Chapitre 132

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Je poussais la lourde porte sans attendre et fut surprise de trouver Nathanaël allongé sur l'une des banquettes près de la fenêtre.

Il tourna vers moi un regard humide et je fus décontenancé. Pleurait-il ? Si oui, il ne tentait pas de le cacher.

Je fis un pas en avant, puis un pas en arrière.

- J-je peux revenir plus tard...

Il reporta son attention sur le plafond et essuya la larme qui glissait sur sa joue. Il pleurait bel et bien.

- Il y a assez de place pour nous deux, dit-il alors que je m'apprêtais à quitter la pièce.

- Tu es sûr ? Je ne voudrais pas...

- C'est bon, dit-il simplement en se redressant.

Il se passa les mains sur le visage pour reprendre contenance et s'appuya nonchalamment sur le rebord de la fenêtre, fixant le spectacle passionnant que celle-ci semblait offrir.

Je l'observais un instant depuis l'entrée, il me tournait le dos et je pouvais clairement voir ses épaules s'affaisser. J'étais venu ici pour une raison toute autre mais maintenant que je me trouvais seule avec lui et que je le voyais en proie à une telle tristesse j'avais envie de lui remonter le moral, ou du moins d'essayer. Je voulais lui parler, entendre sa douce voix, le voir sourire, le faire sourire, et voir ses yeux verts pétiller de nouveau.

Mes jambes me guidèrent jusqu'à la banquette sans que je ne leur demande et sans y penser je m'assieds à ses côtés, les yeux fixés sur l'extérieur. Je le vis m'observer du coin de l'œil mais ne réagis pas. Je cru apercevoir un petit rictus se former sur ses lèvres alors qu'il reprenait sa contemplation silencieuse.

Je dois dire que je pris un certain plaisir à admirer la nature qui s'étendait sous mes yeux. Des oiseaux voletaient allègrement alors que les branches se mouvaient sous le vent qui poussait les nuages au loin.

- Je crois que tu dois un verre à Logan, tentais-je finalementaprès de longues minutes de silence.

- Tu es au courant, grimaça-t-il en me faisant enfin face.

- J'ai veillé à ce que Logan ne se blesse pas, le malheureux tentais de ramasser les bris de verre sans précaution.

- Merci.

- Arf, plaisantais-je, quelqu'un doit prendre la révèle quand tu es en congé.

Il eut un petit rire qui me réchauffa le cœur.

- Tu revoilà, soufflais-je.

Il battit plusieurs fois des cils.

- Je ne crois pas être parti bien loin, si ?

Il semblait troublé par cette conversation mais il souriait faiblement et ses yeux avaient retrouvé de leur éclat.

Ehbien pas physiquement non, mais j'ai bien vu que quelque chose ne va pas et ... J'hésitais à poursuivre mais il attendait simplement que je termine. Cela ne me regarde peut-être pas mais si tu as besoin de parler de ce qui te perturbe je sais écouter.

- Je préfère autant éviter.

- D'accord, si tu as besoin de moi je serais quelque part par-là, dis-je simplement en indiquant les allées sur ma droite avant de m'y rendre.

Je ne voulais pas qu'il se sente obligé de se confier sur quoique ce soit, pour autant, après seulement quelques minutes, il se matérialisa au bout de la rangée de livres que je passais en revue. Il avait tenté de remettre un peu d'ordre dans sa tenue en rentrant sa chemise dans son pantalon et en retroussant ses manches. Il m'apparaissait ainsi bien plus composé.

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant