourquoi ? 

- Heu... parce que le Prince lui a souri ! Elle l'a répété tellement de fois que tu aurais due le retenir, plaisanta-t-elle. 

- Oui, mais je suppose que cela doit arriver plutôt souvent, non? Je veux dire, des jeunes filles dans le public qui le saluent, il doit forcément leur répondre...

- Non... Enfin, on assiste toujours à ses interventions, mais habituellement il est très concentré, solennel. Les filles ont du se sentir flatter que son regard dévie vers nous aujourd'hui, surtout en ce moment! Mais pas moi, je suis persuadée qu'il te regardait...

- Où vas-tu chercher de pareilles idées ? manquais-je de m'étouffer.

- Il te regardait, et Sean aussi, je ne suis pas aveugle Annie.

- Peu importe, éludais-je. Qui a-t-il de spécial en ce moment ?

- Tu sais, parfois j'oublie que tu es nouvelle et que tu ne viens pas d'ici. Il faut dire que tu t'es bien intégrée! Il y a pas mal de rumeurs concernant la famille royale qui circulent dans le Royaume. On raconte depuis quelques temps que le Prince serait peu à peu mis de côté, qu'il prendrait moins part aux décisions qui concernent le Royaume.

- J'en ai entendu parler, oui. Mais quel est le rapport avec un groupe de jeunes filles qui assiste aux déclarations publiques ?

- Parmi ses rumeurs, il y en a une particulièrement persistante à Europa. Elle jeta un rapide coup d'œil aux alentours et chuchota.  Il se murmure qu'il serait possible qu'il ne puisse pas monter sur le trône à sa majorité, comme prévu initialement, à moins qu'il ne se soit marié avant son 21e anniversaire...

- Mais la majorité est à 21 ans. Il devrait donc se marier avant même d'être majeur ?

- Tout à fait. 

- C'est ridicule enfin ! Il est le fils légitime de ses parents, l'héritier du trône !

- Oui mais ce sont les régents qui ont gouverné ses 10 dernières années. Et apparemment le fait d'être le dernier des GraceBlacke lui fait perdre de sa crédibilité. S'il est marié, sa ligné perdurera. Et il se trouve justement que le bal annuel pour l'anniversaire du Prince approche, il fêtera ses 20 ans...

- Oh... Donc le Prince devrait se marier dans l'année pour espérer être couronner, voilà qui s'annonçait particulièrement difficile pour lui. Quoique, qui refuserait d'épouser un Prince? Je vois, c'est pour ça que les filles...

- Elles n'arrêtent plus depuis qu'elles en ont entendu parler. Je ne peux pas vraiment les en blâmer mais ça tourne parfois à l'obsession, comme aujourd'hui. Elles s'imaginent, comme beaucoup d'ailleurs, que le prince profitera de ce bal pour choisir sa future épouse, et qu'il pourrait s'agir d'une roturière.

- Une roturière ?

- Une fille qui n'est pas noble, qui n'est pas de sang royale.

- Une fille qui pourrait, par exemple, être à l'Institut ?

- Exactement. Bien qu'aucune de nos camarades ne le formule à haute voix, il est clair que certaines d'entre nous nourrissent de grands espoirs !

- Toi aussi ?

- Non Annie, sourit-elle, pas moi. Et quand bien même, je n'aurais pas la moindre chance face à une fille comme toi...

- Pardon ? demandais-je, surprise. Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Que le prince t'a déjà repéré ! dit-elle en riant. Que tu peux très bien être celle qu'il choisira.

- N'importe quoi, je ne lui ai parlé qu'une seule fois ! me défendais-je. 

Elle arqua un sourcil et sourit, l'air satisfait. J'avais réussi à éviter le sujet depuis le début de notre conversation mais je venais d'admettre que j'avais rencontré le Prince.

- Une fois de plus que nous toutes ! rit-elle.

- Cette rencontre n'avait rien d'extraordinaire Audrey...

- Raconte la moi, j'en jugerais par moi-même.

Je m'apprêtais à céder lorsque j'aperçus Estelle au coin de la rue. En arrivant à notre hauteur elle s'adressa directement à moi :

- Maintenant je suis prête. Je vais tout t'expliquer.